dimanche 15 juillet 2012

Oscar de la meilleure actrice 1937

Au programme:

* Irene Dunne - The Awful Truth
* Greta Garbo - Camille
* Janet Gaynor - A Star is Born
* Luise Rainer - The Good Earth
* Barbara Stanwyck - Stella Dallas

Le comble, c'est que sur ces cinq actrices, seules les deux dont la carrière fut la moins intéressante ont eu l'heur d'être oscarisées, laissant leurs trois très grandes rivales sur le carreau. Et c'est d'autant plus frustrant que Luise Rainer avait déjà gagné l'année précédente et qu'elle a probablement dû sa seconde victoire plus aux stratégies de la MGM et à son maquillage qu'à un émerveillement absolu de l'industrie. D'ailleurs, l'actrice elle-même estimait ne pas devoir gagner lors de cette soirée, aussi avait-elle prévu de rester chez elle, bien qu'un Louis B. Mayer influent la forçât à faire le déplacement à l'hôtel Biltmore pour chercher son prix. Voilà qui lui permit néanmoins de devenir la toute première personne à recevoir deux Oscars dans les catégories d'interprétation et, sans être la plus méritante, on ne peut que se féliciter qu'elle soit toujours là pour nous le rappeler. 

Toutefois, j'imagine que la concurrence contre Rainer fut très rude. Déjà, il est fort possible qu'avec toutes ses nominations A Star is Born ait concédé à Janet Gaynor un socle de voix assez solide, bien que sa victoire dix ans plus tôt n'ait probablement pas fait d'elle une candidate trop dangereuse. Concernant Irene Dunne, il ne faut sans doute pas négliger le succès de The Awful Truth qui permit notamment à Leo McCarey d'être nommé pour l'Oscar du meilleur réalisateur pour cette comédie au détriment de son drame Make Way for Tomorrow. De surcroît, l'actrice en était à sa troisième nomination, ce qui je suppose a dû jouer en sa faveur. Concernant Barbara Stanwyck et Greta Garbo, j'imagine que leur réputation et leurs deux rôles tragiques ont vraisemblablement fait d'elles les front runners cette année, même si l'absence de nominationoutre les rôles féminins pour Camille comme pour Stella Dallas a sans doute bien aidé Luise Rainer qui, elle, pouvait se targuer de surfer sur la reconnaissance de son film par la profession. Mais là encore, ce ne sont que pures suppositions de ma part, et bien malin qui pourra dévoiler la vérité quant à l'ordre d'arrivée des actrices lors du décompte des voix. Néanmoins, il est à peu près certain que plusieurs critiques s'indignèrent de la défaite de Garbo et que la victoire de Rainer fut une sorte de choc, notamment pour Barbara Stanwyck, d'autant que personne ne pensait alors qu'on pouvait réoscariser une actrice qui avait déjà gagné.

Et pour ma part, ça donne quoi?

Je retire:

Luise Rainer - The Good Earth: Je peux comprendre que voir une actrice germanique grimée en paysanne chinoise a probablement impressionné les électeurs, et l'on mettra à son crédit ses efforts pour composer son personnage, courbant la tête en permanence afin de bien rappeler le passé d'esclave d'O-Lan, au point qu'on y croit totalement sur le plan physique en dépit du maquillage prononcé. Malheureusement, ça n'en fait pas une grande performance pour autant, d'une part parce qu'à force de parler avec une voix traînante pour bien marquer la fatigue d'une héroïne qui se tue à la tâche, elle en vient à ennuyer très rapidement, et d'autre part parce qu'il n'y a aucune gradation dans sa démarche. En effet, à force de toujours parler de cette même voix monocorde épuisée jusqu'à l'extrême, elle ne fait jamais la différence entre la paysanne au labeur, la mère en couches, la malade et la mourante, et lorsqu'elle agonise dans la dernière séquence, elle a l'air tellement dans la lignée des scènes précédentes qu'on a vraiment l'impression d'avoir eu une moribonde sous les yeux pendant deux heures et demie. Dès lors, le personnage n'est pas vraiment intéressant, et sa négation de soi presque systématique finit par agacer. A vrai dire, même lorsqu'elle essaie de montrer son mécontentement face à la nouvelle concubine, ou d'empêcher qu'on vende la terre, elle manque cruellement d'énergie, d'où l'impression, à trop forcer dans l'apathie, qu'elle récite ses répliques sans grande conviction. En outre, lorsqu'elle se décide à être enfin plus expressive qu'à l'accoutumée, elle peine à convaincre, depuis sa voix de fillette pour s'extasier sur la beauté de son enfant, "a beeeeautiful child" à la séquence de mendicité atrocement jouée où l'on comprend pourquoi personne ne prête attention à ses grimaces exacerbées. Néanmoins, certains passages m'ont davantage séduit, en particulier le pillage du temple où ses yeux écarquillés reflètent bien la peur et la tension extrême d'une telle séquence, et ceux où elle fait bien comprendre qu'O-Lan a un peu de volonté au fond d'elle. Malheureusement, une chape d'inertie pèse trop fortement sur cette performance pour qu'on s'y intéresse vraiment.


Ma sélection:

Irene Dunne - The Awful Truth: L'une des meilleures comédies américaines jamais réalisée ne pouvait rêver mieux comme héroïne: Irene Dunne qui, dès son entrée en scène dans un gigantesque manteau de fourrure blanche, montre qu'elle est bien décidée à faire marcher ses talents comiques à plein régime pour notre plus grand plaisir. D'emblée, ses échanges avec Cary Grant font des merveilles, chacune de leurs répliques étant encore plus jubilatoire que la précédente, sans compter que la très grande connivence entre les deux acteurs est l'une des choses les plus réjouissantes qui soit. Ainsi, c'est un pur bonheur de voir Irene se jouer de son époux avant de se lancer à son tour dans une périlleuse entreprise de reconquête comique, avec en point d'orgue cette scène drôlissime dans un salon du New York aristocratique, dans laquelle l'héroïne se fait passer pour une chanteuse vulgaire bien décidée à arracher un Cary visiblement embarrassé des griffes d'une riche héritière. Et puis il y a bien sûr ces scènes très touchantes  dans un chalet montagnard qui permettent aux acteurs de briller comme jamais et de laisser le film se clore en apothéose. Décidément, tout est vraiment génial dans cette screwball comedy presque parfaite: j'adore!


Greta Garbo - Camille: La Divine dans la peau d'un personnage mythique et flamboyant immortalisé par toutes les formes d'art, ça devait forcément faire des étincelles. D'ailleurs, c'est dans ce film que j'ai découvert Garbo à l'écran et force est de reconnaître que ce fut une très bonne entrée en matière. Evidemment, le clou du spectacle réside dans toutes les grandes scènes lyriques où Marguerite doit affronter les affres d'un amour contrarié, mais ce que j'ai préféré dans cette performance, c'est surtout la naissance des sentiments de l'héroïne envers Armand. Elle se montre ainsi fabuleusement dynamique et enjouée lors de leur rencontre à l'opéra si bien qu'on croit parfaitement à cette courtisane certes généreuse mais peu prompte à s'attacher trop longtemps à un homme. Et puis, voilà qu'elle tombe éperdument amoureuse, de quoi valoir à Garbo de magnifiques instants où elle fait preuve de romantisme sans oublier de conserver un certain humour sur sa situation. Toutes ces scènes formidablement interprétées conduisent dès lors à une seconde partie plus tragique dans laquelle l'actrice confine au divin en femme aimante et mourante. Et si l'on ajoute que son apparition, un bouquet de camélias à la main, est d'une magnificence rare, on a bien la preuve qu'il s'agit à nouveau d'une très grande performance de la Divine. Du grand art.


Janet Gaynor - A Star is Born: Autant je n'avais pas aimé l'actrice dans ses premiers rôles au temps du muet, autant je la trouve absolument géniale ici. En effet, j'aime beaucoup ce personnage de jeune femme menue qui tente de percer dans un milieu difficile: d'ailleurs, certains critiques ont beau vous dire qu'elle manque de charisme, ce n'est pas vrai. Bien sûr, elle n'a pas la gnaque d'une Katharine Hepburn tentant sa chance à Broadway, mais ça ne l'empêche nullement d'accrocher le regard et de ne plus le lâcher jusqu'à la fin. De surcroît, elle se montre à la fois très drôle et très émouvante dans tout le film si bien qu'elle se tire à merveille de ce rôle très riche, sans compter que sa grande complicité avec Fredric March m'a beaucoup plu. Et puis, cerise sur le gâteau, rien n'est plus jouissif que de voir une petite chose toute mignonne imiter Mae West: c'était risqué, mais le rendu est très bon. Quoi qu'il en soit, j'ai trop d'affection pour ce rôle pour ne pas le sélectionner. A vrai dire, je préfère même cette approche du personnage à celle donnée par Garland 17 ans plus tard, et je reste d'ailleurs convaincu qu'il s'agit du meilleur rôle de Gaynor, et donc de la meilleure occasion de lui accorder une nomination.


Barbara Stanwyck - Stella Dallas: Dans un rôle potentiellement casse-gueule, Barbara Stanwyck réussit l'exploit d'interpréter une mère sacrificielle sans jamais tomber dans le piège du mélodrame. Pour commencer, elle se révèle extrêmement convaincante aussi bien en jeune fille pauvre mais déterminée qu'en mère de famille célibataire. D'ailleurs, le producteur lui-même avait tout d'abord refusé le rôle à Stanwyck de peur qu'elle soit trop jeune pour incarner une figure maternelle, mais c'était oublier à quel point l'actrice pouvait se sortir de n'importe quelle situation avec brio. C'est ainsi qu'elle se montre absolument déchirante dans toutes les scènes avec sa fille, et ce à grand renfort de regards tout à fait subtils qui parviennent à faire oublier les atours outranciers qu'on lui a imposés. Et la crème de la crème, c'est cette scène finale énorme dans laquelle Stanwyck est tout simplement renversante et qui, après de multiples visionnages, ne laisse pas de me faire verser des larmes en abondance. Vraiment, l'un des meilleurs women's pictures qu'il m'ait été donné de voir, et ce en très grande partie grâce à son interprète principale. L'actrice estimait d'ailleurs qu'il s'agissait de son meilleur rôle et, s'il m'est difficile d'être d'accord au regard du génie dont elle a fait preuve pour tous ses autres personnages, je suis le premier à reconnaître qu'il s'agit d'une interprétation absolument brillante.


Ginger Rogers - Stage Door: Si Katharine Hepburn est parfaitement brillante dans le même film en se jouant de sa propre réputation et en déclinant tout la gamme des émotions de A à... Z, ma préférence va tout de même à Ginger Rogers dont les reparties sont elles aussi absolument jubilatoires et qui sous une apparence un peu rude cache en fait une grande sensibilité. Elle non plus n'a pas une position facile dans la pension puisque si elle est assez populaire auprès de ses collègues, elle doit tout de même faire face à une Gail Patrick toujours aussi délicieusement odieuse, avant d'entrer dans un jeu dangereux que lui impose un Adolphe Menjou tout puissant. On comprend donc qu'elle soit constamment sur ses gardes et fasse toujours attention à ne pas se laisser marcher sur les pieds, d'où ses répliques cinglantes envers Hepburn à la seconde où celle-ci entre en scène. Toutefois, sous ce vernis de jeune artiste en difficulté, Rogers incarne un personnage irrémédiablement sympathique qui est toujours là pour soutenir ses amies ce qui, ajouté à sa forte personnalité, me fait vraiment apprécier cette héroïne. Mais s'il fallait ne retenir qu'une chose de sa performance, ce serait surtout ses regards phénoménaux devant Hepburn sur les planches: toute la complexité de ses relations avec sa colocataire est formidablement exprimée par son visage serré par l'émotion, de quoi laisser une très bonne impression.

Voilà donc cinq grandes performances qui font de 1937 une très bonne année bien que je regrette vivement de sacrifier Hepburn. Mais honnêtement, impossible d'enlever une de mes candidates à son profit, même si sa performance et celle de Rogers sont complémentaires. Mais alors que la première se trouve dans son élément, il me semble davantage judicieux de mettre en exergue la seconde pour un rôle tranchant légèrement par rapport à ses personnages traditionnellement 100% comiques. Quoi qu'il en soit, cette année se joue de toute façon entre Dunne, Stanwyck et Garbo, avec un certain avantage pour...

Irene Dunne - The Awful Truth

Dans l'absolu, l'actrice qui m'éblouit le plus cette année reste la brillantissime Greta Garbo pour le rôle le plus lumineux de sa carrière, mais Irene Dunne n'a toujours pas de prix dans ma liste et 1937 reste le meilleur moment pour la récompenser. Parce que d'une part The Awful Truth est bien parti pour gagner dans d'autres catégories principales, et qu'il serait tout à fait injuste de laisser l'actrice sur le carreau, mais aussi parce qu'Irene est absolument irrésistible et phénoménale dans son propre registre, au point qu'elle mérite tout autant la première place que ses deux grandes rivales tragiques. Dès lors, Garbo se classe seconde et Stanwyck troisième, mais qu'il est difficile de départager ces trois actrices dans trois sommets indépassables! Vient ensuite Janet Gaynor pour son plus beau rôle, de quoi laisser Ginger Rogers fermer la marche.

Et pour finir, la minute Sylvia Fowler suivant le classement des performances...

dignes d'un Oscar : Irene Dunne (The Awful Truth), Greta Garbo (Camille), Janet Gaynor (A Star is Born), Barbara Stanwyck (Stella Dallas): preuve que 1937 est vraiment un très bon cru, et qu'il est d'autant plus dommage que les politiques en vigueur ait empêché l'une de ces excellentes performances de rafler le trophée suprême.



dignes d'une nomination : Beulah Bondi (Make Way for Tomorrow): parce qu'elle rend admirablement toute la dignité de ce couple âgé. Katharine Hepburn & Ginger Rogers (Stage Door): voir ci-dessus. Miriam Hopkins (Wise Girl): parce que personne ne marche aussi bien accroupi, et parce que la scène du bain est vraiment énorme. Rosalind Russell (Night Must Fall): on a beau lui préférer Robert Montgomery et May Whitty, sa performance sur le mode de la suspicion reste également très bonne.


séduisantes : Jean Arthur (Easy Living), Claudette Colbert (I Met Him in Paris), Bette Davis & Olivia de Havilland (It's Love I'm After), Marlene Dietrich (Angel), Miriam Hopkins (Woman Chases Man), Carole Lombard (Nothing Sacred) (True Confession): autant de rôles comiques plus ou moins charmants, mention spéciale à Olivia de Havilland qui parvient à vous décrocher la mâchoire juste en dévoilant un sourire béat derrière son journal. Joan Crawford (The Last of Mrs. Cheyney): sympathique, mais pas son plus grand rôle. Bette Davis (Marked Woman): une interprétation très honorable mais à des lustres de ses succès futurs. Marlene Dietrich (Knight Without Armour): concrètement, elle ne fait pas grand chose puisqu'elle se repose constamment sur Robert Donat, mais avouons que sa fuite à travers la Russie tourmentée nous tient en haleine jusqu'au bout. Greta Garbo (Conquest): entre Camille et Ninotchka, un rôle moins brillant qu'à l'accoutumée pour la Divine. Jeanette MacDonald (Maytime): l'héroïne est peut-être agaçante jeune, elle devient absolument sublime en vieille dame pleine de grâce.


sans saveur : Luise Rainer (The Good Earth): voir ci-dessus. Claudette Colbert (Maid of Salem): un rôle qui manque cruellement du dynamisme qui fait le charme de l'actrice ailleurs.




à découvrir : Jean Arthur (History is Made at Night), Bette Davis (That Certain Woman), Kay Francis (Confession), Luise Rainer (Big City), Sylvia Sidney (You Only Live Once), Anna May Wong (Daughter of Shanghai), Jane Wyatt (Lost Horizon)



grandes performances en langue étrangère : Si vous voulez profiter d'un bon film sur la Chine avec des personnages dignes d'intérêt, je vous recommande chaudement Zhou Xuan dans Malu tianshi: honnêtement pas son meilleur rôle, mais un film déterminant dans sa carrière cinématographique et musicale (Tian Ya Ge Nu): à voir sans hésiter. 



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7 commentaires:

  1. ''[Barbara Stanwyck] estimait d'ailleurs qu'il s'agissait de son meilleur rôle et, s'il m'est difficile d'être d'accord au regard du génie dont elle a fait preuve pour tous ses autres personnages...''

    Tous ses autres personnages? Tu inclus donc la très méchante Martha Ivers et Lulu la bibliothécaire exsudant l'érotisme. Intéressant.

    On pourrait aussi parler de Lorna Moon la manageuse intermittente et de Ann Mitchell la journaliste qui disparaît après une très bonne première moitié de film, mais l'actrice reste ici impeccable et le problème est ailleurs.

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  2. J'ai peu de souvenirs de Forbidden mais en ce qui concerne Martha Ivers, Barbara n'est nullement en cause, le problème étant le film en lui-même qui préfère se consacrer aux insupportables Van Heflin et Lizabeth Scott avant de sombrer dans une très mauvaise parodie de Double Indemnity. Et puis bon, Martha Ivers n'est qu'une petite tache sur une filmographie exemplaire, donc on pardonne volontiers à Barbara!

    A part ça, j'espère que tu es contente de la grande gagnante de l'année! Et j'attendais plus une réaction de ta part sur les stars de Stage Door que sur Barbara Stanwyck à vrai dire! Comme quoi...

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    1. Maintenant que j'ai vu Stella Dallas, je peux répondre en toute connaissance de cause et faire la tant attendue remarque sur les deux stars de Stage Door.

      Prises individuellement, Ginger Rogers et Katharine Hepburn livrent de bonnes performances et bénéficient de répliques savoureuses. Mais, comme tu le fais très justement remarquer, ce sont essentiellement leurs interactions qui nourrissent ce film et lui donne toute sa qualité. Il me semble donc impossible de gratifier une actrice plutôt qu'une autre, d'autant plus que ces deux rôles ne fonctionneraient pas en solo.

      Et surtout, il y a une énorme ravine de talent entre les performances dans Stage Door et les trois autres films dans ta compétition.

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    2. Pour moi aussi, tout se joue entre Irene Dunne, Greta Garbo et Barbara Stanwyck; avec victoire assurée de la Divine, talonnée par Stanwyck puis Dunne (bien qu'il m'ait été très difficile de trancher entre les deux). Cependant, je ne pense pas qu'il y ait une "énorme ravine de talent" entre elles et les deux stars de Stage Door: Hepburn comme Rogers crèvent l'écran, et même si elles jouent quasiment leur propre rôle plutôt que de composer un personnage qui ne leur correspond pas dans la vraie vie, il n'empêche que le rendu est très bon.

      Et s'il est vrai que Stage Door fonctionne très bien grâce aux interactions entre les deux stars, le film n'en reste pas moins excellent même quand Hepburn et Rogers sont dans deux bulles séparées: les interactions Ginger Rogers/Gail Patrick, les rapports que les héroïnes entretiennent tour à tour avec Andrea Leeds, mais aussi les dialogues entre les autres actrices au premier rang desquelles Eve Arden; voilà autant de très bonnes scènes (certes bien moins développées) à mettre au crédit du film. En somme, le choix de mettre en lumières les deux stars les plus attendues était plus que judicieux, mais le fait de ne pas se baser exclusivement sur elles ajoute encore à la qualité du film.

      Décidément, mon seul regret pour 1937, c'est de ne pouvoir caser Janet Gaynor.

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    3. A propos, je me suis enfin décidé à réintégrer Gaynor dans ma sélection, de quoi décaler Hepburn en 1938 et par conséquent Colbert en 1939, d'où me changement de catégorie pour Russell. Et même s'il est quelque peu étrange de laisser Rogers toute seule pour Stage Door, ces changements me satisfont finalement mieux que mes choix d'origine.

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  3. Ah l'avis était bien là, c'est vrai, la fameuse question de Dunne et de son oscar se posait déjà ici !

    Bon je crois que, définitivement, tu aimes les battantes et le registre appuyé du sentimental, au moins pour les interprétations/personnages te laisse froid.

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    1. Je pense que mon vrai problème avec le registre sentimental, c'est que je n'ai jamais beaucoup aimé les personnes qui se plaignent publiquement, les personnages qui geignent et les acteurs qui prennent bien soin d'indiquer qu'il faut les plaindre à tel ou tel moment. Je n'ai rien contre l'expression du sentiment, mais j'aime la retenue. A vrai dire, j'ai horreur de montrer mes propres sentiments, sauf pour amuser la galerie, et ça doit se ressentir dans mon appréciation des personnages de fiction.

      A brûle-pourpoint, je n'ai pas d'exemples qui me viennent en tête, mais si je tombe sur un personnage de "perdant", qui ne se bat pas pour s'en sortir, mais dont les sentiments s'expriment avec retenue, je peux l'apprécier dans une certaine mesure. Mais dans l'absolu, volonté et retenue restent des armes de choix pour monter dans mon estime.

      En matière d'interprétation, la comparaison Luise Rainer / Irene Dunne vient ici à point nommé, et je préférerai toujours Irene qui se retient de montrer ses larmes au spectateur dans Back Street, à Luise qui claironne: "Regardez! Je m'effondre sur mon lit en disant que j'étais sûûûûûre que Ziegfeld allait me revenir! Veuillez pleurer, s'il vous plait!"

      D'ailleurs, je me demande ce que pensait Dunne des victoires de sa rivale. Dans un sens, elle devait savoir qu'elle ne partait pas favorite pour le trophée (Rainer et Garbo devaient être les front runners, respectivement en 1936 et 1937), mais être battue deux fois par une actrice au type de jeu si différent, et bien moins subtil, c'est assez pour laisser un goût amer à mon avis.

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