samedi 30 novembre 2013

Help!

Dans la série "films dont je ne sais que penser", je voudrais...

By Tate Taylor

Considérée comme l'une des productions les plus importantes de 2011, The Help ne me faisait pas du tout envie à l'origine, principalement à cause de son titre français aux relents niaiseux. Mais finalement, mon amour des castings féminins et la présence de Jessica Chastain dans la troupe m'ont conduit à céder à la tentation.

Résultat : l'expérience me laisse totalement perplexe. D'un côté, le film m'a énormément diverti, quitte à utiliser des recettes faciles (la confrontation Allison Janney / Bryce Dallas Howard est par exemple fort jouissive mais franchement convenue), et je n'ai absolument pas vu passer les 2h20 de fiction. En outre, tous les personnages ont réussi à m'intéresser à un moment ou un autre, et la plupart des performances étaient effectivement à la hauteur de leur réputation. Mais... s'il est facile de se laisser porter par l'histoire le temps du visionnage, les réflexions qui s'ensuivent font place à une réalité bien plus en demi-teinte, la première impression qui ressort étant que l'oeuvre souffre d'un énorme problème de scénario. En effet, quel est l'intérêt de reléguer les deux personnages les plus importants (les bonnes) au rang de seconds rôles pour centrer la narration sur Skeeter, certes très importante dans l'avancement de l'action, mais dont la vie privée nous intéresse quand même bien moins que le quotidien difficile d'Aibileen et Minny? Et pourquoi n'a-t-on pu accorder une place plus conséquente à ces dernières sur une durée de film aussi longue? Il paraît que c'est exactement la même chose dans le livre, mais ça reste à mon avis un écueil qui aurait pu être corrigé lors de la transposition à l'écran. Notons au passage que le fait que l'héroïne soit blanche ne me pose pas de problèmes dans la mesure où de tels personnages auraient très bien pu exister, même si je comprends que, connaissant Hollywood, certains se soient interrogés sur le côté "donnons-nous bonne conscience" de l'intrigue. Mais ce qui m'ennuie surtout, ce sont toutes ces séquences pas forcément cohérentes sur la vie sentimentale de Skeeter, toutes basées sur des éléments qui n'apportent rien à la narration ni à la psychologie de l'héroïne, ce qui se fait au détriment des protagonistes que j'avais davantage envie de voir à l'écran. A vrai dire, à force de tirer dans trop de directions à la fois, le film finit par moments par perdre de vue son sujet principal, même si certaines intrigues plus périphériques ont vraiment su m'intéresser.

Pour le reste, c'est bien filmé sans que la réalisation mérite de véritables louanges, mais plutôt que vous parler technique, je préfère passer en revue les principaux personnages afin de pouvoir mieux éclaircir mon ressenti.


Prenons tout d'abord Emma Stone (Skeeter), le seul vrai premier rôle du film, mais aussi le personnage le plus problématique. Comme je le disais plus haut, elle est essentielle à l'histoire, mais son histoire personnelle l'est moins. Or, si d'un côté on peut se féliciter que le film rectifie le tir du poncif "c'est parce qu'elle n'a pas de boyfriend qu'elle se bat pour des causes progressistes", puisqu'elle ne lâche jamais son combat même une fois casée, il n'empêche que ses rapports sentimentaux avec Stuart manquent bien trop de cohérence pour nous faire croire que ça avait un quelconque intérêt pour l'intrigue. En effet, Emma Stone nous offre le revirement de situation le plus spectaculaire qui soit en acceptant finalement l'invitation à dîner du beau "fils de" alors qu'elle a simplement l'air de s'ennuyer à mort en sa compagnie, d'autant que l'actrice ne suggère à aucun moment une quelconque attirance pour celui-ci. En clair, la seule chose qui pouvait intéresser chez Skeeter était son refus de se plier aux conventions, mais comme elle finit par céder sans difficultés et, pire, sans convictions, elle en vient à perdre toute saveur. Et c'est bien dommage, car autrement, sa personnalité peine à captiver, tant elle est banale sous sa gentillesse. Par ailleurs, Emma Stone a une fâcheuse tendance à rater ses plus grandes scènes à force de grimaces en tous genres, ce qui déçoit terriblement après sa captivante apparition en mode Louise Sawyer.


Bien plus digne d'intérêt est l'Aibileen de Viola Davis, injustement délaissée dans une grande partie du film alors qu'on aurait préféré la voir davantage en scène. Que Skeeter, plus à même d'être publiée, fasse avancer l'histoire, oui, mais pourquoi toujours placer Aibileen dans une situation de dépendance vis-à-vis d'autrui, alors qu'on la sent dès le début assez ferme pour pouvoir agir par elle-même? J'admets que l'émancipation d'Aibileen aille moins vite que celle de Minny par rapport à ses drames personnels et son caractère naturellement plus réservé, mais il reste quand même dommage qu'en choisissant de ne la montrer dans des séquences archi convenues le film nous prive finalement de moments à fort potentiels concernant le personnage. Concrètement, j'ai eu l'impression de revoir Sybil de Far from Heaven en un peu plus développée, mais sans qu'on me raconte des choses vraiment innovantes à son égard. Heureusement, cette sensation de manque est un peu estompée par la performance de Viola Davis qui joue parfaitement sur le mode de l'émotion, et parvient à rester vraiment marquante malgré son rôle à clichés (le deuil). Mais disons qu'on reste malgré tout difficilement surpris par son travail : c'est très bien joué, mais il manque le je-ne-sais-quoi de plus qui aurait pu faire entrer Aibileen dans la légende.


A l'inverse, Octavia Spencer se charge de donner une touche rocambolesque à l'histoire, mais par comparaison avec Viola, sa performance pâtit quelque peu dans la mesure où elle n'a qu'à se laisser porter par un personnage plus flamboyant, en n'ayant qu'à lui donner la dose de charisme nécessaire. Minny constitue donc un bon rôle qui marque les esprits, mais Aibileen est à mon avis un plus grand challenge vu ses limites scénaristiques. Cependant, Octavia n'a nullement démérité puisqu'elle doit elle aussi apporter une note émotionnelle à l'intrigue, ce dont elle se tire avec brio. Mais là encore, on a du mal à être surpris par cette composition, tant on a l'impression d'avoir déjà vu et revu des milliers de seconds rôles de ce genre, où l'émotion perce sous une repartie rafraîchissante. Et puis, je dois confesser n'être pas du tout fan du coup de la fameuse tarte, à peu de choses près le clou du spectacle, qui me semble à la limite plus dégradant pour l'auteur que pour la victime. Après, c'est peut-être mon syndrome Natalia Landauer qui veut ça, mais le fait demeure : il y avait bien d'autres manières plus honorables de traiter ce problème, quoiqu'on puisse louer le travail de l'actrice lors de cette séquence, grâce à son regard pénétrant et ce soupçon de satisfaction qui fait du bien à voir chez Minny. Quoi qu'il en soit, on a là un personnage croustillant fort bien joué, même si l'écriture du rôle peine à nouveau à me convaincre totalement.


Malgré tout, Aibileen et Minny restent des personnages un milliard de fois mieux écrits que l'infâme Hilly Holbrook de Bryce Dallas Howard, une mégère sadique tellement caricaturale qu'elle semble avoir été pensée par un gamin en plein caprice. Et j'admets qu'il y a certainement eu des personnes aussi mesquines en vrai, mais quand on connaît le degré de violence inouïe atteint à cette époque, Hilly fait davantage croire à un cartoon, et il aurait finalement été bien plus captivant d'en faire une femme plus nuancée, au racisme plus insidieux, ce qui aurait pu donner toute sa force au film. Mais en l'état, le personnage est trop didactique, et se vautre dans bien trop de clichés, pour nier qu'Hilly perd tout intérêt dès la première demi-heure. En clair, plutôt que de charger Hilly de toutes les méchancetés du monde, accorder une plus grande place à Elizabeth Leefolt, l'employeuse au racisme beaucoup plus sournois, aurait considérablement enrichi le propos. A part ça, coincée dans cette storyline unidimensionnelle, Bryce Dallas Howard tente tant bien que mal de faire quelque chose de son personnage, mais ça ne commence à fonctionner qu'à deux minutes du générique de fin. Dommage, car l'actrice avait probablement du potentiel pour faire mieux, le rôle eut-il été un minimum plus riche.


Heureusement, Hilly n'est qu'un personnage parmi d'autres, et The Help compte aussi des seconds rôles beaucoup plus touchants. C'est le cas de Celia Foote, incarnée par mon idole de la décennie, Jessica Chastain. Alors au début, ça n'a l'air de rien : elle fait juste la fille naïve pas foncièrement brillante, mais profondément gentille, et l'on peut effectivement reprocher à ce rôle d'être un autre cas de "bonne conscience" aux ficelles un peu faciles (la blanche rejetée par ses pairs n'est pas raciste, forcément!). Toutefois, l'énorme présence de l'actrice, et les multiples opportunités qu'elle a à sa disposition pour détailler Celia (l'isolement, le mépris, les fausses couches, l'ivresse) donnent tellement de dimensions au personnage qu'on a sincèrement l'impression d'être en face d'une des meilleures performances du film. A ce titre, il est d'ailleurs assez gênant que ce soit la dame la moins centrale dans l'histoire qui ait autant de travail à exploiter, et pas Minny ou Aibileen. Mais ça n'est certainement pas la faute de Jessica qui se révèle d'une émotion et d'une flamboyance auxquelles je ne peux rester insensible. Me connaissant, la question doit cependant rester de mise: est-ce mon admiration pour Jessica Chastain qui m'a fait adorer le rôle, ou Celia est-elle réellement le personnage le plus fascinant? Je ne saurais dire, mais la réalité est indéniable : j'ai plus accroché à Celia qu'à Minny et Aibileen.


Et pour bien enfoncer le clou, celle du casting qui m'a finalement le plus marqué n'est nulle autre que le deuxième personnage le moins essentiel à la trame générale, Charlotte Pheeler, jouée par la toujours prodigieuse Allison Janney. En définitive, c'est elle qui a le plus de grain à moudre puisqu'elle doit non seulement trouver l'équilibre entre propos très réac et sympathie, mais aussi exploiter plein d'autres éléments à portée de main, de la maladie aux rapports mère/fille, en passant par l'amitié et l'image qu'elle doit renvoyer en public. Elle a donc beaucoup à faire, là encore au point d'éclipser les personnages centraux, même si par moments on aurait presque envie de tirer la sonnette d'alarme "réchauffé". Néanmoins, la performance est tellement bien maîtrisée que l'actrice s'élève constamment au-dessus des variations les plus attendues, si bien qu'on a toujours envie d'en savoir plus sur Charlotte. Un clin d’œil par-ci, une main devant la bouche par-là, Allison parvient ainsi à donner une épaisseur considérable à son personnage, au point de s'imposer comme le réel standout de la dernière demi-heure. Et c'est finalement elle qui sert le mieux le propos par son racisme insidieux, quoique, attention spoiler, son épilogue ait encore des relents de "bonne conscience" sur l'air du "ouf, mais en fait non, tout va bien"... Ceci dit, ça n'affecte pas la performance d'actrice.


Sinon, The Help fait aussi la part belle à de sympathiques figurantes, à l'instar de la légendaire Cicely Tyson, pour qui il serait plus que jamais temps de créer un Oscar du meilleur caméo! Parce qu'elle est tellement sublime lors de ses trop rares apparitions qu'en quelques regards et à peine trois répliques elle est en passe de voler la vedette à tout le monde. Hélas, Constantine reste totalement sacrifiée, de quoi ajouter aux faiblesses d'un film qui partait avec de fascinantes héroïnes mais qui préfère déplacer le curseur d'intérêt sur d'autres.


La non moins légendaire Sissy Spacek n'est pas plus en mesure de régler ce problème puisque malgré son caméo, elle est tout de même plus développée que Cicely. Mrs. Walters apporte ainsi une empreinte rigolote à l'histoire, mais comme elle reste coincée dans la storyline de Bryce Dallas Howard, elle ne fait finalement que refléter de gigantesques lieux communs. A sa décharge, elle ne passe pas inaperçue, et rien que pour ses répliques devant son horrible rejeton, on ne se plaindra pas de son rôle.

D'où mes pensées mitigées sur l'ensemble. D'accord, le film regorge de personnages pour lesquels on ressent vraiment quelque chose, mais ça ne s'épargne pas certaines maladresses, dont cet énorme problème de point de vue. D'ailleurs, finissons par crever l'abcès qui dérange le plus, sous le couvert d'une grosse alerte spoiler pour qui n'aurait pas vu la fin : l'histoire est plutôt bien balancée entre des personnages au racisme primaire (Hilly), ceux au racisme plus insidieux (Elizabeth, Charlotte), ceux a priori pas racistes mais que le système de domination ne dérange absolument pas (Mrs. Walters), et des personnages pas du tout racistes (Celia, Skeeter, Aibileen, Johnny Foote), de quoi éviter l'écueil du "tous pourris". Néanmoins, à force de reléguer les principales intéressées (Minny, Constantine, Aibileen) dans l'ombre, l'histoire échoue à dénoncer ce qu'elle voulait dénoncer, à l'image de cet épilogue à double tranchant : on devrait théoriquement croire que les choses ne sont pas aussi roses que ça et que la société va encore être très lente à évoluer, certes, mais à la manière dont c'est présenté, on a vraiment l'impression que les personnages finissent tous par atteindre naïvement un idéal enviable à la fin. Mais est-il enviable de dîner avec ses gentils patrons mais de savoir qu'on fera la cuisine pour le restant de ses jours? D'avoir brisé le cœur de sa meilleure amie mais que, ouf, on le regrette alors tout va très bien, madame la marquise... ? De rester femme au foyer dans l'angoisse de se faire belle et bonne ménagère pour son mari? De réaliser qu'on n'a pas été très gentille mais qu'on va réengager une bonne dans la seconde qui suit? Navré, mais vous ne m'enlèverez pas de l'esprit que ces épilogues sont présentés assez candidement comme de bonnes choses. Et puis non, estomper progressivement le point de vue d'Aibileen, qui ouvre et clôt la narration tout de même, pour montrer que ouf, il y a des employeurs qui peuvent être très gentils (le summum étant atteint avec Johnny), ça semble aussi hypocrite que le typecasting pratiqué par Hollywood à tout bout de champ.

Après, cette erreur principale commise par le film est en partie rattrapée par les performances, mais le fait que les deux seules qui ont le plus de nuances à apporter soient aussi les plus périphériques n'est pas très bon signe. Ça n'empêche cependant pas Viola Davis et Octavia Spencer d'être très efficaces, mais comme je l'ai déjà dit, elles font trop stéréotypées pour créer la surprise.

Pour le moment, je reste à 6/10. Je n'ose mettre moins car c'est tout de même un film qui se regarde sans déplaisir, et l'effort pour varier les nombreux personnages est indéniable. Mais entre ces maladresses et ces héroïnes moins développées que leurs employeuses, ça ne mérite certainement pas plus.

vendredi 29 novembre 2013

Scaramouche (1952)

Et l'on commence dès à présent avec le film qui a égayé ma semaine, j'ai nommé...

Un film de George Sidney.

Je suis extrêmement friand de films de cape et d'épée, mais j'avoue que passé les collaborations Flynn-Curtiz, j'avais tendance à être assez déçu par ce qui s'est fait par la suite, à l'image des médiocres Mousquetaires du même Sidney. Mais finalement, je me suis décidé à poser les yeux sur Scaramouche, les ors et cramoisis du coffret DVD et la présence d'Eleanor Parker au générique m'ayant ferré comme un brochet. Or, sans avoir été totalement ébloui, j'ai tout de même passé un excellent moment, Scaramouche étant de meilleure facture que les Mousquetaires, malgré quelques longueurs ça et là qui, heureusement, n'empêchent pas de rester totalement sous le charme. En clair, après deux bons tiers de film faisant la part belle à des combats étourdissants et des personnages flamboyants, le rythme s'accélère dans une dernière demi-heure trépidante, portée par un duel final d'une dizaine de minutes à couper le souffle. Et comme chaque mouvement est partie intégrante de chorégraphies enchanteresses, le tout dans des décors vraiment ravissants soutenus par la partition grandiose de Victor Young, je me suis finalement laissé emporter par ce grand spectacle. Il faut dire que le scénario a également le mérite d'être bien ficelé quoique peu innovant, malgré quelques surprises, parfois bonnes (un type trop lisse qui a le bon goût de ne pas faire long feu), parfois ridicules (la révélation finale), qui ajoutent du sel à l'aventure. En somme, disons que les points négatifs (une première représentation scénique aux gags peu inventifs, le Scaramouche originel potentiellement truculent qui disparaît sans explications, ou encore l'infâme bonnet de nuit de Janet Leigh!) s'effacent complètement devant des atouts bien plus nombreux, d'où cette impression de divertissement dont on ne se lasse pas.


A noter également que le film est amusant pour ses anachronismes comme les affectionnait Hollywood en son âge d'or : ces rues d'une propreté qui ferait pâlir Joan Crawford de jalousie, ces roulottes tout confort super bien rangées, sans compter ces panneaux flambants neuf en pleine campagne normande pour éviter au voyageur de s'égarer entre deux bifurcations! Et notons que je ne m'en plains pas: je vénère plus que tout ces esthétiques fantasmées. Politiquement, l'histoire prête aussi à sourire, sachant qu'il est par exemple tout à fait naturel de se pointer au parlement en s'écriant, le sourire jusque là: "Coucou c'est moi! Le député de la vallée de Chevreuse ne participera pas aux débats aujourd'hui car je viens de lui planter mon épée dans le ventre, héhéhé!" "Bon, très bien, merci de nous prévenir, la séance peut commencer." Normal...


Cependant, la grande force du film réside surtout dans cette galerie de personnages tous plus cool les uns que les autres. Stewart Granger, officiellement le plus bel acteur de la décennie, livre notamment une performance énergique, peu nuancée mais teintée d'ironie, évoquant sans avoir à rougir les héros d'Errol Flynn. De surcroît, son personnage n'est pas exclusivement sympathique, agissant moins pour des convictions politiques dont il moque la syntaxe des pamphlets que par vengeance, ce qui lui fait gagner des points.


Les personnages féminins ont quant à eux une vraie personnalité, chose assez exceptionnelle pour être remarquée dans ce type d'histoires au point de vue très masculin. Eleanor Parker se révèle à nouveau flamboyante et très charismatique, dévoilant de la douceur sous un caractère ferme, et faisant preuve de tant d'humour (le bouquet!) qu'on finit par n'avoir d'yeux que pour elle au fur et à mesure de l'intrigue. Sinon, dans les bonus du DVD, je ne sais quel intervenant vous dira qu'elle a "essentiellement tenu des rôles similaires", prenant à témoin The King and Four Queens... Et à part ça, Caged? Detective Story? Interrupted Melody? Lizzie? C'était juste pour remplir son frigo? Bref, sa Lenore, sans être sa plus grande création, n'est qu'une des multiples facettes de la dame la plus versatile de son époque, et lui aura permis d'ajouter un bon rôle entraînant à sa riche carrière.


Janet Leigh, pourtant pas à son avantage vu ses costumes bien plus carnavalesques que ceux des comédiens, parvient quant à elle à sortir totalement du cliché de la jeune fille de bonne famille douce et naïve, grâce à son fort caractère qui perce sous sa courtoisie et à sa présence d'esprit plus que vivifiante. Sans surprise, les confrontations entre les deux femmes sont d'ailleurs ce qui m'enchante le plus dans l'intrigue, à l'instar de leurs échanges de regards amusés en pleine séance au parlement. Sur le papier, ces personnages pas du tout féministes auraient pu ne servir que de faire-valoir au héros, mais les actrices y ajoutent tant de personnalité qu'elles transcendent les clichés de la "courtisane caractérielle agitée de la casserole" et de la "princesse à marier".


Mel Ferrer fait pour sa part montre de toute la hauteur et la prestance requises pour incarner un antagoniste digne de ce nom et, concernant les autres personnages, qu'il est bon de retrouver Lewis Stone ailleurs qu'en docteur/mari/amant/confident de Garbo, quand bien même il ne serve qu'à faire joli! Autrement, Henry Wilcoxon et John Dehner ont une présence incontestable, tandis que Nina Foch est elle aussi d'une irrésistible fraîcheur en Marie-Antoinette reconvertie en dame marieuse!

En somme, il ne s'agit certainement pas là d'un chef-d'oeuvre, mais Scaramouche n'en reste pas moins très réussi, et c'est un sans fautes côté divertissement. Un solide 7/10 n'est pas de trop.

jeudi 28 novembre 2013

Résurrection


Hi! En ce moment, je suis bloqué dans mon odyssée oscarienne, faute de temps, de films rares que je tiens absolument à visionner avant d'entamer de nouvelles années, et parfois de lauréates que j'ai du mal à sélectionner quand la concurrence se fait rude. Sans compter que je suis à présent victime de la fâcheuse manie de faire des listes à tout va, ce qui me pousse également à m'intéresser aux catégories que je maîtrise moins, des acteurs aux scenarii, en poussant même le vice à mettre mon grain de sel dans les costumes et la décoration d'intérieur...

Quoi qu'il en soit, si j'ai un peu de temps libre avant Noël, j'aimerais avancer du côté des fifties, tout du moins chez les actrices de premier plan, mais je ne m'engage pas. Toujours est-il que le plaisir de parler cinéma me manque, alors tant qu'à mettre les Oscars en stand-by dans l'immédiat, j'aimerais combler le vide en évoquant rapidement les films qui m'ont le plus marqué parmi mes nouvelles découvertes. Mais attention, ça va partir dans tous les sens!

So long!