jeudi 2 janvier 2014

Oscar de la meilleure actrice 1952

Au programme:

* Shirley Booth - Come Back, Little Sheba
* Joan Crawford - Sudden Fear
* Bette Davis - The Star
* Julie Harris - The Member of the Wedding
* Susan Hayward - With a Song in My Heart

Alors que les Oscars étaient en ces années-là assez effrayés par la gent new-yorkaise, 1952 vit curieusement deux étoiles de Broadway recevoir une nomination. Mais si Julie Harris parvint à faire forte impression avec son personnage peu conventionnel, la victoire de Shirley Booth ne fit absolument aucun doute, malgré un profil atypique pour une débutante dans un rôle principal au cinéma, puisqu'elle avait au préalable remporté tous les prix américains existant alors, en plus du prestigieux prix cannois, et ce pour un rôle typique de ce que les années 1950 adoraient chez les dames. En face, on retrouvait deux monstres sacrés déjà oscarisés, avec une nomination à peu près assurée pour Crawford via son flamboyant portrait au croisement du drame sentimental et du film noir, et un prix de sympathie/lot de consolation pour Davis afin d'estomper sa cuisante défaite deux ans auparavant. Pour le spectateur contemporain, imaginer les deux rivales combattre pour un même honneur reste plus que jouissif, mais gageons qu'aucune des deux n'avait une véritable chance de gagner. En effet, c'est surtout Susan Hayward qui l'aurait emporté s'il n'y avait eu Shirley Booth dans la sélection, et ce grâce à une troisième nomination pour un rôle à la fois musical et dramatique, en plus du Globe film musical ou comédie (catégorie fourre-tout ayant toujours privilégié les rôles dramatiques sous prétexte qu'il y a des chansons), qui lui permit certainement de récupérer la majorité des miettes laissées par Booth parmi les votes. Mais finalement, qui était la plus méritante?

Je retire:

Bette Davis - The Star: Non. Clairement, non. Sur les dix nominations qu'elle reçut au fil des ans, je suis à peu près d'accord pour toutes les valider les yeux fermés, mais pour celle-ci, j'appose un veto très net. Car Davis est peut-être la plus grande actrice du monde, ça ne l'empêche pas d'avoir des ratés, dont cette performance qui ne convainc guère que dans sa dernière partie, où la diva enfin calmée trouve enfin la dose de naturel qui manquait au personnage dès le début pour le rendre un minimum intéressant. En effet, l'actrice part dès l'ouverture dans des flots d'excès assez peu subtils qui brossent une bien pâle copie de ce qu'une vraie star, déchue ou non, demandait, à des lustres du brillant d'une Margo Channing, d'autant que certains passages bien plus sobres venant par moment aérer cette caricature (le rapport maternel avec Natalie Wood), conduisent à une caractérisation brouillonne que l'on a bien du mal à comprendre. Par exemple, la célèbre séquence de conduite en état d'ivresse, Oscar en mains, était alléchante sur le papier mais on n'y croit pas un seul instant tant c'est forcé. En fait, Davis ne semble pas du tout à l'aise avec ce rôle, sans doute trop proche d'elle à ce moment de sa carrière, et d'avoir dû brosser le portrait aussi peu flatteur d'une actrice ayant du mal à retrouver de bons projets a visiblement plombé sa performance.


Susan Hayward - With a Song in My Heart: Énorme déception. En grand fan de Susan Hayward, j'attendais beaucoup de ce rôle qui, mêlant numéros musicaux et drames personnels, avait placé mes attentes au niveau d'I'll Cry Tomorrow. Malheureusement, le film est extrêmement terne, à cause d'un alignement archi standard des événements sur le mode "débuts difficiles"-"gloire"-"accident"-"triompher de l'adversité", et la réalisation peu inspirée ajoute de faire l'effet d'une douche froide. Mais le plus décevant, c'est que l'actrice choisit la voie de la facilité en jouant le personnage d'une manière exclusivement sympathique. Elle n'y ajoute ainsi aucune complexité, au point que Jane reste terriblement gentille de A à Z quoi qu'il arrive. Même après l'accident d'avion, elle prend les choses du bon côté, sans laisser entrevoir des traces d'amertume qui auraient pu donner un peu de profondeur au rôle. Heureusement, Hayward se rattrape en faisant un très bon travail de synchronisation avec le doublage de Jane Froman elle-même, mais ça ne suffit pas à rehausser l'intérêt. Dans le genre, mieux vaut revoir Interrupted Melody où Eleanor Parker va beaucoup plus loin dans la caractérisation que ne le fait Susan ici.


Julie Harris - The Member of the Wedding: Julie Harris est l'une des toutes premières actrices que j'ai idolâtrées, thanks to East of Eden, The Haunting et Reflets dans un œil d'or, mais je dois avouer que son unique nomination aux Oscars pour ce rôle de garçon manqué, qu'elle avait au préalable créé sur scène, me laisse assez perplexe. Evidemment, je n'ai aucun moyen de savoir ce que son interprétation donnait à Broadway, mais dès les premières minutes du film, il m'a été absolument impossible de croire une seule seconde à ce que j'avais sous les yeux, la faute à un parler enfantin beaucoup trop forcé pour être crédible, l'actrice ayant alors le double de l'âge du personnage. On n'y croit donc pas vraiment, ni visuellement ni vocalement, et ça plombe la performance d'entrée de jeu, d'autant que les codes très théâtraux qu'elle instille au rôle me font légèrement tiquer. Cependant, si la technique peine à convaincre, ça reste tout de même une prestation sincèrement marquante, l'actrice sachant bel et bien toucher le spectateur avec les questionnements existentiels de son personnage atypique. En outre, on pourra également admirer son énergie dévorante qui contribue à donner une meilleure impression que ne le laissaient présager les débuts de l'histoire. Mais dans l'ensemble, difficile d'être vraiment emballé par cette nomination.


Ma sélection:

Shirley Booth - Come Back, Little Sheba: Oui, l'héroïne est exaspérante, oui l'actrice en fait sans doute trop, et pourtant, ça passe comme une lettre à la poste, ce qui me surprend d'autant plus que je n'ai d'habitude aucun goût pour ce genre de personnages. Mais ici, l'émotion prime avant tout, et l'on se retrouve en définitive avec une ménagère vraiment touchante, comme si l'actrice désarmait par avance toutes les critiques qu'on pourrait lui faire. Pour commencer, elle accroche dès son entrée en scène, avec un jeu très bien équilibré grâce auquel les aspects les plus horrifiants de cette banalité déprimante sont balancés par une tension palpable qui émeut, à l'image de ses regards inquiets lorsqu'elle demande à Burt Lancaster s'il regrette de l'avoir épousée. La fin est également sensationnelle puisque l'actrice donne une lucidité rafraîchissante à ce personnage foncièrement insupportable au point de laisser une très bonne impression. Ceci dit, ça n'empêche pas le soufflé de retomber par moments, avec ces aspects très forcés (elle fait bien exprès de descendre les escaliers en traînant la patte et de danser de façon totalement grotesque), sans compter que lorsqu'elle appelle sa chienne disparue, on n'y croit pas vraiment tant ça sort de n'importe où. En outre, après une demi-heure de "Daddy/Doc", le rôle finit par devenir redondant, mais par bonheur l'émotion prime et maintient toujours l'intérêt. L'effet est donc agréablement surprenant.


Joan Crawford - Sudden Fear: Je sais, je peux rarement me passer de Crawford, et là encore, la voir à l'écran est un éblouissement de tous les instants, sans compter que cette performance est un nouveau sommet de photogénie paroxystique et d'émotions en tout genre. Comme souvent chez Crawford, c'est volontairement exagéré, à l'instar de cette écoute du magnétophone plus oppressante que jamais, mais c'est justement ça qui vous prend aux tripes et vous empêche de détourner le regard un seul instant. Ainsi, l'actrice fait tout à fait ressentir l'impression d'être pris au piège avec l'héroïne, au point que l'on s'excite en même temps qu'elle, et qu'on est à deux doigts de se lever de son siège tant elle fait monter l'angoisse, qu'elle soit cachée dans un placard ou qu'elle coure dans la nuit dissimulée sous un foulard blanc. Ce rôle chargé de tension me plait donc à un point inimaginable, et j'ajouterai encore que l'héroïne est vraiment passionnante, très classe et pleine d'imagination, Crawford en rendant bien la personnalité complexe puisque Myra reste capable de bien des sournoiseries tout en étant d'abord une victime. Et puis, la grande force de cette performance, c'est que l'actrice touche dès le début avec cette histoire d'amour toute de délicatesse, si bien qu'on ne peut plus se désintéresser d'elle une fois l'intrigue enclenchée. Bref, je suis totalement sous le charme, et je ne suis pas sûr que beaucoup d'autres actrices aient pu donner autant de relief à un tel film.


Judy Holliday - The Marrying Kind: Je ne suis pas un grand spécialiste de la filmographie de Ms Holliday, et pour le peu que j'en ai vu ses personnages restent assez similaires. Mais autant sa performance oscarisée laissait sur sa faim faute d'établir une seconde dimension solide à cette héroïne exagérément caricaturale, autant The Marrying Kind lui offre l'occasion de trouver son plus grand rôle en livrant un portrait naturel éminemment touchant. Niveau jeu, l'actrice fait principalement du Judy Holliday mais, quoique peu surprenante, son approche du personnage fonctionne parfaitement: elle ne fait aucun excès pour bien souligner la banalité de son mode de vie, elle a une très bonne alchimie avec Aldo Ray qui rend tout le sel des tracas de la vie conjugale, et elle ne manque pas de partir dans de multiples directions, passant de l'humour au désenchantement, voire au drame, avec une grande facilité. Le seul reproche, minime, qu'on pourrait lui faire est qu'elle ne sait pas du tout pleurer, mais comme la séquence ne dure que trois secondes ça ne pose nullement problème. Dans l'ensemble, l'actrice est donc idéale pour restituer la tonalité adulte de cette belle histoire, et elle reste toujours fascinante, au point qu'avec elle, l'ordinaire captive comme jamais.


Ginger Rogers - Monkey Business: Je ne suis pas très fan de la scission des Globes, mais tant qu'à honorer une performance de comédie cette année-là, je serai évidemment allé vers Ginger Rogers pour son dernier grand rôle, dans lequel son génie comique scintille comme au temps de ses plus grands succès. Et d'accord, le film ne vole peut-être pas très haut, mais ça n'en reste pas moins un pur délice, notamment pour l'irrésistible transformation de l'actrice, faisant du personnage le plus sérieux de l'histoire le personnage le plus délirant. A ce titre, la première métamorphose de l'épouse très digne en fillette de cinq ans est hilarante, et les transitions suivantes sont elles aussi tellement bien gérées, sans rien de forcé, qu'elles en deviennent incontournables d'humour. Le plus drôle, c'est lorsqu'elle commence à retomber en enfance tout en conservant ses habits et sa coiffure d'épouse très digne, de quoi créer un contraste à mourir de rire, même si ça se borne à jouer avec des poissons ou une tarte à la crème. Mais l'Edwina décoiffée faisant la course dans les couloirs d'un hôtel ou jouant avec des pots de peinture possède également un charme inégalable, la grande force de cette performance étant que l'actrice se lâche avec une classe et une distinction tout à fait rafraîchissantes. Plus que Cary Grant, c'est bel et bien Ginger qui domine le film.


Lana Turner - The Bad and the Beautiful: Critiquée de toutes parts, décrite comme la plus grande imposture du Golden Age dans tous les bonus DVD, où il n'est pas un historien du cinéma pour voir en elle autre chose qu'une piètre actrice ayant parfois eu la chance d'être bien dirigée, Lana Turner n'en reste pas moins l'une de mes idoles ultimes, et une icône incontournable de mon panthéon, ne serait-ce que pour les projets de qualité qu'elle compte sur son CV. Ici, ça tombe bien, le film est un chef-d'oeuvre, et ce personnage d'actrice ayant bien du mal à se faire reconnaître est sans aucun doute son plus grand rôle. Mais outre la réussite de casting, la direction de Minnelli ou le brillant du film, la performance fonctionne également parce que Lana a su apporter quelque chose d'extrêmement touchant à Georgia, étant tout aussi crédible en fille paumée qu'en star adulée, et n'hésitant pas à partir dans des excès que d'aucuns décrieront mais qui sont à mes yeux du génie pur, à l'image de cette crise de nerfs paroxystique qui me semble personnellement réaliste vu que j'aurais tendance à réagir de la même manière à l'abri des regards. De surcroît, on sent constamment sa volonté de bien faire à tous les niveaux, et de toute façon, toute personne ayant l'audace de dessiner des moustaches à ses idoles est digne de tous les honneurs!

Et maintenant, l'heure de vérité. La grande gagnante est...


Ginger Rogers - Monkey Business

Oui, après mûre réflexion je ne suis plus autant séduit par Judy Holliday que par le passé, et je pense d'ailleurs que, n'eût-elle pas reçu l'Oscar en 1950, on ne parlerait pas autant de ses talents comiques certes évidents, mais pas aussi exceptionnels que chez certaines de ses collègues. En revanche, Ginger Rogers fait justement partie de cette cohorte d'actrices d'exception absolument brillantes dans le registre de la comédie (mais pas que : Stage Door, Kitty Foyle, I'll Be Seing You, s'il vous plait!), et lorsqu'elle décide de faire rire, elle s'y adonne avec une telle puissance qu'elle parvient à voler la vedette à tout ce qui existe alentour, même quand les acteurs en question s'appellent Cary Grant et Charles Coburn. Après, je ne nie pas que j'aurais préféré sacrer Ginger dix ans plus tôt, pour son tour de force irrésistible chez Billy Wilder, mais même si Monkey Business n'est pas un film du même niveau, ça n'enlève rien à la fraîcheur et au rayonnement de l'actrice qui reste décidément la meilleure lorsqu'il s'agit de retomber en enfance. Sur ce, je classe Joan Crawford seconde pour son portrait haletant ultra divertissant, Lana Turner troisième pour le rôle de sa vie, Shirley Booth quatrième pour son charisme capable de transformer un quotidien sordide en une expérience fascinante, puis Judy Holliday cinquième pour son savoureux mélange de douleur et de comédie dans un très beau film sur les relations de couple au quotidien.

Et laissons enfin l'immense Sylvia Fowler classer les interprétations...

dignes d'un Oscar: Joan Crawford (Sudden Fear), Ginger Rogers (Monkey Business), Lana Turner (The Bad and the Beautiful): voir ci-dessus.





dignes d'une nomination: Shirley Booth (Come Back, Little Sheba), Judy Holliday (The Marrying Kind); voir ci-dessus. Jennifer Jones (Ruby Gentry): sincèrement impressionnante en présentant un personnage bien plus sulfureux que d'habitude, mais si je n'ai aucun reproche à lui faire en terme de jeu, il n'empêche qu'on sent trop la technique à chaque instant (dont sa façon de rendre sa voix plus grave), au point d'occulter le reste. Jadis, j'ai également vu Carrie, mais j'avoue avoir trop peu de souvenirs pour en parler sans piqûre de rappel. Barbara Stanwyck (Clash by Night): là encore, je n'ai plus un grand souvenir du film, mais je sais qu'elle était, comme toujours, impeccablement juste et parfaite.


dignes d'intérêt: Olivia de Havilland (My Cousin Rachel): comme Jones, elle a cherché à casser son image et ça fonctionne plutôt bien, mais je ne peux pas dire que ça m'ait séduit outre mesure. Marlene Dietrich (Rancho Notorious): toujours très charismatique, classe mais un brin vulgaire, avec une dose d'émotion touchante. Connaissant Marlene, on aurait toutefois aimé que ça sorte plus de l'ordinaire. Rita Hayworth (Affair in Trinidad): une enquête sympathique qui confirme que, sans avoir été une actrice d'exception, Rita a toujours eu cette étincelle de charisme capable d'accrocher le spectateur en un clin d’œil. Maureen O'Hara (The Quiet Man): elle est très attachante, mais sincèrement, son personnage reste avant tout un énorme cliché, et on ne comprend pas toujours très bien où elle veut en venir, entre amour et fierté.


décevantes: Bette Davis (The Star), Julie Harris (The Member of the Wedding), Susan Hayward (With a Song in My Heart): voir ci-dessus. Eleanor Parker (Above and Beyond): ça commence pourtant sur les chapeaux de roues, et l'actrice est évidemment très captivante tout au long de l'histoire, mais à force de jouer à l'épouse aimante et fidèle, qu'elle nuance néanmoins très bien en lui donnant du caractère sous des sourires trop doux, elle finit par vaguement ennuyer. En outre, sa storyline est totalement hors de propos dans un film qui parle avant tout d'Enola Gay.


à découvrir: Irene Dunne (It Grows on Trees), Joan Fontaine (Something to Live For), Katharine Hepburn (Pat and Mike)




Ah, et pour ceux qui s'étonnent de ne voir aucune mention de Debbie Reynolds, c'est juste que je la considère davantage comme supporting. Soyons honnêtes: elle a moins d'importance que Donald O'Connor, en a à peine plus que Jean Hagen, et le film est majoritairement centré sur Gene Kelly, à qui elle sert plus d'adjuvant qu'elle n'est une héroïne en tant que telle. Certes, d'aucuns me diront que je nomme Turner en leading alors qu'elle n'apparaît principalement que dans un segment des Ensorcelés, mais ce long segment tourne entièrement autour d'elle et les autres séquences font également écho à Georgia, aussi est-elle clairement un premier rôle à mes yeux. Autrement, de façon assez curieuse, 1952 a vu de nombreuses stars incarner des rôles secondaires: Bette Davis (Phone Call from a Stranger), Danielle Darrieux (5 Fingers), Joan Fontaine & Liz Taylor (Ivanhoé), Eleanor Parker & Janet Leigh (Scaramouche), Ava Gardner & Susan Hayward (The Snows of Kilimanjaro), Deborah Kerr (The Prisoner of Zenda), Grace Kelly (High Noon)... Difficile de piocher dans cette liste pour trouver des alternatives dans cette catégorie. De toute façon, sans être la meilleure de toutes, ma sélection m'excite énormément et je ne voudrais la changer pour rien au monde!

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12 commentaires:

  1. Il n'y a rien qui m'énerve autant que le "Bashing Lana Turner" (surtout si c'est pour s'extasier sur Ava Gardner). A mes yeux, c'est une actrice extrêmement sensible et intéressante qui manifestement cherchait à jouer et à ne pas simplement imposer sa présence physique. D'ailleurs je la nomme quatre ou cinq fois et je n'ai pas l'impression que c'est volé. D'accord elle a des dérapages mais précisément c'est parce qu'elle essayait. Quant à ceux qui la trouve impavide ... alors ça mystère !

    Sinon je suis d'accord (presque) tout je dois même avoir la même sélection (à peu près .... O'Hara à la place de Ginger mais je comprends tes réserves). J'ai été plus impressionné que toi par la synchronisation Froman/Hayward et pour le côté "Show Girl" qu'Hayward arrive à transcrire dans les numéros. Pour la petite histoire on voit ... son sein (très visiblement) pendant le numéro With a song in my heart .. mais je ne pense pas que l'Académie ait été émue (c'est fugace).

    Jones est assez oubliable dans Carrie (c'est Hopkins qui est géniale avec trois fois rien) malgré sa beauté. Un peu terne et molle je trouve (et pourtant je suis fan).

    Je pense que la "6ème" était Olivia de Havilland sinon. Qu'en dis-tu ?

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    1. Entièrement d'accord pour Lana! Elle me donne toujours l'impression d'avoir essayé plein de rôles différents (femmes fatales, stars en devenir, héroïnes en costumes, mères de famille...) et d'avoir toujours cherché à faire quelque chose de ses personnages. Bien sûr, n'étant pas une actrice au génie inné comme certaines de ses consœurs, elle a parfois des tics maladroits (cf le sourire très crispé devant Susan Kohner alors qu'elle lui demande juste si elle va voir son boyfriend dans Imitation of Life), mais à quelques détails près l'effort me semble toujours payant. J'aime aussi beaucoup sa reconversion dans le rapport mère/fille dès les années 1950, alors qu'on la considérait avant tout comme un sex-symbol, quand bien d'autres se seraient contentées de rester des "love interests" à cet âge. Et en toute honnêteté, quand elle joue à la grande actrice, notamment lorsqu'elle bluffe chez Sirk, j'y crois totalement.

      Après, comme je suis à peu près fan de tout le monde, j'aime aussi beaucoup Ava Gardner qui me touche dans une poignée de rôles (Mogambo et L'Iguane), mais je suis mille fois plus intéressé par Lana qui s'investissait bien davantage dans ses projets. Et malgré sa beauté fulgurante, Ava m'a finalement déçu à force d'être vraiment très fade dans bien des rôles, où elle n'avait en outre pas grand chose à faire. Ceci dit, j'ai aussi des goûts assez particuliers. Par exemple, je vénère Rita Hayworth qui a pourtant été loin de révolutionner le jeu d'acteur, pour rester poli, alors qu'Ingrid Bergman m'exaspère... Va comprendre...

      A part ça, j'aime quand même Susan Hayward en Jane Froman, mais uniquement pour ses numéros musicaux. Après avoir vu ses autres performances, j'avais sans doute trop d'attentes quant au côté tragique de l'histoire, d'où ma déception.

      Enfin, d'accord pour Olivia. Elle se retrouvait aux Globes avec Booth et Crawford, côté drame qui plus est (côté comédie, seule Hayward avait une chance aux Oscars grâce à son rôle dramatique). En outre, Sheba, Sudden Fear et With a Song ont été nommés dans plusieurs catégories aux Oscars (y compris Thelma Ritter pour une "nothing part", c'est dire...), donc nominations à peu près assurées pour leurs interprètes. Rachel a également reçu plusieurs nominations, aussi l'éviction d'Olivia semble surprenante, surtout qu'en comparaison, The Star est passé complètement inaperçu pendant toute la saison. Mais le côté "she IS Bette Davis" + "elle a perdu deux ans plus tôt pour LE rôle ultime" + "bon gros drama très démonstratif" a finalement eu raison d'Olivia. L'inclusion de Julie Harris à son détriment est aussi suspecte, mais peut-être que l'aspect "fraîcheur/nouveauté" + "Tony Award à la même période" + "empreinte de Fred Zinnemann" (un Oscar l'année précédente, High Noon la même année) lui a apporté assez de visibilité pour lui permettre d'entrer dans la prestigieuse liste. Nul doute qu'avec la distinction aux Globes pour les deux héros de Rachel, Olivia finit sixième aux Oscars. Les autres actrices de l'année n'étaient alors pas considérées comme assez sérieuses (Maureen, Lana), ou pas assez dramatiques (Kate, Ginger).

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  2. Je n'ai pas accroché à la performance de Judy Holliday dans The Marrying Kind. La dimension comique du personnage m'a semblé réussie (sans être époustouflante) mais le glissement vers le tragique m'a perdu. Il est possible que je sois passé à côté du film ou que la comparaison inconsciente avec d'autres rôles similaires ait joué en la défaveur de Judy Holliday. Je retenterai peut-être de voir le film dans quelque temps mais ce n'est pas une priorité.

    Tu m'as donné très envie de voir The Bad and the Beautiful qui me permettra peut-être d'ajouter une seconde bonne performance à son CV. A l'exception d'Imitation of Life, je ne l'ai pas vu sous son meilleur jour jusqu'à présent.

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    1. Comme précisé dans l'article, je ne suis pas plus enthousiaste que ça pour donner le prix à Judy Holliday, mais je suppose que je l'ai mieux aimée que toi. Elle risque d'être l'une de mes moins bonnes gagnantes et je pourrais éventuellement reconsidérer mon vote dans le futur, mais dans l'immédiat j'ai vraiment aimé son rôle, qui m'a d'ailleurs beaucoup touché. Et lorsqu'elle sourit, je suis totalement sous le charme!

      Pour Lana, The Bad and the Beautiful est un must-see, et pas que pour elle d'ailleurs. C'est sans doute l'un des dix meilleurs films réalisés sur Hollywood, mais peut-être trouveras-tu son interprétation "too much". Autrement, si tu veux voir l'actrice sous un meilleur jour que l'escalade d'une falaise néo-zélandaise, je te conseille aussi Peyton Place (1957), avec un bon rapport mère/fille qui préfigure Imitation, et un personnage solitaire et plutôt froid qui tranche avec le sex-symbol qu'elle fut auparavant: en bref, un rôle qui m'a beaucoup ému même si ça manque un peu d'éclat, vu qu'elle y est presque secondaire. Tu peux également voir Les Trois Mousquetaires (1948), où elle est terriblement classe et délicieusement tragique (peut-être un peu trop), même si dans ce cas, le film est passablement ennuyeux, les scènes de Lana étant heureusement très divertissantes. Sinon, j'avais commencé à voir Ziegfeld Girl (1941) le mois dernier, mais ça passait à minuit, j'étais fatigué et... mon enregistrement a raté! (Pour une fois que j'avais besoin de voir la TV ghgntwrtstgwgcte!!!!!) Dans le début, elle avait l'air très bien en tout cas! Sinon, j'ai également une certaine affection pour sa Diane de Poitiers (1956) bien que le film, très médiocre, sacrifie totalement son personnage en cours de route; et même si tu vas me détester pour ce qui suit... attention, attention... je la trouve excellente dans la seconde partie de Madame X, où elle est néanmoins très insignifiante au début, le film étant d'ailleurs un gros navet (même mon cousin de trois ans fait de plus belles transitions avec Windows Movie Maker!)!

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    2. Je donne réellement l'impression de ne pas apprécier les performances over the top?
      Je n'ai pas vu énormément de films avec Lana Turner mais je la préfère cent fois plus dans Imitation of Life (en revanche je ne me rappelle plus des grimaces) que dans The Postman où elle fait essentiellement du Ava Gardner. Et pas la Ava des grands jours mais la plante verte (certes très décorative) que l'on met dans le coin du salon pour décorer.
      Pour Madame X, j'ai tellement détesté cette première partie sans queue ni tête que j'ai beaucoup de mal à jauger son travail. Mais cela reste une performance mémorable puisque je n'ai pas revu le film depuis 3 ans et que je visualise sans peine la scène dans le bouge de Tijuana. Quoique je me souviens aussi très bien de cette scène où elle se jette dans la neige après avoir agressé un jeune garçon. Et des fausses montagnes que l'on apercevait depuis le jardin du compositeur autrichien.

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    3. Tu ne donnes pas l'impression de ne pas apprécier les performances over the top, c'est juste que dans le cas de la séquence "Lana dans sa voiture", c'est très "hate it or love it", et aucune idée pour savoir de quel côté se situeront les autres spectateurs. Tu me diras quand tu l'auras vu!

      A part ça, j'aime bien The Postman, et j'y aime également Lana, mais seulement dans la dernière partie où elle reprend du poil de la bête. J'avoue que dans la majeure partie du film, elle est assez agaçante à force de minauder et de tout se laisser dicter par John Garfield. Mais au moins, reconnaissons qu'elle essaie de se mettre dans la peau du personnage, c'est déjà ça. Et c'est toujours mieux qu'Ava Gardner dans The Killers la même année, où elle ne fait que de la décoration et n'est même pas fichue de dégager le minimum syndical de charisme sulfureux, comme le demande l'héroïne. Cette séquence au piano sur laquelle tout le monde s'extasie à cause de son supposé sex appeal de femme fatale me semble justement fadissime!

      Quant à Madame X, Lana a bel et bien le mérite de très bien jouer la misère et l'alcoolisme dans la seconde partie, ça m'a totalement impressionné. Mais ce bon aspect mis à part, si l'on devait énumérer toutes les petites joyeusetés de ce "chef-d'oeuvre", il faudrait écrire un roman. J'admets un petit coup de cœur pour la grande méchante Constance Bennett du haut de sa fenêtre, sur fond d'orage, une mise en scène pas du tout cliché!

      PS: A propos de Marion Davies imitant Garbo... Elle est monstrueusement drôle! Mais je n'ai pas une préférence particulière pour elle ou Lombard, les deux sont à mourir de rire! Quoi qu'il en soit, Davies est en train de se diriger à grand pas vers les sommets de mon panthéon, alors que je ne l'ai vue que dans... deux films!

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  3. Alors si ça peut vous "rassurer" moi aussi je trouve Turner très bonne à la fin de Madame X et je pense que si elle avait joué comme ça disons cinq ou six ans avant dans un film similaire, elle aurait été nommée une seconde fois. Là en 66 ce type d'interprétation (et de film) était passé de mode. C'est vrai qu'elle est insignifiante (et trop vieille pour le rôle évidemment) dans le premier quart du film mais en fait je pense que ça sert son personnage (et ça permet à Constance Bennett de briller d'autant plus).

    Sinon, bizarrement, je ne la trouve pas très bonne dans Imitation (un de mes films cultes cela dit) mais ça n'est pas grave, le côté artificiel fait partie du charme du film. Je la nomme pour Les Ensorcelés, les Trois Mousquetaires (comme supporting), Madame X et plus tôt dans Johnny Eager (supporting) et dans La Danseuse où elle est étonnante et où elle a pratiquement la plus grande scène de sa carrière (avec celle de la voiture dans Les Ensorcelés). Bon après je n'ai pas les mêmes goûts que vous deux toujours du coup il est possible que vous la trouviez too much dans ces deux derniers rôles. Je l'adore dans Peyton Place (autre film culte) mais j'ai trop de monde en 1957 et en effet le rôle est presque secondaire.


    PS : la facade neozélandaise c'est pour Le Pays du Dauphin vert ?

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  4. Et sinon on veut en savoir plus pour les rôles secondaires !

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    1. J'ai revu Imitation le mois dernier, y allant bon train avec les captures d'écran, et... elle fait quand même pas mal de grimaces, de sourires crispés et crispants, qui agacent vite. Mais j'aime beaucoup le personnage, ça estompe les maladresses. Par contre, j'ai également revu les Mousquetaires et... elle y est bien meilleure que dans mon souvenir! Et certes, elle se théâtralise un max, mais Milady est une grande comédienne dans l'âme, donc ça passe totalement. Sincèrement, j'envisage aussi la nomination pour ce rôle, ainsi que pour Peyton Place si j'arrive à me décider qu'elle y est vraiment supporting. Pas vu Johnny Eager, mais tu me donnes envie d'en savoir plus. Et il faut que je me commande le DVD de Ziegfeld pour voir la fin...

      Et oui, la falaise néo-zélandaise est bien tirée du Dauphin vert, un film un peu bizarre qui m'a profondément ennuyé, dont je n'ai retenu que cette scène assez étrange où Lana se retrouve dans un couvent après son escalade.

      Quant aux rôles secondaires, si tu parles de 1952 il va falloir patienter car il me manque encore Colette Marchand au compteur, et je ne suis pas encore sûr pour mes propres candidates, même si j'ai déjà ma gagnante! Théoriquement, la prochaine année traitée dans cette catégorie devrait être 1941, patience, patience!

      En attendant tes prochains articles too!

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  5. Mes pronostics pour le Sylvia Fowler award 1941 :

    Barbara Stanwyck The Lady Eve ou bien Boules de feux (gagnante)
    Joan Crawford pour Il était une fois
    Bette Davis pour La Vipère
    Marlene Dietrich pour The Flame of New Orleans
    Olivia de Havilland pour The Strawberry Blonde

    Je ne suis pas sûr des nommées mais je prévois que Fontaine ET Havilland seront snobées pour deux personnages/interprétations qui sont susceptibles de ne pas intéresser Orfeo.

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    1. A vrai dire je n'envisage pas de changer ma sélection actuelle pour 1941. Comme tu l'as deviné j'adore Stanwyck, Crawford et Davis, et mon prix se joue entre elles. J'aime bien Fontaine, mais je préfère vraiment OdeHa pour Hold Back the Dawn (en revanche, pas du tout fan de Strawberry Blonde, mais j'aimerais le revoir pour mieux en rejuger). Marlene est très drôle mais pas au point d'intégrer ma liste cette année là.

      Néanmoins, merci d'avoir joué! Si tu veux faire des pronostics, tu peux plutôt te lancer sur "meilleure actrice" 1955 et 1957 qui devraient sortir très bientôt, et "meilleur second rôle féminin" 1941, également en cours de préparation.

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  6. Ah flute je me disais aussi ... quand tu parlais de 1941 tu parlais des supporting ...

    Alors 1955 :

    Eleanor Parker La Mélodie interrompue (winner)
    Susan Hayward Une femme en enfer
    Grace Kelly La Main au collet
    Anna Magnani La rose tatouée
    ... je sèche pour la dernière ... je ne t'imagine pas fan de Jones dans La Colline des adieux, ni du personnage de Hepburn dans Vacances à Venise ... Peut-être Julie Harris dans A l'est d'Eden ?

    1957

    En assumant que Lana est supporting :
    Dietrich Témoin à charge
    Kerr Dieu seul le sait (mais tu n'aimes pas les histoires de religieuses .. du coup je suis dubitatif)
    Kay Kendall Les Girls (ou alors supporting ?) winner
    Dorothy Malone La Ronde de l'aube

    Et 1941 secondaire :

    Rita Hayworth Arênes sanglantes
    Paulette Godard Par la porte d'or
    Mary Astor Le Grand Mensonge/Le Faucon Maltais
    Patricia Collinge La Vipère
    Et une surprise absolue qui ne figure habituellement dans les listes de personne.

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