dimanche 28 septembre 2014

Oscar de la meilleure actrice 1933

Comme vous l'avez peut-être lu, j'ai déjà publié des articles "Oscars et années 1930", mais en m'alignant sur la césure alors en vigueur dans l'organisation des cérémonies, une année oscarienne avant 1934 allant selon l'Académie de juillet à juin. Mais comme dans mon système personnel je fais remonter mes remises de prix à 1920, afin de couronner les grandes actrices de l'époque, j'en profite également pour m'aligner à présent sur les années civiles, histoire que tout soit plus clair et, dans un certain sens, plus juste. A part ça, sachez qu'il me manque encore plein de grands noms à découvrir pour cette année, mais puisque j'en suis déjà à plus d'une cinquantaine de performances éligibles en prenant en compte le domaine public et la série B, c'est assez pour pouvoir écrire sans trop de scrupules. Sur ce, que devient ma nouvelle sélection pour les actrices de 1933?


Greta Garbo - Queen Christina: J'ai revu le film ce mois-ci afin de faire des captures d'écran, 294 en l'occurrence, et ce qui m'a une fois de plus sauté aux yeux, c'est que la reine Christine est vraiment le rôle pour lequel était faite la Divine, peut-être plus encore que Marguerite Gautier. En effet, pour une actrice aussi mythique, incarner une reine n'était que la moindre des choses, et Garbo a précisément la prestance et la gravité requises, au point d'en imposer à tout le monde dès qu'elle entre en scène. Et bien entendu, elle ne manque pas d'humaniser Christine en ajoutant beaucoup d'humour au rôle, comme en témoignent ses sourires chaleureux devant l'ambassadeur de France et plus encore le plaisir manifeste qu'elle a de se jouer de John Gilbert en se faisant passer pour un homme. Or, les relations entre ces deux partenaires de légende fonctionnent comme au temps de leurs grands succès du muet, et Garbo n'a jamais été aussi adorable que lorsqu'elle s'épanouit à ses côtés, avant de restituer à merveille la tonalité plus sombre de la dernière partie, faisant au passage preuve d'un érotisme latent en se débarbouillant par exemple dans la neige, ou en dégustant une grappe de raisins. Cependant, la dimension la plus intéressante de cette performance, c'est tout ce jeu sur les ambiguïtés sexuelles, Garbo trouvant le parfait équilibre entre masculin et féminin, au point d'être même plus à l'aise en femme dans des habits d'homme qu'en femme dans des robes de satin. Enfin, elle est également ravie d'interpréter un personnage bisexuel de façon totalement décomplexée, ce qui ajoute au charme de cette performance. Cerise sur le gâteau, les envolées lyriques caractéristiques de sa carrière passent très bien ici, car elle en use surtout quand la reine se met en scène, mais évite précisément d'en faire trop lors des moments dramatiques, d'où une compréhension parfaite du rôle. En somme, il s'agit là d'un rôle éblouissant dont la postérité a surtout retenu la célèbre séquence à la proue du navire, bien que ma préférée reste de loin celle des souvenirs dans la chambre d'auberge, où non contente d'être plus cinématographique que jamais, la Divine offre l'un des moments les plus humains et touchants de sa filmographie.


Ann Harding - Double Harness: Faire des recherches a décidément du bon, car je n'avais jamais entendu parler de ce film jusqu'alors, ce qui m'aurait privé du plaisir de découvrir une excellente performance portée par une Ann Harding une fois de plus très convaincante, qui se paye en outre le luxe de s'approcher à grands pas des sommets de mon panthéon. D'ailleurs, c'est probablement son meilleur rôle parmi tout ce que j'ai pu voir de sa filmographie, principalement parce qu'elle est ici plus manipulatrice qu'à l'accoutumée, et par conséquent moins facilement sympathique que dans Holiday et Peter Ibbetson. En outre, le rôle est vraiment bien écrit, ce qui lui permet de jouer un personnage complexe et somme toute moderne, sans compter que, cerise sur le gâteau, elle abandonne volontiers ses envolées lyriques trop appuyées pour apporter cette même modernité dans son jeu. Elle semble ainsi naturelle dès son entrée en scène, très à l'aise dans un rôle de jeune mondaine des beaux quartiers, sans oublier d'être éminemment charismatique, d'où le crépitement de ses échanges avec William Powell, qu'elle piège pour le forcer à l'épouser afin de faire quelque chose de sa vie. Elle ajoute ensuite une plus grande touche émotionnelle lorsqu'elle réalise qu'elle tombe amoureuse de son mari contre son gré, et il reste d'ailleurs très intéressant de la voir constamment tenter de garder contenance en public alors que tout se bouscule dans son esprit, que ce soit devant sa sœur alors qu'elle aperçoit Powell avec une autre, ou devant ses invités alors qu'elle est en train de défaillir intérieurement puisque son époux vient de la quitter après avoir eu vent de son stratagème. La scène des confessions est aussi très touchante, mais comme le film reste avant tout une comédie, d'autres rebondissements sont à prévoir, dans lesquels l'actrice s'en sort finalement tout aussi bien. Ann Harding trouve ainsi le parfait équilibre entre humour et émotion, tout en complexifiant son personnage autant que faire se peut: je suis donc à nouveau conquis et ne regrette nullement cette heure passée en sa compagnie.


Miriam Hopkins - The Stranger's Return: Avec Temple Drake et Design for Living la même année, on peut dire que 1933 fut un excellent millésime pour Miriam Hopkins, tout comme le fut 1931 auparavant. Toutefois, c'est pour ce film assez méconnu de King Vidor que je la nomme cette année, sachant que j'adore cette fiction intelligemment scénarisée, portée par une vision adulte des rapports humains et dotée de personnages complexes multidimensionnels qui piquent tous l'intérêt, à l'exception des deux cousines stéréotypées. Or, Miriam rend parfaitement justice à son rôle savoureux, en prenant bien soin d'en extraire tout ce qu'elle peut, sans jamais se départir de son fabuleux charisme. Elle trouve ainsi l'équilibre subtil entre fille de la campagne et citadine, la première étant constamment dotée de la classe acquise à la ville, la seconde sachant fort bien s'adapter à la société rurale qu'elle redécouvre, avec en point d'orgue la délicieuse scène de la tarte! Par ailleurs, c'est un réel plaisir de voir que l'actrice ne se pose jamais en victime alors qu'elle est plus ou moins traitée comme une étrangère dans sa propre famille, ce qui lui permet d'étoffer ses rapports avec les autres habitants de la ferme, dont Lionel Barrymore avec qui elle noue une complicité vivace qui débouche sur des échanges particulièrement savoureux. Enfin, Miriam prend le parti de ne pas faire montre de ses manières expansives plus habituelles, usant au contraire de toute sa subtilité pour bien correspondre à la tonalité du film, et renforcer par-là même la force de sa relation amoureuse avec Franchot Tone, ce qui est évidemment un très bon choix. On se retrouve alors avec un portrait très détaillé sur différents niveaux entre amour naissant, rapports familiaux, et réadaptation à un univers qu'on a quitté jadis, de quoi donner au spectateur le goût d'une performance complète fort bien analysée par l'actrice. Ce n'est donc pas pour rien que Miriam Hopkins est mon idole préférée, et à vrai dire, elle me donnerait presque envie d'apprendre à fumer rien que pour la voir me proposer une cigarette avec le même charme dont elle fait preuve envers Lionel Barrymore!


Mary Pickford - Secrets: Jusqu'à présent, je n'avais jamais apprécié Mary Pickford dans ses films parlants, entre le désastreux Coquette et sa Mégère apprivoisée un peu sèche, mais vraiment, sa dernière apparition dans Secrets est plus éblouissante que jamais, d'autant qu'elle lui permet d'user de ce qu'elle sait faire de mieux, à savoir jouer les jeunes filles à quarante ans passés, tout en offrant de nouvelles dimensions à travers le vieillissement progressif de son personnage. L'héroïne est ainsi développée sur trois époques différentes, au sein desquelles l'univers change d'ailleurs du tout au tout entre richesse et confort rudimentaire, et Pickford réussit parfaitement à lier tout ça avec une grande cohérence. Dans la première partie, elle est tout d'abord très drôle en jeune fille dynamique qui prend plaisir à flirter, l'air de rien, derrière son ombrelle et à l'abris des regards de son chaperon, et n'était le physique de quadra à présent assez affirmé, elle serait très crédible dans la jeunesse du personnage grâce à son comportement insouciant, sans compter qu'elle imprime dès le début l'idée qu'elle serait prête à tout sacrifier pour suivre un homme de condition modeste. Cela mène à une seconde partie radicalement différente où le couple est à présent installé dans une petite ferme du Far West, et dans laquelle Pickford s'adapte bien à cette vie difficile. Cependant, son véritable morceau de bravoure, c'est lors de l'attaque de la maison par des rivaux, où l'actrice livre l'un des sommets de sa carrière lorsqu'elle comprend que sa fille a été touchée par une balle perdue, avant de dire calmement "She's asleep", les larmes aux yeux, pour ne pas inquiéter son mari sur le moment. Après cette très grande réussite, la troisième partie intéresse légèrement moins, même si l'actrice crève une fois de plus l'écran lorsqu'elle est confrontée à la maîtresse de son mari, tout en faisant preuve d'une extrême dignité comme on pouvait l'attendre d'une grande dame à présent épouse d'un riche politicien. On se demande même comment Leslie Howard peut lui avoir préféré l'autre ne serait-ce que trente secondes! Quoi qu'il en soit, l'évolution du personnage reste très cohérente à travers ces différentes épreuves, et Mary Pickford brosse un portrait complet qui lui permet de clore sa carrière en beauté.


Barbara Stanwyck - The Bitter Tea of General Yen: Comme pour Miriam Hopkins, Barbara Stanwyck peut se targuer d'avoir régné sur l'année 1933 grâce à au moins deux grandes performances absolument dignes d'éloges: Baby Face et The Bitter Tea of General Yen. Je la trouve fabuleuse dans le premier, mais comme je nomme déjà Jean Harlow dans la version comique de la même histoire un an plus tôt, je choisis de parler de mon film favori de Frank Capra, dont les flots d'exotisme ne manquent pas de ravir le collectionneur de chinoiseries que je suis. Mais revenons surtout à Barbara qui est encore une fois éblouissante dans un rôle complexe, en l'occurrence celui d'une fiancée de missionnaire en pleine confusion des sentiments après avoir été enlevée par un général chinois. Dans un phrasé moderne et médical, il s'agit d'une véritable analyse du syndrome de Stockholm que livre ici l'actrice, qui nourrit justement le rôle de façon progressive en résistant très nettement à son attirance envers Nils Asther, avant de céder peu à peu. Ainsi, c'est avec une facilité déconcertante qu'elle passe du dégoût au désir, ce que résume parfaitement la célèbre séquence onirique où l'on ressent toutes ces émotions contradictoires qui bouleversent l'héroïne. D'autre part, Barbara a également, et ce n'est évidemment pas une surprise, le charisme nécessaire pour porter ce personnage volontaire qui n'hésite pas à défendre la concubine de son ravisseur, et à proposer sa propre vie en échange tout en défiant le mystérieux général du regard. Elle ne perd donc jamais une occasion d'étoffer son rôle, mais comment en douter lorsqu'on a affaire à Barbara Stanwyck? Quoi qu'il en soit, elle rend l'héroïne réellement poignante, surtout dans les dernières séquences, tout en participant à la remise en cause des pires clichés d'un orientalisme fantasmé afin de donner une image positive des sentiments entre une Occidentale et un (hélas faux) Asiatique, ce qui est plutôt osé pour un film de 1933. On peut alors critiquer l'emploi d'un acteur danois pour le rôle du général, mais il n'en reste pas moins que cette histoire d'amour est bouleversante, et tout particulièrement grâce à Barbara.


Ainsi, ma liste me donne l'occasion de conserver mes trois candidates de l'article 1932/1933, en y ajoutant Ann Harding et Mary Pickford dans deux très belles découvertes. Vais-je cependant rester sur la même lauréate? La réponse est...


Greta Garbo - Queen Christina

Oui! Sincèrement, Garbo donne la performance de l'année dans ce chef-d'oeuvre qu'est Queen Christina, très certainement mon film préféré de 1933, et ce tout en livrant l'un des deux plus grands sommets de sa carrière, aux côtés de sa fabuleuse Marguerite Gautier. Elle conserve donc son titre sans aucune hésitation, et ce en dépit d'une forte concurrence en face. Sa principale rivale reste toujours Miriam Hopkins pour ses trois excellents rôles de l'année, mais Barbara Stanwyck n'est pas loin derrière avec deux rôles tout aussi mémorables. Mary Pickford se classe quant à elle quatrième pour son magnifique chant du cygne, tandis que la toujours fascinante Ann Harding vient clore ce palmarès en beauté.

Et pour conclure, le classement fowlerien des performances...

dignes d'un Oscar: Greta Garbo (Queen Christina): voir ci-dessus. Miriam Hopkins (The Story of Temple Drake) (The Stranger's Return): pour le Vidor, voir ci-dessus. Pour Temple Drake, qu'il est impressionnant de voir à quel point l'actrice ne craint pas de composer un personnage relativement désagréable trempant au beau milieu d'un propos des plus sordides. Et malgré son statut de victime terrifiée, elle ajoute de multiples détails pour ne pas rendre l'héroïne immédiatement sympathique, ce qui est tout à son honneur. Barbara Stanwyck (Baby Face) (The Bitter Tea of General Yen): voir plus haut pour le Capra, mais que cela ne fasse pas oublier à quel point elle est fabuleuse dans Baby Face, où elle reprend le rôle de Jean Harlow dans Red-Headed Woman d'un point de vue tragique, en composant une héroïne prête à tout pour gravir les échelons, à grand renfort d'une vulgarité parfaitement assumée. Dans l'ensemble, le film est peut-être moins crédible que la comédie qui l'a précédé, mais Barbara tire le tout vers le haut avec un brio impressionnant.


dignes d'une nomination: Lillian Gish (His Double Life): l'occasion de découvrir une Lillian Gish comique qui, l'air de ne pas y toucher, réussit à être extrêmement drôle avec un naturel désarmant, notamment lorsqu'elle répond à Roland Young que peu lui importe sa véritable identité, du moment qu'il n'a pas commis de meurtre. Disons que pour une actrice traditionnellement tragique, le contraste est saisissant, avec en prime une certaine dose de tendresse qui lui va à ravir. Ann Harding (Double Harness): vraiment, une très bonne surprise que je vous invite à découvrir si ce n'est déjà fait. Miriam Hopkins (Design for Living): encore une excellente performance de la part d'Hopkins, cette fois-ci dans le registre comique où, sans atteindre les sommets du Lieutenant et Becky Sharp, elle rend parfaitement justice à cette jeune femme libre et dynamique qui se refuse à choisir entre deux hommes. Mary Pickford (Secrets): voir ci-dessus.


dignes d'intérêt: Claudette Colbert (I Cover the Waterfront) (Torch Singer): les films ne sont pas très bons, mais Colbert prouve à nouveau qu'elle est toujours à même de se hisser au-dessus du matériel pour sauver ce qu'elle peut, notamment par son dynamisme dans le premier. Dans Torch Singer, elle suggère parfois trop lourdement la tristesse du personnage, et devient trop manifestement gouailleuse après avoir été humble dans la première partie, mais son charisme et sa capacité à tisser une grande complicité avec son enfant rehaussent totalement l'ensemble de son travail. Betty Comspon Marian Marsh (Notorious but Nice): découvrant tout juste Marian Marsh, j'ai été vraiment  ravi de voir qu'elle joue plutôt bien, notamment lors du procès, et n'hésite pas à donner de l'énergie au rôle, en tenant par exemple tête à son patron, en dépit de quelques imperfections, dont sa façon de rire pour enchaîner sur des pleurs peu crédibles. Néanmoins, elle se fait entièrement voler la vedette par la fabuleuse Betty Compson, qui crève l'écran dans un rôle ambigu d'amie décontractée au grand cœur, et annonce par-là même de nombreux seconds rôles de wisecracking friends davantage passés à la postérité. Marion Davies (Going Hollywood): après une jolie entrée où elle brille par son charisme, on regrette qu'elle n'ait pas grand chose à se mettre sous la dent. Mais elle reste assez charmante pour donner envie d'y revenir de temps à autres. Marlene Dietrich (The Song of Songs): bien sûr, Marlene en paysanne prude et naïve n'a aucune crédibilité, même si son charisme est déjà prêt à percer sous ses grosses nattes, mais la deuxième partie plus dans sa zone de confort m'a vraiment plu, sans compter que ses larmes sur mon morceau favori de Tchaïkovski me rendent totalement partial. Irene Dunne (If I Were Free) (Ann Vickers) (No Other Woman): autant de films franchement ternes, d'où la divine Irene parvient toujours à sortir la tête haute par son jeu moderne et sa personnalité. Une préférence pour No Other Woman où sa présence à l'écran est magnétique, spécialement dans sa façon de tout faire passer par le regard. Glenda Farrell (Mystery of the Wax Museum): je n'attendais absolument rien de ce film ou de cette performance, mais force est de reconnaître que Glenda Farrell est plus qu'intéressante en journaliste dynamique prompte à mener l'enquête. Et même si la seule chose qu'on lui demande est de crier d'épouvante, ça ne l'empêche nullement de servir parfaitement le propos. Janet Gaynor (Adorable): bon, d'accord, elle est parfois totalement ridicule, principalement quand on croit qu'elle va forcer des portes à coup de pied de biche alors qu'elle se contente juste de frapper dans ses mains en musique, mais elle est malgré tout très dynamique sous ses minauderies. Disons qu'on est très loin de Jeanette MacDonald dans le genre princesse, mais pour une petite souris de la trempe de Gaynor, c'est un sommet. Katharine Hepburn (Little Women): une version vraiment mythique de Jo, porté par le dynamisme de l'actrice qui reste bien meilleure ici que dans Morning Glory, et préfigure même par ses larmes sa fabuleuse Alice Adams. Carole Lombard (Supernatural): j'avais peur que la jeune endeuillée du début manque de peps et reste assez renfrognée, mais dès qu'intervient la séance de spiritisme et que le personnage retrouve toute son énergie, la performance d'actrice devient de plus en plus intéressante. Myrna Loy (Penthouse): une fois encore, et sans aucune surprise, Myrna Loy m'a totalement ébloui via son naturel désarmant, son charisme, sa repartie et son extraordinaire capacité à créer une parfaite alchimie avec son partenaire. Dès lors, même sans grandes scènes expansives, elle brille de mille feux et prouve qu'elle mérite absolument de figurer dans mon top 10 intemporel. Esther Ralston (To the Last Man): comme pour Farrell, je n'aurais jamais pensé trouver là matière à satisfaction, alors qu'Esther Ralston est en tout point remarquable dans ce western, ajoutant plein d'énergie et de répondant au personnage, n'hésitant pas à se battre à l'occasion, et jouant bien la tristesse sans la rendre larmoyante. Dès lors, on s'intéresse vraiment à elle, et ce d'autant plus qu'elle fait preuve d'une réelle présence d'esprit. May Robson (Lady for a Day): plus de détails iciGinger Rogers (Professional Sweetheart): je ne garde pas forcément un très bon souvenir de ce film, dans lequel Ginger se promène en nuisette tout en essayant de se faire passer pour très sage afin de soigner sa carrière, mais à défaut d'être drôle, l'actrice est assez dynamique pour intéresser un minimum. Margaret Sullavan (Only Yesterday): un rôle très représentatif de ce que sait faire l'actrice, évitant constamment le mélodrame malgré sa tristesse, et gardant toujours un certain dynamisme. Sheila Terry (The Sphinx): qui l'eût cru? Une performance digne d'intérêt dans ce genre de films? Eh bien oui, l'actrice sachant parfaitement jouer, tout en étant dotée d'une bonne dose de charisme qui sert bien son personnage de journaliste. Mae West (I'm No Angel) (She Done Him Wrong): la quintessence de Mae West dans deux mauvais films, où elle en impose par son charisme et sa repartie cinglante, sans avoir peur une seule seconde de se jeter dans la gueule du lion! Loretta Young (Man's Castle) (Midnight Mary) (Zoo in Budapest): la preuve que 1933 fut également une formidable année pour Loretta, qui a au moins le mérite d'être très charmante dans le zoo hongrois, beaucoup plus piquante en accusée dans Midnight Mary, où je ne l'ai cependant pas aimée autant que la plupart d'entre vous, et vraiment touchante chez Borzage.


ratées mais dignes d'intérêt: Katharine Hepburn (Morning Glory): pour un avis détaillé sur sa performance, voir mon article 1932/1933. A part ça, je la classe dans cette catégorie spécifique car malgré toutes mes réserves à son égard, je préfère cent fois passer une soirée avec Kate dans Morning Glory qu'avec les performances suivantes, et son dynamisme reste de toute manière plus intéressant que la zone de confort des autres. Evalyn Knapp (Corruption): elle ne sait clairement pas jouer dès qu'on lui demande de pleurer, mais elle reste assez pétillante, notamment dans ses regards en coin, pour laisser une impression plutôt favorable. Colleen Moore (The Power and the Glory): elle est calme et touchante, dynamique bien qu'un peu quelconque dans la jeunesse de la dame, et assez frustrée dans sa vieillesse. Le problème, c'est que rien dans son jeu ne fait comprendre pourquoi le personnage réagit comme ça, spécialement dans sa scène d'explications avec Tracy, où elle reste trop atone pour apporter une liaison cohérente entre la femme aigrie et l'incurable désespérée qui suit. Elle est en tout cas assez développée pour être considérée comme un petit premier rôle. Diana Wynyard (Cavalcade): comme pour Hepburn, voir mon autre article, et comme pour Hepburn, je la classe également ici, car bien qu'elle soit franchement insupportable, elle a le mérite de bien restituer la hauteur de cette grande dame, tout en étant pas trop mal à la fin. En outre, le rôle est bien plus prestigieux que ses concurrentes suivantes, de quoi lui faire gagner quelques points.


sans saveur: Madge Bellamy (Gigolettes of Paris): techniquement, elle n'est pas mauvaise quoiqu'assez monocorde, mais elle est tellement quelconque qu'elle ne laisse finalement pas grand chose à dire sur sa performance. Alice Brady & Maureen O'Sullivan (Stage Mother): la seconde est assez insupportable, la première est dotée du meilleur rôle d'artiste ratée transformée en mère étouffante, mais vu la matière on regrette qu'elle ne soit pas plus mémorable. Janet Gaynor (State Fair): elle a quand même du répondant même si elle n'est pas loin d'être atroce lorsqu'elle force au maximum dans le registre petite fille. De toute façon, elle se fait rapidement éclipser par Louise Dresser. Leila Hyams (The Constant Woman): en toute honnêteté elle joue plutôt bien mais elle est tellement angélique qu'on se soucie peu d'elle à la fin, d'autant que Claire Windsor détient le meilleur rôle. Zita Johann (The Sin of Nora Moran): après avoir volé la vedette à tous les passagers de Luxury Liner, et après avoir refusé tous les scenarii proposés par la MGM sous prétexte que le studio produisait de gros navets, chose qu'elle a dit à Irving Thalberg en personne, on était en droit d'attendre quelque chose d'au moins intéressant de sa part. Sauf que non. Elle est totalement insipide dans la première partie, toujours prête à grimacer, et seule sa fermeté lors du procès parvient à sauver quelques meubles. Evalyn Knapp (His Private Secretary): contrairement à Corruption, elle pétille déjà beaucoup moins ici, au point qu'elle n'est pas vraiment mémorable, avec le recul. Lila & Gwen Lee (The Intruder): deux rôles féminins parfaitement inutiles, la faute à un scénario qui ne sait pas quoi en faire. Mais qu'attendre d'un tel navet de toute façon? Marian Marsh (A Man of Sentiment): alors, on sent bien une forte présence dès son entrée en scène, mais au fur et à mesure du film, ça commence à sentir le réchauffé tant ça lui demande peu de grain à moudre. Et le rôle est déjà moins intéressant que dans Notorious but Nice.


mauvaises et sans intérêt: Madge Bellamy (Riot Squad): le problème, c'est qu'elle donne toujours l'impression de jouer dans un film comique, ce qui n'est pas le cas, d'où un sentiment de déséquilibre assez prononcé. Sans compter qu'elle rate totalement sa dernière grande scène dramatique. Kathryn Crawford (Skyway): elle ne sait clairement pas jouer et grimace autant que faire se peut, au point qu'on n'arrive même pas à ressentir un minimum de sympathie pour son personnage. Sally O'Neil (By Appointment Only): elle surjoue tellement mal les jeunes filles qu'on se demande vraiment si elle a été jeune un jour, d'autant que sa vingtaine bien passée transpire vraiment sous ses gesticulations. Le pire, c'est qu'une fois son personnage devenu adulte, elle se comporte toujours comme si elle avait cinq ans... Anita Page (Jungle Bride): certes, le film est un gros navet, à côté duquel Four Frightened People passerait pour un très grand cru, mais ça n'empêche pas l'actrice de ne savoir nullement quoi faire de ses expressions, préférant lancer des regards vides de toute substance à la ronde. Diane Sinclair (Damaged Lives): une actrice monoexpressive dans un film atroce sur les maladies vénériennes. Brrrr.


catastrophiquesLora Baxter (Before Morning): bonheur! Elle est tellement mauvaise, et tout sonne tellement faux, qu'elle en devient absolument brillante! Son rire forcé, ses larmes pas du tout crédible, ses répliques mal récitées, son air constipé... tout est parfaitement malmené par l'actrice qui se paye en outre le luxe de massacrer le clou du spectacle, lorsqu'elle découvre la mort de son mari: un temps de latence, les mains sur le visage, le corps gondolé prêt à s'évanouir, le tout suivi de ce "Ouuuuuuh" passablement énervé avant de s'arracher les cheveux en s'écriant: "He is dead! I can't believe it! Snif snif snif." A vrai dire, elle donne envie de voir et revoir ce très mauvais film rien que pour guetter son prochain regard écarquillé. Quel dommage qu'elle n'ait d'ailleurs fait que cet unique film dans toute sa carrière.


à découvrir: Mary Astor (The Little Giant), Constance Bennett (Bed of Roses) (Our Betters), Joan Blondell (Goodbye Again), Nancy Carroll (The Woman Accused), Ruth Chatterton (Female) (Lilly Turner), Mae Clarke (Fast Workers) (Turn Back the Clock), Claudette Colbert (Three Cornered Moon) (Tonight Is Ours), Joan Crawford (Dancing Lady) (Today We Live), Henrietta Crosman (Pilgrimage), Bebe Daniels (Cocktail Hour) (Counsellor at Law), Marion Davies (Peg o' My Heart), Bette Davis (Ex-Lady) (Parachute Jumper) (The Working Man), Marie Dressler (Tugboat Annie), Irene Dunne (The Silver Cord), Madge Evans (Beauty for Sale), Glenda Farrell (Girl Missing), Kay Francis (I Loved a Woman) (The House on 56th Street), Ann Harding (When Ladies Meet), Jean Harlow (Bombshell) (Hold Your Man), Helen Hayes (The White Sister), Myrna Loy (The Barbarian) (The Prizefighter and the Lady), Una Merkel (The Women in His Life), Ginger Rogers (Chance at Heaven), Sylvia Sidney (Jennie Gerhardt) (Pick-Up), Barbara Stanwyck (Ladies They Talk About), Diana Wynyard (Men Must Fight), Fay Wray (One Sunday Afternoon), Loretta Young (Employee's Entrance) (Grand Slam) (She Had to Say Yes) (The Devil's in Love)


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2 commentaires:

  1. Je n'ai pas le temps de commenter tout de suite mais ... le nombre de films visionnés est impressionnant ainsi que la qualité des analyses !!!! A mon avis tu es très au dessus des véritables votants qui ne devaient pas avoir vu la moitié de ces films et qui se posaient certainement moins de questions !

    Merci, ça valait la peine d'attendre (mais si tu travailles comme cela pour chaque annéen on aura désormais un article tous les deux mois, au mieux !)

    The Constant Anonyme.

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    1. Merci pour le compliment en tout cas! Je n'ai pas réfléchi à la prochaine année, j'espère pouvoir poster un article courant octobre... Mais je vais être très pris...

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