dimanche 18 novembre 2012

Oscar de la meilleure actrice 1950

Pour bien commencer la décennie, les Oscars sélectionnèrent un bon cru, de quoi faire oublier le spectre de l'horrible année 1949. Les heureuses élues furent ainsi:

* Anne Baxter - All About Eve
* Bette Davis - All About Eve
* Judy Holliday - Born Yesterday
* Eleanor Parker - Caged
* Gloria Swanson - Sunset Boulevard

Mettons les choses au clair. Il est d'usage de dire que la victoire de Judy Holliday fut une surprise inattendue, et que tout devait se jouer entre Bette Davis et Gloria Swanson, la première devant théoriquement gagner si la présence d'Anne Baxter dans la liste n'avait capté de précieuses voix. Comme je l'ai lu sur d'autres sites, il convient de nuancer cette analyse, qui est semble-t-il plutôt consécutive au statut légendaire acquis par les performances de Davis et Swanson par rapport à celle de Holliday. Je ne nie cependant pas que déjà, à l'époque, All About Eve et Sunset Blvd eurent un énorme impact, mais force est de reconnaître que l'attribution du prix à Judy Holliday s'inscrivait pleinement dans la logique des choses. En effet, celle-ci avait fait forte impression dès ses deux premiers films, via le soutien de Katharine Hepburn, au point qu'elle fut nommée pour rien moins que... 3 Golden Globes en 1950! On la retrouvait ainsi dans la catégorie second rôle pour Adam's Rib, où elle perdit face à Josephine Hull, mais également dans les catégories meilleure actrice Drame et meilleure actrice Comédie, et ce pour le même rôle dans Born Yesterday. Favorisée de la sorte par ce système pour le moins curieux, elle remporta le Globe Comédie (Born Yesterday étant tout de même davantage une comédie, si l'on excepte la scène où Billie se fait tabasser par Broderick Crawford), de quoi laisser Swanson remporter le Globe Drame. C'est dire, dès lors, si Judy Holliday semblait incontournable cette année-là, ce qui joua incontestablement en sa faveur.

J'imagine néanmoins que ses concurrentes lui donnèrent du fil à retordre, et que si l'année est autant discutée, c'est bien parce que Davis et Swanson menacèrent très certainement Holliday. En terme de prix précurseurs, Swanson avait l'avantage sur Davis puisqu'elle avait gagné le Globe et le prix du National Board of Review. En outre, sa prestation dans Sunset Blvd fit beaucoup parler, au point qu'une partie de la profession comme Barbara Stanwyck s'inclina devant elle, tandis que les directeurs des grands studios comme Louis B. Mayer fulminèrent de voir le système hollywoodien ainsi décrypté. C'est d'ailleurs probablement le caractère brut de cette performance qui empêcha Swanson de battre Judy Holliday, dans la mesure où les Oscars ont toujours préféré les rôles plus traditionnels répondant mieux à des normes attendues. Sans compter que Swanson revenait après une éclipse de 20 ans, alors que les jeunes actrices fraîchement débarquées à Hollywood sont toujours bien plus privilégiées les soirs de remises de prix. De son côté, Bette Davis connaissait elle aussi un mini come-back, puisqu'après avoir été snobée par les Oscars depuis 1944 et n'avoir pas retrouvé de rôle à sa mesure dans la deuxième moitié des années 1940, elle revenait triomphante avec un rôle phare faisant tout à fait honneur à son statut légendaire. Mais elle ne put elle non plus empêcher la victoire de Judy Holliday, probablement moins à cause d'Anne Baxter qu'à cause de l'historique de sa propre carrière: elle avait dépassé la quarantaine, avait déjà deux Oscars au compteur et ne bénéficia que du prix de la critique new-yorkaise avant la cérémonie.

Enfin, il ne faut pas non plus négliger Anne Baxter qui dut sans doute récolter un nombre de voix assez conséquent, et eut accessoirement bien raison d'être nommée en tant que premier rôle, vu l'importance de son personnage dans le film. Quant à Eleanor Parker, j'imagine que son portrait fort de femme emprisonnée parvint également à marquer les esprits. Quoi qu'il en soit, voilà un cru qui fait beaucoup parler et qui me semble tout à fait légitime, même si je vais apporter une modification de taille de mon côté.

Je retire:

Judy Holliday - Born Yesterday: Dans le fond, je l'aime bien, et je suis content que ses talents comiques aient été reconnus, mais elle reste tout de même la moins intéressante de la sélection. Pour commencer, le film a beau être effectivement amusant, ce n'est clairement pas le meilleur Cukor et en toute honnêteté, les protagonistes ont tous tendance à m'ennuyer assez vite. Du coup, ça s'en ressent un peu sur les acteurs, et si Judy est forcément bien plus mémorable qu'un insupportable Broderick Crawford, mon coup de cœur va tout de même à William Holden, le seul qui compose un personnage crédible de bout en bout, et qui soit assez humain pour ne pas être une simple caricature. Car le grand problème avec Judy, c'est qu'il reste précisément bien difficile de s'enthousiasmer pour un personnage aussi creux, quoique la peinture soit réussie, le plus ennuyeux étant surtout qu'on sent difficilement l'évolution de Billie. En effet, alors que celle-ci est censée gagner en libre-arbitre et en intelligence, l'actrice reste égale à elle-même dans la seconde partie, si bien qu'on ne perçoit que très mal le changement qui s'est opéré dans l'esprit de l'héroïne, et à ce titre, sa voix nasillarde ne joue vraiment pas en sa faveur. Après, il faut reconnaître qu'on passe tout de même un bon moment en sa compagnie, mais ça s'arrête là, et sa performance sympathique ne méritait tout de même pas d'être récompensée par un Oscar.


Anne Baxter - All About Eve: Ce n'est généralement pas la performance la plus appréciée au sein du film, mais de mon côté, j'ai longtemps été convaincu. Il faut dire que lors de mon premier visionnage dans mon adolescence, alors que je n'avais lu aucun synopsis sur le sujet, j'ai entièrement cru à Eve telle qu'elle est présentée par l'actrice. Je me suis donc totalement laissé prendre au piège dès le départ, aussi le déroulement de l'intrigue à son propos fut plus que jamais marquant pour moi. A présent que je connais le film par cœur, je reste tout à fait séduit par la prestation d'Anne Baxter, qui en durcissant le personnage au fur et à mesure rend parfaitement l'évolution d'Eve, dont l'ambition est déjà palpable au tout début, et qui n'oublie pas de faire rejaillir l'insécurité liée à la nature même de son rôle lorsque les masques tombent, notamment devant George Sanders. Cependant, après avoir revu le film une énième fois aujourd'hui, je dois avouer que sous la séduction, quelque chose fonctionne de moins en moins dans le personnage. En fait, lorsque Eve interpelle Karen dès les premières minutes du film, et déballe son histoire avec un flot de modestie un peu trop appuyé, j'ai l'impression d'entrevoir déjà les ficelles de l'héroïne, et j'ai de plus en plus de mal à croire que les autres protagonistes puissent se laisser berner si longtemps. Malgré tout, je pense toujours qu'il s'agit d'une bonne performance portée par l'énorme charisme d'Anne Baxter, mais je comprends à présent les critiques qui peuvent lui être faites pour ce rôle. L'année étant surchargée de prestations iconiques, il me faut donc me résoudre à l'enlever de ma liste, mais à regret étant donné qu'il lui reste plein de grands moments dans ce chef-d'oeuvre.


Ma sélection:

Bette Davis - All About Eve: Par où commencer? Là, on parle de la plus grande actrice du monde dans le rôle de la plus grande actrice fictive, donc forcément, le rendu ne pouvait être que mythique et un éblouissement de tous les instants. D'ailleurs, j'ai bien peur de ne pas savoir trouver les mots pour décrire l'admiration que j'éprouve pour sa Margo Channing, à moins d'employer à son égard tous les superlatifs qui me viennent à l'esprit: superbe, ultime, suprême... telle est la performance de Davis dans ce chef-d'oeuvre absolu. Le côté diablement humain de la star, le côté divinement capricieux de la femme, l'inquiétude visible quant au sentiment d'avoir fait entrer le loup dans la bergerie, les interrogations sur l'âge, le couple, la carrière et la féminité qui en découlent, les rapports avec chaque membre du casting, le mythique "Fasten your seatbelts, it's going to be a bumpy night!"... Bref, tout, vraiment tout, est une réussite absolue dans ce rôle en or, et bien peu d'actrices peuvent se targuer d'avoir atteint quelque chose d'aussi sublime dans leur art, ce qui me fait dire qu'on tient là, peut-être, la plus grande performance que je puisse nommer dans ma liste, au risque de tuer le suspense. Mais vraiment! Davis est explosive, son interprétation est évidemment d'une extrême cohérence, et chaque moment pris à part est en soi un véritable morceau de bravoure. J'ai lu quelque part que certains ont pu regretter l'absence de Claudette Colbert qui aurait pu, selon eux, apporter plus d'authenticité au rôle, mais je pense personnellement que Margo méritait d'être traitée exactement à la manière de Davis, avec cet air de diva très prononcé qui lui sied à merveille. C'est ce qu'on ressent notamment au début, lorsqu'une Margo surmaquillée écoute l'histoire d'Eve avec un visage à la fois compatissant et supérieur, n'hésitant pas à surjouer un peu avec son ressenti, de quoi donner la plus parfaite des entrées en matière qu'on puisse imaginer pour un tel personnage. Et sa façon de toujours se montrer comme en représentation tout en essayant de paraître composée est vraiment éblouissante. Bref, All About Eve est vraiment le sommet de Bette Davis, ce qui veut dire beaucoup.


Eleanor Parker - Caged: Caged est le film par lequel j'ai découvert Eleanor Parker, et je fus d'emblée séduit par le personnage comme par l'actrice, avant qu'elle ne finisse par s'imposer comme la plus grande interprète des années 1950 dans mon panthéon personnel, tant son charisme et sa versatilité ont su rendre toutes ses performances absolument fascinantes. Son rôle de jeune femme banale emprisonnée pour ses mauvaises connexions n'échappe pas à la règle, et peut d'ailleurs se targuer le luxe de compter parmi les trois plus grands exploits de l'actrice. Pour commencer, Marie Allen est le genre d'héroïne pour laquelle on ne peut qu'avoir beaucoup de sympathie, puisque tout en restant relativement sobre quoique intense, Parker se révèle si lumineuse qu'on souhaite ardemment la fin de son enfer. Par ailleurs, on sent extrêmement bien l'évolution depuis la jeune femme complètement dépassée par les événements à la prisonnière endurcie façonnée par son séjour derrière les barreaux. L'actrice fait ainsi naître le désabusement et la nervosité sur son visage, de quoi contribuer à faire de ce portrait fort une performance des plus réussies, au point de bien faire ressentir à quel point l'héroïne étouffe dans un environnement de plus en plus insoutenable. En fait, cette interprétation compte de nombreux morceaux de bravoure, au premier rang desquels la bataille que livre l'actrice avec sa geôlière-bourreau qui vient l'attaquer dans les moindres recoins de sa dignité, sans oublier le passage où elle se fait raser le crâne, séquence où ses yeux suggèrent son immense détresse. Il n'y a peut-être que la fin où Parker est un brin trop dure dans son jeu, mais autrement, le portrait est magnifiquement brossé, surtout dans la façon qu'à l'actrice de souligner comment Marie apprend à ses servir de ses atouts pour survivre dans ce milieu. On se sent vraiment pris au piège avec elle, et le début du film, où l'héroïne révèle déjà son fort potentiel de caractère sous sa douceur, est probablement ce que je préfère dans le tout. La nomination est évidemment plus que méritée.


Gloria Swanson - Sunset Boulevard: Tout à l'heure, je parlais de la plus grande actrice du monde pour la plus grande actrice fictive à propos de Davis, mais de fait, cette phrase pourrait tout aussi bien s'appliquer à Swanson dans cet autre chef-d'oeuvre absolu du septième art. Evidemment, le registre est ici très différent puisque à la différence de Margo Channing, le temps de Norma Desmond est révolu depuis bien longtemps, ce qui explique sans problème sa façon particulièrement outrancière de réagir à chaque seconde. Et bien entendu, ce jeu sur "l'over the top" est le bon choix puisque Norma est tout droit sortie des années 1920, époque à laquelle les stars du cinéma étaient tout autant des actrices que des reines. Or, Norma n'a jamais pu se résoudre à accepter la fin de cette époque, si bien que le jeu paroxystique de Swanson sied bien à ce personnage, même si en toute honnêteté, je pense qu'elle en fait parfois trop, et que dans le fond je suis assez d'accord avec Marion Davies lorsqu'elle disait du rôle que tout de même, les stars de l'époque n'en étaient pas à ce point là. Disons qu'il en résulte une impression de sécheresse qui empêche par moments d'embrasser totalement cette performance, bien que l'actrice donne tout ce qu'elle ait pour humaniser Norma dans une poignée de regards touchants. Mais ce qui rend son travail vraiment bon, c'est surtout qu'elle ne se contente pas de présenter une femme vivant uniquement dans un monde clos puisque avant la scène finale où Norma plonge définitivement dans la folie, la star a encore conscience d'un certain degré de réalité dans sa vie, et c'est justement la façon qu'a Swanson de révéler de multiples déceptions tout en se réfugiant dans des caprices qui achève de faire entrer cette performance dans la légende. Par ailleurs, j'admire d'autant plus Gloria qu'il lui a fallu beaucoup de courage pour oser se parodier de la sorte car, et ce n'est un secret pour personne, le rapprochement actrice/personnage est constamment latent. Cerise sur le gâteau, elle imite très bien Chaplin. En somme, il y a un petit quelque chose de trop marqué qui me bloque a minima, mais la puissance volcanique et iconique de Swanson reste évidemment digne de tous les éloges.


Claudette Colbert - Three Came Home: Si vous n'avez pas aimé le trop sentimental Paradise Road qui imposait des répliques aberrantes à des actrices de génie, regardez Three Came Home, et admirez ce que peuvent faire des acteurs tout aussi géniaux avec des personnages qui ne se réduisent pas à des caricatures. Colbert domine ainsi un très bon casting et son jeu naturel est extrêmement bien adapté à ce personnage d'épouse de notable qui se retrouve emprisonnée dans un camp japonais. Elle fait ainsi naître l'inquiétude sur son visage mais n'oublie pas de se départir d'un certain humour (voir notamment la séquence où des prisonniers viennent réveiller la maisonnée des dames), et elle réussit également l'exploit de révéler à la fois de l'espoir et du désespoir tout au long du film, parfois à quelques secondes d'intervalle, comme le souligne parfaitement la toute fin du film. En réalité, Colbert enchaîne elle aussi les morceaux de bravoure, avec en point d'orgue ce passage absolument marquant et haletant où elle prend le risque de sortir en pleine jungle afin de parler un moment avec son mari, et autant dire qu'avec tous les bruits environnants et le visage angoissé de l'actrice lors de son escapade, on en a vraiment le souffle coupé. En somme, il s'agit d'une nouvelle réussite de la part de Colbert, bien que ce succès se payât au prix fort: blessée pendant le tournage, elle fut contrainte de décliner le rôle de... Margo Channing. Et malgré tout mon amour pour Colbert, je ne peux pas dire que je le regrette, car je ne vois vraiment personne d'autre que Davis en Margo. Quoi qu'il en soit, Three Came Home reste vraiment l'un de ses plus beaux rôles dramatiques, et j'en profite également pour attirer votre attention sur l'excellente alchimie que l'actrice crée avec Sessue Hayakawa, les deux héros entretenant une sorte de respect de teinté de méfiance qui rend leurs compositions d'autant plus savoureuses. Pour moi, on est dans la même lignée que Since You Went Away, avec un surplus d'émotions tragiques dans lesquelles l'actrice peut allègrement puiser pour étoffer cette performance incontournable de sa belle carrière.


Gloria Grahame - In a Lonely Place: Je dois le confesser même si ça risque d'être douloureux à entendre, mais il se trouve que je ne suis tellement pas fan d'Humphrey Bogart qu'il m'a fallu un bon moment avant de visionner In a Lonely Place. J'ai finalement cédé, et bien m'en a pris car, si je suis toujours totalement insensible au héros bien que ce soit l'un de ses rôles les plus intéressants, j'ai eu l'occasion de découvrir une éblouissante Gloria Grahame dans toute sa splendeur, dans l'une de ses plus grandes performances. Cerise sur le gâteau, elle tient ici un premier rôle et c'est vraiment elle qui porte le film, aussi me voyez-vous très heureux de lui offrir une nomination dans cette catégorie. Pour commencer, elle en impose rien que par sa présence, et non contente de faire l'entrée en scène la plus classe possible, elle sait aussi comment user de ses regards pour se faire servir sans qu'elle ait besoin d'en dire plus. Son charisme est donc énorme, et Grahame donne si formidablement la réplique à Bogart qu'elle fait oublier Bacall dans la seconde, allant jusqu'à faire regretter que ce ne soit pas elle qui ait tenu les rôles de Mrs. Bogart dans les années 1940. Mais ce n'est pas tout, car Grahame ne se contente pas d'être simplement charismatique, elle livre bien entendu une grande interprétation toute en nuances, et fait évoluer le personnage de façon très cohérente. Pour ce faire, elle use d'un timbre grave un brin désabusé, renforcé par sa manie de garder les mains dans les poches, tandis que ses regards pétillants suggèrent une attirance pour son voisin sous le couvert d'une attitude a priori indifférente. Sa complicité avec Bogart lui permet en outre d'étoffer son registre en se montrant sincèrement heureuse, avant que le doute ne vienne s'emparer d'elle, auquel cas l'actrice sait très bien comment rester digne tout en exprimant un désarroi de plus en plus profond. Grahame colle donc parfaitement à la tonalité du film qui veut faire primer la violence intérieure sur la violence physique et, cerise sur le gâteau, l'actrice n'oublie pas d'être excessivement drôle dans sa manière de remettre son partenaire à sa place. Le rôle n'est peut-être pas encore aussi puissant que sa Debby de The Big Heat, mais on s'en approche à grand pas.

Bien. Vous avez donc compris que, toute mythique l'année 1950 soit-elle, l'une des performances se détache vraiment pour s'imposer comme le rôle ultime, et sans doute comme le plus bel hommage qu'une actrice ait pu faire à sa profession. J'ai donc le plaisir de vous présenter la grande gagnante du millénaire, j'ai nommé... 

Bette Davis - All About Eve

Tout est dit. Et certes, j'ai pendant longtemps essayé de faire gagner Swanson pour cette année, et je maintiens que la diva est une immense actrice qui aurait mérité un voire plusieurs trophées depuis ses rôles muets plus que savoureux à son come-back étincelant dans le plus grand chef-d'oeuvre de Wilder, en passant par ses délicieuses comédies du début des années 1930. Malgré tout, j'ai toujours préféré Bette Davis en 1950, et Margo Channing est en définitive une performance tellement plus humaine et nuancée que je ne peux vraiment pas ne pas voter pour elle. Bette Davis est donc incontestablement et définitivement ma grande lauréate de l'année, et pour consoler Swanson, je ferai remonter mes Orfeoscars dans les années 1920 afin qu'elle puisse en rafler quelques-uns. Je me demande d'ailleurs si je n'aurais pas préféré Pola Negri dans le rôle de Norma Desmond, mais je suis très heureux que Swanson ait pu rester dans les mémoires grâce à cette performance. Quoi qu'il en soit, 1950 est l'année Bette Davis, personne ne peut la détrôner. Sur ce, je laisse Gloria Swanson à la seconde place pour son rôle iconique, auquel elle s'est livrée avec un très grand courage, avant de classer la divine Eleanor Parker troisième pour le tour de force qui l'a révélée. Gloria Grahame prend quant à elle la quatrième place pour l'une des plus brillantes compositions de films noirs, ce qui contraint Claudette Colbert à fermer la marche malgré son excellent rôle héroïque et poignant qui aurait également remporté la statuette n'importe quelle autre année. Ces cinq performances font en tout cas de 1950 l'année la plus forte qu'il m'a été donnée de traiter jusqu'à présent, avec 1939 et 1941. En espérant que d'autres années m'enthousiasmeront de la même manière à l'avenir.

En guise de conclusion, la liste des performances que Sylvia Fowler classerait comme:

dignes d'un Oscar : Bette Davis (All About Eve), Eleanor Parker (Caged), Gloria Swanson (Sunset Boulevard)




dignes d'une nomination : Anne Baxter (All About Eve), Claudette Colbert (Three Came Home), Gloria Grahame (In a Lonely Place): voir ci-dessus. Eleanor Parker & Patricia Neal (Three Secrets): à choisir entre les deux, je dirai que c'est Patricia Neal qui l'emporte, tant elle est touchante et charismatique, mais Eleanor Parker en jeune femme plus discrète et naïve n'a nullement démérité. Mais tout ce même, Patricia Neal est mon sixième choix pour cette année, et si la concurrence avait été un peu moins rude, elle serait entrée sans problème dans ma sélection. On la retrouvera plus tard, qu'on se rassure.


séduisantes : Lauren Bacall (Young Man with a Horn): sous réserve d'un nouveau visionnage, mais d'après mes lointains souvenirs, cette Lauren glaciale à souhait m'avait bien plu. Joan Crawford (The Damned Don't Cry): le film a de très nombreuses limites, mais l'héroïne campée par l'actrice m'a toujours beaucoup marqué. Judy Holliday (Born Yesterday): peut-être pas très bien calculé, mais indéniablement plaisant. Deborah Kerr (King Solomon's Mines): parce qu'elle prend bien soin de développer la dimension psychologique du personnage quand bien d'autres auraient pu se contenter d'un joli safari dans la savane.


sans saveur : Marlene Dietrich & Jane Wyman (Stage Fright): un Hitchcock très inégal auquel les actrices ne parviennent pas à donner un peu de piquant. Barbara Stanwyck (The File on Thelma Jordon): aucun souvenir. Jane Wyman (The Glass Menagery): une approche du personnage que je n'ai pas su apprécier.


ratées : Joan Fontaine (Born to Be Bad): "Bonjour, c'est moi, Christabel Caine. Je suis la grande méchante du film, aussi vais-je m'introduire à Joan Leslie en lui lançant des regards de grande méchante, tout en parlant comme une grande méchante. Mais... Ah? Je n'étais pas censée lui révéler tout ça dès le départ? Oups."


à découvrir : Elizabeth Taylor & Joan Bennett (Father of the Bride), Celeste Holm (Champagne for Caesar), Patricia Neal (The Breaking Point), Micheline Presle (Under My Skin), Barbara Stanwyck (The Furies)



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