samedi 29 août 2015

The Wild, Wild Rose (1960)


Hier soir, j'ai enfin découvert The Wild, Wild Rose, 野玫瑰之戀 / Yě méiguī zhī liàn en chinois, un titre original comprenant le mot "amour" que la traduction ne souligne pas; à savoir une comédie musicale hongkongaise de Wang Tian-lin, soit un film relativement oublié qui n'a même pas droit à sa page Wikipédia chinoise, mais sur lequel l'irremplaçable Anne Coumont a réussi à mettre la main avant de me le recommander chaudement. Sachant que j'adore les chinoiseries et le shídàiqǔ, cette rose sauvage dégageait de loin un parfum qui devait théoriquement me plaire. Qu'en a-t-il été?

Eh bien oui, je suis conquis. Tout d'abord parce que le film est une alliance réussie de comédie musicale et de film noir, a priori pas mes genres préférés mais qui réunis me font beaucoup plus palpiter que pris séparément. L'intrigue est ainsi rythmée par de succulents numéros musicaux qui ouvrent la voie à chaque nouveau rebondissement, et cette structure insuffle un incroyable dynamisme à l'ensemble, si bien qu'on ne s'ennuie jamais alors que tout se passe quasiment dans les mêmes décors pendant 80% du film. En fait, le réalisateur sait parfaitement comment utiliser le décor du bar en multipliant les prises de vues depuis divers recoins, et ne ménageant pas les gros plans sur son actrice principale dont la beauté n'enlève rien au plaisir, bien au contraire, de telle sorte qu'on a toujours l'impression de bouger entre ces quatre murs, y compris quand il n'y a pas de musique, d'où une impression de mise en scène aérée à défaut d'être absolument originale. Quoi qu'il en soit, les numéros sont dynamiques à souhait, l'actrice n'y étant pas pour rien, et le noir et blanc reste encore très bien photographié pour mettre en valeur l'atmosphère de désirs troubles et de séduction qui conduisent à une seconde partie plus sombre, ambiance idéale pour dériver vers du film noir et des passions dévorantes sur fond de triades héritées de la Chine des années 1930. A vrai dire, même la photographie d'extérieur, beaucoup plus rare en proportion, continue de mettre en valeur l'histoire, en particulier lors de la séquence de pluie devant la prison, et ces nombreux aspects excellents font du film une véritable réussite technique qu'on ne saurait que louer.

Cette réussite est mise au service d'un scénario excitant quoique peu novateur, l'histoire étant librement inspirée de Carmen, avec toutes les transpositions nécessaires pour bien coller à la scène hongkongaise des années 1950-60. On commence alors sur des intrigues de courtisanes typiques, la flamboyante chanteuse se mettant en tête de séduire son nouveau pianiste plus par jeu que par réel engouement, et j'apprécie absolument la franchise de l'héroïne qui précise à plusieurs reprises qu'elle tombe amoureuse de tous les hommes qu'elle rencontre et qu'aucune passion ne dure avec elle. Mais si l'on commence avec Carmen, avec à ses côtés un Don José pianiste à la moralité chancelante, une Micaëla et une mère affaiblie prêtes à tout pour le tirer des griffes de l'artiste tapageuse, et des gangsters tout juste sortis de prison en guise de brigands; on finit tout de même davantage avec La traviata, car contrairement à la sulfureuse Andalouse, Sijia est toujours amoureuse de Hanhua jusqu'au bout, et ne le rejette que pour le protéger de la triade qui fait pression sur elle. L'héroïne gagne ainsi en complexité, et observer le regard des dames évoluer à son égard lui donne finalement plus de profondeur qu'à la femme simplement volage de l'opéra de Bizet. L'adaptation du scénario est alors excellente en ajoutant à Carmen des fragments d'autres histoires d'amour célèbres, et le résultat se suit avec un intérêt constant.

La musique constitue de son côté une adaptation tout autant réussie, puisque les grands airs d'opéras sont ici joués et chantés à la façon d'un mambo, et le résultat reste si plaisant qu'il est extrêmement judicieux de revoir les plus grands succès de Sijia lorsque celle-ci remonte sur scène après avoir touché le fond. Grance Chang, qui interprète elle-même toutes les chansons du film, est d'ailleurs idéale pour incarner ce mélange savoureux d'opéra et de shídàiqǔ, et même si elle ne se risque pas à chanter les plus hautes notes du Un bel dì, vedremo de Madame Butterfly lorsqu'elle se déguise en Japonaise pour passer une nouvelle audition, ça ne pose aucun problème grâce au rythme bien plus vif de la réorchestration, qui a largement de quoi faire passer un excellent moment. Et puis la chanteuse a vraiment une très jolie voix, changeant de timbre au passage lorsqu'elle s'amuse à jouer le rôle d'un homme, et elle réussit absolument chaque passage dans plusieurs registres différents, le tout en sachant absolument comment occuper l'espace avec son corps pour éblouir comme les plus grandes interprètes de comédie musicale les plus célèbres. Le seul mini bémol de sa prestation, c'est qu'elle ne donne pas assez de vibrato à ses raclements de gorge lors de sa reprise de l'Habanera de Carmen, mais vu le degré d'éblouissement qu'elle atteint dans tout le reste, avec de si jolis aigus, on sera bien en peine de lui reprocher quoi que ce soit. Notons tout de même que si la musique fait la part belle aux airs d'opéra, les paroles sont quant à elles totalement modifiées pour mieux servir l'histoire, et moins détonner dans un cabaret, ce qui était évidemment le bon choix. Quant aux accords de guitare sans paroles lors de la plus grande scène de séduction du film, ils mettent si bien en valeur le désir fébrile des personnages qu'on ne souhaiterait rien d'autre pour agrémenter ce moment.


Réussi d'un point de vue musical, formel et scénaristique, The Wild, Wild Rose se devait encore d'être porté par une interprétation de haut niveau afin de clore le cercle vertueux. Et en toute honnêteté, ça fonctionne assez bien, même si aucun des personnage secondaire n'arrive à se hisser à la cheville de Grace Chang, sans qu'ils aient pour autant démérité. Il faut dire que Yang Chang doit volontairement s'effacer pour laisser briller sa partenaire, mais si son personnage de Don José un peu blafard finit par agacer à force de soumission puis de jalousie possessive, l'acteur est loin d'être mauvais en adaptant son jeu au personnage, tout en soulignant bien son évolution depuis le pianiste rangé très propre sur lui à l'alcoolique nerveux qui regrette de n'avoir pas saisi des opportunités pour vivre pleinement sa passion dévorante. Dans le rôle de la mère inquiète, Sha-Fei Ouyang est quant à elle excellente en faisant preuve d'une grande humanité et d'une ouverture d'esprit qu'on n'aurait pas soupçonnée de prime abord, au point qu'on finit vraiment par apprécier son personnage dans la deuxième partie. Ta Lei en vieil ami qui tente de sauver sa famille est également bon en ayant le droit de nuancer son caractère sympathique par de la colère qui arrive toujours à point nommé, tandis que Yun Shen en bonne copine pas née de la dernière pluie s'arrange pour laisser une forte impression avec le peu à sa disposition. En fait, le seul défaut du film, c'est Feng Su dans un rôle de Micaëla ennuyeuse comme la pluie et qui pleurniche à n'en plus finir, même quand on lui parle de choses qui n'ont rien à voir avec son histoire d'amour avortée: "Je te ressers du riz?" "Ouiiiiiinnnnnn! [Se cache le visage dans les mains.]" Je plaisante, mais j'exagère à peine. Ah oui, et les petits enfants d'Old Wang qui pleurnichent en cœur, et en rythme (!), devant leur mère qui fait sa diva sacrificielle en refusant les médicaments sont... insupportables!

Heureusement que Grace Chang est là pour leur servir de contrepoint dynamique. Et disons-le très clairement: sa performance est le meilleur aspect du film. Comme je le précisais tout à l'heure, le rôle est très riche, et beaucoup plus complexe que celui d'une simple courtisane incendiaire, et l'actrice lui fait absolument honneur dans tous les registres. Sa Carmen est ainsi tout autant volcanique que drôle (la scène du banc est à hurler de rire, sans rien à envier à la séduction hilarante d'une Barbara Stanwyck dans The Lady Eve!), tout aussi mesquine avec ses rivales que fidèle avec ses proches, et surtout, elle brûle la pellicule à chaque apparition, s'arrangeant même pour être plus séduisante et désirable qu'une Rita Hayworth en plein strip-tease sans pour autant avoir à retirer des gants. Quant à ses exploits scéniques, elle est aussi fabuleuse que toutes les grandes chanteuses américaines réunies, et sa capacité à faire évoluer ses émotions au rythme des chansons reste à louer mille fois, notamment ses larmes sur Madame Butterfly. Mais comme je le disais, Carmen devient davantage Violetta au fur et à mesure de l'intrigue, et sa façon de se laisser surprendre, sans le montrer, d'être tombée sincèrement amoureuse, est une bonne transition vers la seconde partie plus noire; tandis que sa grande scène de rejet contraint, tout en nervosité contenue et en larmes retenues qu'elle réserve aux seuls spectateurs, n'est pas indigne de ce que fit une Greta Garbo jadis, la théâtralité éclatante en moins. A vrai dire, même les tics de l'actrice (moues réprobatrices et main passée dans les cheveux) sont toujours extrêmement bien dosés, sans revenir trop souvent, de telle sorte que la performance ne semble jamais autrement que parfaitement maîtrisée. Quant à sa réaction à la gifle, qui pourrait sembler excessive à un public occidental, elle est en fait si bien ancrée dans les codes d'interprétation chinois que ça ne me pose aucun problème.

Bref, l'éblouissement est bel et bien là et cette interprétation est appelée à rester dans les mémoires pendant longtemps. L'occasion pour moi de vous dévoiler mon nouveau projet: comme je commence à tourner en rond à force de me baser exclusivement sur les dates de sortie des films aux Etats-Unis, lesquelles nous privent par-là même de nombreuses performances étrangères hélas jamais sorties là-bas à temps, je pensais allonger mes articles et proposer deux options à chaque fois, d'une part ma sélection "américaine", qui peut contenir des performances étrangères mais souvent en décalage d'une année par rapport à leur date de sortie d'origine; et d'autre part ma sélection "internationale" qui ne tiendra plus compte des frontières et m'obligera à choisir le meilleur de l'année dans un éventail bien plus vaste. Or, Grace Chang a d'ores et déjà sa place assurée dans la sélection internationale 1960. D'ailleurs, le film mériterait lui aussi distinction dans de multiples catégories, pour toutes les raisons énumérées qui en font une vraie réussite. Je ne suis néanmoins pas sûr que ce soit un chef-d’œuvre absolu comme vous le dira Anne, mais c'est néanmoins excellent et n'ai aucun reproche particulier à faire, ce qui me poussera à monter à un 8+, voire à 9 en fonction de ce que donnera un peu plus de recul. Je vous laisse en compagnie de Grace Chang.



lundi 24 août 2015

The Deer Hunter (1978)

Un film de Michael Cimino.
A l'origine, ce n'était pas du tout une priorité de parler de Voyage au bout de l'enfer, mais comme c'est un film que je n'envisage pas de revoir, autant noter mes impressions tant que c'est frais, avant que tout ne retombe dans l'oubli et m'empêche d'en parler en détail lorsque je traiterai des Orfeoscar 1978.

The Deer Hunter a ainsi eu la bonne idée d'être diffusé hier soir, d'où une visite spéciale à mon chat pour regarder la télé, afin de voir un film qui a priori ne me tentait pas, mais néanmoins indispensable pour comprendre l'époque post guerre du Vietnam perçue aux Etats-Unis. Avant toute chose, il me faut cependant évoquer deux points très subjectifs qui ne pouvaient que m'influencer lors du visionnage: d'une part, je n'aime pas, mais vraiment pas, les films de guerre, et contrairement à la grande-duchesse de Gérolstein, je n'ai pas non plus une grande passion pour les militaires, tout du moins ceux qui choisissent spontanément d'aller se battre en quelque endroit que ce soit ou de se divertir en tuant du gibier. D'autre part, je ne connais strictement rien à l'histoire contemporaine et plus précisément à la guerre du Vietnam, je n'ai jamais suivi les débats à ce sujet, je ne sais pas ce qu'a dit Jane Fonda sur la question et tout cela m'intéresse finalement bien peu; à tort, certainement, mais je suis plus intéressé par le XVe que par le XXe siècle, c'est comme ça. En somme, je n'avais pas particulièrement envie de voir ce film, mais comme c'était incontournable pour étoffer ma culture cinématographique des 70's, il m'a bien fallu passer outre mes réticences et tenter l'aventure le temps d'une soirée. Pour quel résultat?

Eh bien contre toute attente, l'impression est plutôt positive, même si beaucoup de points me laissent perplexe. On dira pour commencer que le film accuse son temps: ça n'a pas si mal vieilli que ça, mais ça garde un esprit très 70's auquel je suis assez peu sensible, tout en ayant pu en apprécier la saveur grâce à des qualités techniques. En effet, The Deer Hunter reste malgré tout bien mis en scène, et l'on relèvera entre autres plusieurs jeux plaisants sur des miroirs qui soulignent la dualité d'une séquence (Meryl Streep arrivant tranquillement dans une pièce dans un reflet, puis se faisant gifler dans le vrai plan, ou découvrant plus tard le traumatisme de Robert De Niro alors qu'elle s'attendait visiblement à passer une nuit agréable avec lui de l'autre côté de la glace), et qui renforcent à plus grande échelle le propos général du film, entre les joies d'avant et les traumas d'après, le tout dans la même petite ville de Pennsylvanie dont seule la partie centrale nous aura éloignés quelques instants. D'autre part, les scènes de chasse prennent des accents quasi lyriques dans leur façon d'être filmées et par le choix de la musique de ces moments, ce qui témoigne d'un réel effort de mise en scène qu'on ne peut que saluer. Et pour rester dans le domaine musical, l'évolution est également savamment choisie entre le "Can't Take My Eyes Off You" guilleret de la première partie et le "God Bless America" lourd de sens de la troisième. En fait, ces choix servent bien un scénario qui reste quant à lui cohérent dans ses grandes lignes, au prix d'une division en trois actes (le mariage, la guerre, ses conséquences), et j'ai par ailleurs apprécié que The Deer Hunter soit moins un film de guerre qu'une histoire sur les conséquences psychologiques de la guerre. On nous épargne ainsi les stratégies militaires pour se concentrer sur l'humain, et c'est évidemment beaucoup plus intéressant.

Malheureusement, pour d'indéniables qualités, le film souffre aussi de nombreux problèmes qui en altèrent sa force. En premier lieu, certaines séquences sont beaucoup trop longues, parfois au point de faire patiner l'intrigue et perdre le spectateur dans un océan de tranches de vie quotidienne qui n'apporte absolument aucun élément pour éclairer le thème du film. Sérieusement, combien de temps est-il possible de tenir devant des gens qui dansent à un mariage? Quelques minutes pour montrer que les héros sont comme tout le monde avant de partir en guerre, d'accord, mais pas trois-quarts d'heure rien qu'avec des pas sur la piste, quelques verres avalés ça et là et une main aux fesses. De même, quel intérêt de se focaliser pendant dix minutes sur une route déserte pour découvrir, suspense, suspense (!) si le groupe d'amis va finalement faire demi-tour pour faire monter le gros lent qu'ils ont laissé dans le fossé après avoir uriné partout? En toute honnêteté, la séquence du bar où les hommes boivent entre eux alors qu'un archétype de matriarche vient faire la morale à son fils chéri en révèle beaucoup plus sur le quotidien des héros en seulement cinq minutes que toutes les séquences suivantes bien trop longues, et qui ennuient à mourir pour révéler finalement un certain manque de maîtrise de la part des scénaristes.

Ces mêmes scénaristes, justement, auraient également pu simplifier certains rebondissements auxquels on ne peut tout bonnement pas croire même si l'on ne connaît rien à la guerre. Par exemple, comment admettre que dans la séquence au Vietnam, deux prisonniers parviennent à abattre tous leurs geôliers armés jusqu'aux dents sans jamais être touchés par les multiples rafales qui les visent depuis chaque coin du cabanon? Et combien de temps un personnage peut-il passer à s'enrichir en jouant à la roulette russe alors que l'histoire suggère bien qu'il exerce une telle activité depuis au moins plusieurs mois? A propos de cette fameuse roulette russe, je sais que c'est un sujet de controverse puisque certains historiens contestent l'existence de tels paris dans les zones de guerre vietnamiennes, et pensent qu'il est dommage d'avoir réduit cette même guerre à cet unique élément. Personnellement, ça ne me pose pas problème puisque les séquences de paris, absolument insoutenables, donnent toute sa force à la narration et justifient amplement les traumatismes subis par les soldats, mais on aura quand même du mal à croire qu'un personnage arrive à gagner sa vie aussi longtemps avec si peu de chances de survie à chaque fois. D'ailleurs, justifier que ce personnage en arrive à de telles extrémités après-guerre, dans le seul but d'envoyer de l'argent à qui de droit afin de se faire pardonner pour une affaire franchement légère par rapport au reste de l'histoire, ne me semble pas très heureux.

Autrement, je sais que John Cazale était en phase terminale au moment du tournage, mais à moins que son rôle ait été réduit pour ces raisons, je n'ai pas vraiment compris ce que son personnage apportait à l'intrigue dans la fameuse première partie qui traîne en longueur. Mais ceci n'est qu'un défaut mineur qui n'est peut-être dû qu'à un manque de compréhension de ma part, et dans l'ensemble, le film atteint parfaitement son objectif en révélant les traumatismes subis par les soldats pendant la guerre. Pour incarner un sujet aussi sérieux, il fallait que l'interprétation soit à la hauteur, et en toute honnêteté, je suis absolument conquis. Robert De Niro porte en effet la majeure partie du film sur ses épaules en faisant le choix d'une sobriété intense où aucun sentiment ne semble jamais appuyé, même dans les scènes de terreur les plus "jouées", et cette approche est constamment excellente puisqu'on est touché par l'humanité d'un personnage auquel on croit parfaitement sans que l'acteur disparaisse derrière ses traits. D'autre part, j'ai longtemps eu peur que l'Oscar de Christopher Walken soit davantage le fruit d'un surjeu qui ne m'aurait pas étonné de sa part dans un tel rôle, mais heureusement, il n'en est rien, et l'acteur est toujours très bon sur les trois heures de film, mais à mon avis davantage dans la première partie où il joue au gars simple d'une petite ville, qui prend plaisir à s'amuser pour masquer les inquiétudes que lui cause son départ immédiat. John Savage est lui aussi bon quoiqu'un peu éclipsé par le charisme de ses co-stars, mais sa dernière grande scène à l'hôpital est vraiment très réussie, sans rien d'appuyé, ce qui était évidemment le bon choix. Quant à Meryl Streep, on comprend aisément que pour son seulement deuxième film elle ait fait sensation: à chaque apparition, elle sait absolument comment donner plusieurs dimensions à son personnage, et sa performance apparaît ainsi comme très riche, malgré toutes ses réussites futures qui tendent à présent à éclipser ces débuts fort prometteurs. Néanmoins, j'ai une petite réserve concernant ce rôle, car tout joliment orné soit-il, j'ai tout de même l'étrange impression de voir une actrice anxieuse de bien jouer chaque émotion, et sa technique n'en est que trop apparente. Or, le personnage est si quelconque que trop de technique ne lui sied pas particulièrement. Ça reste néanmoins une performance plus qu'honorable, qu'on se le dise.

Je pense avoir fait le tour d'horizon des impressions que m'a laissé le film. J'ajouterai que ses nominations reçues dans les catégories de montage, son et photographie me semblent méritées même si c'est loin d'être ce qui m'a le plus marqué, et je n'aurais clairement pas élu The Deer Hunter comme meilleur film de l'année bien que la citation reste possible dans l'immédiat, tandis que le scénario a peu de chances de passer le cap par rapport aux points énoncés à l'instant. Après, je ne suis pas en mesure de vous donner mon avis sur les nombreuses controverses du film vu que je n'ai pas de connaissances historiques sur la question, et que je n'ai pas envie de le revoir pour déterminer s'il y a du racisme ou non, ou si c'est aussi "manipulateur" que certains le disent, ce terme étant utilisé à tort et à travers de nos jours. A mon avis, The Deer Hunter est une petite réussite servie par des effets de mise en scène intéressants et une interprétation de haut niveau, ce qui lui vaut un petit 7/10 malgré de nombreuses réserves.

jeudi 20 août 2015

Inventaire 1972


Sur la vingtaine de films vus actuellement, 1972 s'annonce comme une année riche en chef-d’œuvres, et c'est tant mieux! Qu'en est-il dans le détail?

Butterflies Are Free: de Milton Katselas, produit par Mitchell Frankovich, avec Goldie Hawn, Edward Albert et Eileen Heckart. Scénario de Leonard Gershe d'après sa propre pièce.
Nominations possibles: un gros coup de cœur pas du tout prévu pour ce petit film aussi drôle que touchant, mais peut-être un peu trop théâtral pour prétendre être nommé dans la catégorie la plus prestigieuse, bien que le réalisateur sache absolument comment utiliser l'espace étroit de l'appartement. En tout cas, le scénario me plaît énormément et l'adaptation semble vraiment fraîche, alors nomination plus que probable dans cette catégorie. De même, citations assurées pour les actrices, toutes deux excellentes, entre une Goldie Hawn lumineuse et dynamique et une Eileen Heckart envahissante mais capable d'autodérision (la pomme!), les deux étant d'ailleurs en mesure d'éclipser Edward Albert, pourtant bon de son côté. Enfin, je suis d'accord avec la nomination pour la meilleure photographie, Charles Lang ayant su comment sublimer les lignes du toit ou la couleur des graffitis. Et je soutiens également la nomination pour le meilleur son, essentiel pour profiter pleinement des jolies chansons à la guitare.


Cabaret: de Bob Fosse, produit par Cy Feuer, avec Liza Minnelli et Michael York. Scénario de Jay Presson Allen d'après des pièces et histoires de Joe Masteroff, John Van Druten et Christopher Isherwood.
Nominations possibles: le grand chef-d’œuvre américain de l'année, et l'une des plus grandes comédies musicales jamais filmées, qui éblouit aussi bien sur le plan du divertissement que sur le plan politico-historique, à nommer impérativement comme meilleur film, meilleur réalisateur et meilleur scénario adapté. Les acteurs sont tous très bons, en particulier Liza Minnelli qui domine le film et donne l'une des plus grandes performances de l'histoire du cinéma, alors que je ne suis pas son plus grand fan en général; mais j'envisage également une nomination pour Michael York, vraiment naturel et touchant dans un rôle sympathique, et pour Marisa Berenson, qui me fait hurler de rire tellement on dirait moi à seize ans, quand j'étais aussi insupportable qu'évaporé. Par contre, pour les seconds rôles masculins, ma préférence va à Fritz Wepper, n'ayant jamais trop compris l'Oscar pour Joel Grey, tout dynamique soit-il. Enfin, Cabaret étant absolument parfait, j'ai réellement envie de le nommer partout: montage, photographie, décors, costumes, maquillage, son, musique adaptée et meilleures chansons originales, le film en comptant deux: "Mein Herr" et "Maybe This Time", deux airs essentiels qui passent leurs temps à repasser l'un devant l'autre dans ma liste.


Le Charme discret de la bourgeoisie: écrit et réalisé par Luis Buñuel, produit par Serge Silberman, avec Delphine Seyrig, Fernando Rey et Stéphane Audran. Coécrit par Jean-Claude Carrière.
Nominations possibles: et hop, un deuxième chef-d’œuvre prodigieux pour cette année, qui a bien mérité son Oscar du meilleur film étranger et aurait même mérité de remporter le prix du scénario original pour ces jeux délicieux sur l'absurde (la séquence du théâtre est sans doute la plus jouissive de toutes!), et ce portrait incroyablement véridique de la bourgeoisie à la française. Les acteurs sont quant à eux très bien distribués, et si Fernando Rey et Julien Bertheau héritent des personnages les plus croustillants, on se félicitera de retrouver une Stéphane Audran superbement odieuse et une Delphine Seyrig à la voix divine. Malgré tout, je ne pense pas que les performances soient essentielles dans un film qui brille avant tout pour son histoire et sa mise en scène, aussi mes autres nominations iraient-elles davantage vers le montage, la photographie, les décors et costumes, et peut-être vers d'autres catégories techniques.


The Effects of Gamma Rays on Man-in-the-Moon Marigolds: produit et réalisé par Paul Newman, avec Joanne Woodward et Nell Potts. Scénario d'Alvin Sargent d'après une pièce de Paul Zindel.
Nominations possibles: un film qui m'avait laissé un sentiment mitigé après le fascinant Rachel, Rachel, et je voudrais lui redonner une chance pour vérifier si des nominations sont effectivement possibles, outre pour Joanne Woodward, vraiment bien dans un rôle fort peu séduisant. Nell Potts est quant à elle vraiment mignonne, mais c'est peut-être assez facile de l'être quand on est filmé par ses propres parents. Je pose la question.


Frogs: de George McCowan, produit par George Edwards et Peter Thomas, avec Ray Milland. Scénario de Robert Hutchison et Robert Blees.
Nominations possibles: euh... prix de la meilleure affiche avec une main qui sort de la bouche d'une grenouille? Prix de la meilleure idiote en dentelle rose qui se promène avec un filet à papillons au milieu de reptiles?


The Godfather: réalisé par Francis Ford Coppola, produit par Albert Ruddy, avec Al Pacino et Marlon Brando. Scénario de Mario Puzo et Francis Ford Coppola, d'après un roman de Puzo.
Nominations possibles: je reconnais que c'est un très bon film, mais je n'en aime que certaines parties, et suis de toute façon assez insensible aux histoires exclusivement masculines, a fortiori quand elles se passent dans la mafia et sont mises en scène de façon quelque peu mafieuse par un réalisateur prêt à utiliser jusqu'à son vingt-cinquième cousin par alliance pour le créditer quelque part dans le générique, méthode néanmoins fortement efficace pour un tel sujet. Cependant, il faut savoir être objectif, et j'admets que si The Godfather ne mérite pas, à mon sens, d'être continuellement considéré comme le meilleur film de tous les temps par la moitié des internautes (dans des listes qui en disent long sur la priorité systématique donnée aux "films d'hommes"), ça mérite pourtant bel et bien des nominations à peu près partout: film, réalisateur, scénario adapté, montage, photographie, costumes, son, musique et bien entendu dans les catégories interprétatives. Dans celles-ci, il me faudrait revoir tout ça pour me refaire une idée des seconds rôles, mais je suis absolument certain que chez les meilleurs acteurs, Al Pacino méritait absolument l'Oscar cette année-là pour sa brillante manière de faire évoluer le personnage, et ce loin devant Marlon Brando que je trouve juste bon, mais pas exceptionnel. La fraude intervenue aux Oscar pour le placement de Pacino reste à juste titre l'une des plus injustes de l'histoire du palmarès.


The Heartbreak Kid: réalisé par Elaine May, produit par Edgar Scherick, avec Charles Grodin, Cybill Shepherd et Jeannie Berlin. Scénario de Neil Simon d'après A Change of Plan de Bruce Jay Friedman.
Nominations possibles: un film qu'on suit sans déplaisir aucun mais qui a du mal à me séduire autant que d'autres. J'aimerais le revoir car peut-être y aura-t-il une place à prendre du côté du scénario, et j'aurai également besoin de me rafraîchir la mémoire concernant Eddie Albert, ayant surtout regardé cette comédie pour Jeannie Berlin, laquelle s'acquitte assez bien d'un rôle ingrat mais que j'ai du mal à trouver drôle, d'autant que le personnage est si peu distingué qu'elle m'angoisse plus qu'autre chose. Quant à Cybill Shepherd, sa beauté est hélas inversement proportionnelle à son talent, mais elle se rattrape si bien dans la première catégorie qu'elle me donne toujours envie d'être indulgent. Je suis faible.


Heat: de Paul Morrissey, produit par Andy Warhol, avec Sylvia Miles. Scénario de John Hallowell et Paul Morrissey.
Nominations possibles: une seule et unique, ayant déjà parlé de cet océan de néant artistique ailleurs, et ce sera bien sûr pour Sylvia Miles, absolument éblouissante de charisme dans une performance qui fait le film à elle seule. C'est aussi l'occasion de la voir autrement que dans des caméos, ce qui fait plaisir vu que sa personnalité larger than life ne demandait que ça.


Jeremiah Johnson: de Sydney Pollack, produit par Joe Wizan, avec Robert Redford. Scénario d'Edward Anhalt et John Milius, d'après Mountain Man de Vardis Fisher.
Nominations possibles: un western joliment filmé qui ne m'a toutefois pas marqué outre mesure. Par contre, la nomination est assurée du côté de la photographie, tout simplement splendide.


Lady Sings the Blues: réalisé par  Sidney Furie, produit par James White, Brad Dexter et Jay Weston, avec Diana Ross. Scénario de Chris Clark, Suzanne de Passe et Terence McCloy d'après l'autobiographie de Billie Holiday, coécrite par William Dufty.
Nominations possibles: l'archétype du mauvais biopic musical qui s'éternise en longueur pour raconter des choses de façon linéaire, mais qui aura ses chances avec les costumes, les décors et la musique adaptée. Par contre, je pose mon veto pour le scénario, inintéressant au possible, et pour Diana Ross, que je ne déteste pas autant que tout le monde dans cette performance, mais qui alterne beaucoup trop souvent entre des moments solides et des passages très maladroits pour être considérée comme l'une des meilleures actrices de l'année.


Ludwig: de Luchino Visconti, produit par Dieter Geissler et Ugo Santalucia, avec Helmut Berger et Romy Schneider. Scénario original de Luchino Visconti, Enrico Medioli et Suso Cecchi D'Amico.
Nominations possibles: un chef-d’œuvre, éligible pour les Oscar 1973 et qu'on retrouvera certainement comme meilleur film étranger tant ça resplendit de beauté sans jamais ennuyer, malgré ses quatre ou cinq heures de film. A cela, il faut évidemment ajouter des citations pour la photographie (!), les décors, coiffures et costumes, ainsi que pour certains acteurs, vraisemblablement Helmut Berger qui souligne bien le refoulement du personnage jusqu'à une sorte de folie décadente. Trevor Howard et Silvana Mangano ont également des rôles croustillants mais pour moi, la lumière du film reste Romy Schneider, éclatante de charisme et de mélancolie dans ce qui reste sans mauvais jeu de mots le rôle de sa vie, aussi bien du point de vue de sa carrière après la version saccharose des années 1950, que d'un point de vue personnel connaissant les drames qui l'ont affectée. Et je pense vraiment qu'il s'agit d'une très bonne interprétation avec tout ce qu'il faut de suggestion et de colère contenue.


Madame Sin: réalisé par David Greene, produit par Lew Grade, Lou Morheim, Robert Wagner et Julian Wintle, avec Bette Davis. Scénario de David Greene et Barry Oringer.
Nominations possibles: euh... prix du meilleur hélicoptère qui tente de noyer le poisson en filmant des routes désertes pendant dix minutes quand l'histoire ne sait plus quoi raconter?


Nybyggarna: réalisé par Jan Troell, produit par Bengt Forslund, avec Liv Ullmann et Max von Sydow. Scénario de Jan Troell et Bengt Forslund d'après un roman de Vilhelm Moberg.
Nominations possibles: à l'image du premier opus, un chef-d’œuvre qui à mon avis le surpasse, à nommer comme meilleur film étranger, meilleure photographie avec cette nature sublimée, et comme meilleure actrice pour Liv Ullmann, peut-être encore plus inspirée ici que dans l'épisode précédent. A revoir, néanmoins, pour me refaire une idée de Max von Sydow et des autres catégories.


Pete 'n' Tillie: de Martin Ritt, écrit et produit par Julius Epstein, avec Walter Matthau, Carol Burnett et Geraldine Page. D'après Witch's Milk de Peter De Vries.
Nominations possibles: honnêtement, c'est plus sinistre que drôle, et Geraldine Page en fait des tonnes, mais pas dans le bon sens...


Play It Again, Sam: réalisé par Herbert Ross, produit par Arthur Jacobs, écrit et interprété par Woody Allen, avec Diane Keaton.
Nominations possibles: une comédie qui accuse son temps mais qui reste éminemment sympathique, et qu'il me faudrait revoir pour savoir si ça peut être nommable dans des catégories mineures. Peut-être meilleur scénario? Je ne sais plus.


The Ruling Class: de Peter Medak, produit par Jules Buck et Jack Hawkins, avec Peter O'Toole. Scénario de Peter Barnes d'après sa propre pièce.
Nominations possibles: une autre comédie sympathique mais qui ne m'a pas laissé un souvenir impérissable. Une deuxième chance serait la moindre des choses, mais a priori, on garde Peter O'Toole dans ma liste, ne serait-ce que pour son dynamisme et son exubérance.


Sleuth: de Joseph L. Mankiewicz, produit par Morton Gottlieb, avec Michael Caine et Laurence Olivier. Scénario d'Anthony Shaffer d'après sa propre pièce.
Nominations possibles: un grand duel d'acteurs, mais aussi une histoire captivante fort bien mise en scène, qui pourrait être envisageable comme meilleur film en fonction des places disponibles, meilleur réalisateur, meilleurs acteurs pour les deux héros qui se défient de façon fort jouissive, meilleur scénario pour cette histoire excitante à souhait, et meilleurs décors, en particulier pour les intérieurs. Peut-être meilleure musique, également, qu'il me faudrait réécouter pour mieux en juger.


Sounder: réalisé par Martin Ritt, produit par Robert Radnitz, avec Paul Winfield et Cicely Tyson. Scénario de Lonne Elder III d'après un roman de William Armstrong.
Nominations possibles: honnêtement pas un film que j'ai particulièrement aimé encore que ce soit bien filmé, et bien que je sois de ceux qui trouvent de l'intensité à Cicely Tyson, je ne suis tout de même pas convaincu qu'elle méritait nomination pour une caractérisation aussi mince. L'ennui, c'est que je ne me souviens plus de la performance de Paul Winfield, pourtant doté d'un rôle bien plus étoffé, alors à revoir de toute manière, pour voir si l'ensemble peut-être nommé quelque part. Peut-être scénario ou photographie, me semblait-il à l'époque.


Travels with My Aunt: de George Cukor, produit par James Cresson et Robert Fryer, avec Maggie Smith. Scénario de Jay Presson Allen et Hugh Wheeler d'après un roman de Graham Greene.
Nominations possibles: j'avais détesté jadis, et ne l'ai pas revu depuis, mais je me souviens que les décors et costumes méritaient quand même distinction. De mémoire, je n'ai jamais rien eu contre la performance de Maggie Smith, bien adaptée au registre concerné, mais ce n'est pas pour autant un type de jeu ou de personnage que j'aurais eu envie de nommer.


Viskningar och rop: écrit, produit et réalisé par Ingmar Bergman, coproduit par Lars-Owe Carlberg, avec Liv Ullmann, Ingrid Thulin, Harriet Andersson et Kari Sylwan.
Nominations possibles: chef-d’œuvre incontestable, et peut-être mon Bergman préféré avec les Fraises sauvages. Indispensable comme meilleur film étranger, meilleur scénario original, et meilleurs montage, photographie, décors, costumes et coiffures. Quant à l'interprétation, c'est un feu d'artifice et le quatuor d'actrices mériterait absolument d'être cité. Mais dans quelles catégories? En général, j'ai plutôt Sylwan et Andersson comme seconds rôles, mais c'est assez contestable pour la seconde. La structure du film est telle qu'il est difficile de trancher, et j'hésite quant à savoir quel personnage me plaît le plus parmi les deux sœurs bien portantes, entre Liv Ullmann et sa perversité refoulée et Ingrid Thulin et son verre pilé. Quoi qu'il en soit, ce film est absolument parfait et j'ai presque envie de décerner un prix d'interprétation spécial pour les quatre actrices.


mardi 4 août 2015

Inventaire 1941


1941 est pour moi la dernière grande année hollywoodienne, l'entrée en guerre ayant quelque peu changé le ton au cinéma, via un foisonnement de films patriotiques bien loin d'avoir mon affection, lesquels ont ensuite cédé la place aux héros alcooliques, aux folles et aux films noirs, l'essence même des années 1940, soit autant de genres qui ne sont pas exactement ce qui me touche le plus. Par bonheur, 1941 reste une année excitante dans tous mes registres préférés, et voici la liste dans l'immédiat:


Back Street: de Robert Stevenson, produit par Bruce Manning (Universal), avec Margaret Sullavan et Charles Boyer. Scénario de Bruce Manning et Felix Jackson d'après un roman de Fannie Hurst.
Remarques: une version étonnamment plus datée que celle de 1932, qu'on suit néanmoins avec intérêt mais qui peine à marquer les esprits. Peut-être un petit quelque chose du côté des costumes ou du maquillage, mais ce sera tout.
Nominations possibles: costumes, maquillage.


Ball of Fire: réalisé par Howard Hawks, produit par Samuel Goldwyn, avec Gary Cooper et Barbara Stanwyck. Scénario de Charles Brackett et Billy Wilder sur une histoire originale de Billy Wilder et Thomas Monroe.
Remarques: c'est loin d'être ma comédie préférée de l'année, ou dans la filmographie de Hawks où Bringing Up Baby garde ma préférence, mais ça regorge de multiples qualités qu'on ne saurait snober, notamment du côté de Gary Cooper, vraiment rafraîchissant en professeur étonné, et par-là même bien plus cool que dans Sergeant York; du côté du scénario pour la parodie de Blanche-Neige et le balancement très drôle entre deux milieux n'ayant rien à voir; du côté des décors pour le salon cossu et la salle de danse; et du côté de la chanson originale pour "Drum Boogie". La lumière du film reste néanmoins Barbara Stanwyck, en particulier pour son entrée brillante dans le sanctuaire des encyclopédistes, mais comme elle est encore meilleure ailleurs la même année...
Nominations possibles: Cooper, Stanwyck, scénario, décors, chanson.


Blossoms in the Dust: produit et réalisé par Mervyn LeRoy, coproduit par Irving Asher (MGM), avec Greer Garson et Walter Pidgeon. Scénario d'Anita Loos sur une histoire de Ralph Wheelwright.
Remarques: le scénario n'est pas très convaincant (le suicide) mais Greer Garson sait comment sauver les meubles, sans qu'elle ait aucune chance de compter parmi les finalistes. Restera peut-être quelque chose pour les décors, les costumes et le maquillage en fonction des places disponibles.
Nominations possibles: décors, costumes, maquillage.


Cheers for Miss Bishop: réalisé par Tay Garnett, produit par Richard Rowland, avec Martha Scott. Scénario de Stephen Vincent Benet, Adelaide Heilbron et Sheridan Gibney d'après un roman de Bess Streeter Aldrich.
Remarques: ce n'est vraiment pas un grand film, et Martha Scott échoue péniblement à m'intéresser. Mais la musique y est effectivement réussie, et le vieillissement de l'héroïne reste assez crédible, aussi pourrait-on citer ce film à l'occasion si la concurrence n'est pas trop rude dans ces catégories.
Nominations possibles: maquillage, musique.


Citizen Kane: produit, interprété et réalisé par Orson Welles (RKO), avec Joseph Cotten et Dorothy Comingore. Scénario original d'Orson Welles et Herman Mankiewicz.
Remarques: évidemment, c'est un chef-d’œuvre, c'est à la fois parfait et extrêmement novateur pour l'époque, mais j'avoue que depuis le premier visionnage en 2009, je n'ai jamais eu envie d'y goûter à nouveau. Reste tout de même un candidat de choix comme meilleur film, meilleure mise en scène, vraiment sensationnelle; meilleur scénario, à la hauteur de sa réputation; meilleurs montage, photographie (!), décors (!), costumes, effets spéciaux et maquillage; et encore meilleurs son, musique, et chanson pour l'aria de "Salammbô". Quant à l'interprétation, ça méritera revisite car je ne me souviens plus du tout de la performance de Joseph Cotten qu'on cite régulièrement, et n'ai plus de souvenirs très détaillés de celle d'Orson Welles, qui de toute façon ne repartira pas bredouille quand bien même il n'y aurait pas de place dans cette catégorie.
Nominations possibles: film, Welles, scénario, montage, photographie, décors, costumes, maquillage, effets, son, musique, chanson.


The Devil and Miss Jones: réalisé par Sam Wood, produit par Frank Ross (RKO), avec Jean Arthur et Charles Coburn. Scénario original de Norman Krasna.
Remarques: une comédie bien sympathique à défaut d'être éblouissante, que je nommerai volontiers pour son scénario. Les acteurs sont quant à eux très bons mais Jean Arthur n'a aucune chance, tandis que Charles Coburn me semble bien plus lead que supporting, et pas sûr d'avoir assez de places dans cette catégorie.
Nominations possibles: Coburn, scénario.


Dr. Jekyll and Mr. Hyde: produit et réalisé par Victor Fleming, coproduit par Victor Saville (MGM), avec Spencer Tracy, Ingrid Bergman et Lana Turner. Scénario de John Lee Mahin d'après le roman de Robert Louis Stevenson et l'adaptation précédente de Percy Heath et Samuel Hoffenstein.
Remarques: c'est beaucoup moins puissant que  la version de Mamoulian, et Spencer Tracy ne saurait égaler Fredric March, mais c'est excellent d'un point de vue technique, en particulier grâce à une photographie prodigieuse, aux décors, au maquillage et à la musique. Certains choix de mise en scène mériteraient quant à eux récompense mais le résultat général un peu décevant risque de plomber les chances de Fleming, tandis que les costumes sont éventuellement envisageables en fonction de la compétition en face.
Nominations possibles: photographie, décors, maquillage, musique.


Dumbo: produit par Walt Disney, scénario de Joe Grant et Dick Huemer d'après un livre d'Helen Aberson et Harold Pearl.
Remarques: j'ai beau rester un inconditionnel des longs métrages Disney même à 27 ans, je n'ai jamais vraiment aimé Dumbo, qui a beaucoup plus mal vieilli que Bambi et Pinocchio, par comparaison avec les autres films de la même période. Mais une nomination reste assurée pour la ballade "Baby Mine", diffusée lors du passage le plus triste.
Nominations possibles: chanson.


The Flame of New Orleans: produit et réalisé par René Clair, coproduit par Joe Pasternak (Universal), avec Marlene Dietrich et Theresa Harris. Scénario original de Norman Krasna.
Remarques: ça ne vole pas très haut mais ça se regarde avec plaisir, et Marlene y est souvent très drôle en jouant double-jeu. Néanmoins, si j'avais des nominations à donner, j'irais plus chercher du côté de la décoration, des costumes et du second rôle féminin, Theresa Harris étant tout de même très charismatique et dépassant le cliché de la domestique servile pour devenir une complice idéale. Par ailleurs, je ne sais si "Sweet Is the Blush of May" est une chanson originale, mais c'est à mourir de rire et ça sert parfaitement l'intrigue au bon moment.
Nominations possibles: Harris, décors, costumes.


The Great Lie: réalisé par Edmund Goulding, produit par la Warner, avec Bette Davis et Mary Astor. Scénario de Lenore Coffee d'après un roman de Polan Banks.
Remarques: j'aime l'histoire, même si l'on sait que les deux stars se sont concertées pour en réécrire des pans entiers afin d'atténuer son côté bien trop mélodramatique, et les décors et costumes pourraient être de la partie à l'occasion. Néanmoins, si le film mérite vraiment nomination, c'est d'une part pour sa musique adaptée entre concerts de piano et chants du Vieux Sud, et plus encore pour Mary Astor, qu'on peut légitimement qualifier de second rôle et qui pulvérise tout ce qui existe alentour même si Bette Davis se défend bien.
Nominations possibles: Astor, décors, costumes.


Here Comes Mr. Jordan: réalisé par Alexander Hall, produit par Everett Riskin (Columbia), avec Robert Montgomery. Scénario de Sidney Buchman et Seton Miller d'après Heaven Can Wait d'Harry Segall.
Remarques: on m'en avait tellement parlé comme d'un chef-d’œuvre que mes attentes étaient trop hautes, et je me suis retrouvé à n'être conquis ni par Robert Montgomery qui varie finalement assez peu son jeu, ni par l'histoire qui de mémoire n'exploitait à fond pas toutes les pistes amorcées. Par contre, les décors et la photographie sont une réelle réussite, alors peut-être faudra-t-il creuser de ce côté-là.
Nominations possibles: photographie, décors.


High Sierra: réalisé par Raoul Walsh, produit par la Warner, avec Humphrey Bogart et Ida Lupino. Ecrit par John Huston et William Burnett d'après un roman de Burnett.
Remarques: idem, on m'en avait parlé avec beaucoup d'entrain, mais c'est oublier trop vite que je n'aime pas les histoires de crimes. Ça reste néanmoins très bien filmé, comme on pouvait s'y attendre de la part de Walsh, et la photographie est réellement magnifique.
Nominations possibles: photographie.


Hold Back the Dawn: réalisé par Mitchell Leisen, produit par Arthur Hornblow Jr. (Paramount), avec Charles Boyer, Olivia de Havilland et Paulette Goddard. Scénario de Charles Brackett et Billy Wilder d'après un roman de Ketti Frings.
Remarques: l'une de mes œuvres préférées, non seulement de l'année mais aussi de la décennie, que j'ai très envie de retrouver comme meilleur film, peut-être meilleur réalisateur si ce n'est pas trop chargé, mais il faudra bien distinguer Leisen au moins une fois; meilleur acteur pour le plus beau rôle de Charles Boyer, meilleure actrice pour la plus belle performance d'Olivia de Havilland, meilleur scénario, peut-être meilleurs montage et photographie, et meilleure musique originale. Paulette Goddard ne passe pas inaperçue mais il lui sera bien difficile de se faire une place du côté des seconds rôles.
Nominations possibles: film, Leisen, Boyer, Havilland, scénario, montage, photographie, musique.


How Green Was My Valley: réalisé par John Ford, produit par Darryl Zanuck (Fox), avec Roddy McDowall, Donald Crisp et Maureen O'Hara. Scénario de Philip Dunne d'après un roman de Richard Llewellyn.
Remarques: un chef-d’œuvre monumental injustement décrié ou qualifié d'ennuyeux, à mon avis essentiel comme meilleur film, meilleurs réalisateur et scénario, ainsi que dans toutes les catégories techniques: montage, photographie (!), décors, costumes, maquillage et musique. Les performances sont en général très bonnes, mais l'année est déjà trop chargée du côté des seconds rôles féminin, tandis que Donald Crisp a encore une chance, même si son interprétation ne méritait pas de pousser jusqu'à la victoire.
Nominations possibles: film, Ford, Crisp, scénario, montage, photographie, décors, costumes, maquillage, musique.


It Started with Eve: réalisé par Henry Koster, produit par Joe Pasternak (Universal), avec Deanna Durbin et Charles Laughton. Scénario de Leo Townsend et Norman Krasna sur une histoire originale d'Hanns Kräly.
Remarques: une histoire finalement décevante à force d'occulter les ambitions de l'héroïne pour se restreindre à une romance convenue, mais les acteurs sont fort sympathiques et le film mérite absolument une nomination pour ses décors et les gigantesques fresques des escaliers; et pour sa musique adaptée. Le film n'est toutefois pas aussi bon que ceux de 1939.
Nominations possibles: décors.


Johnny Eager: produit et réalisé par Mervyn LeRoy, coproduit par John Considine Jr. (MGM), avec Robert Taylor et Lana Turner. Scénario original de James Edward Grant et John Lee Mahin.
Remarques: le film m'a semblé solide sans être vraiment ma tasse de thé, mais ça méritera une deuxième visite pour se rafraîchir la mémoire. En temps normal je n'aime pas Van Heflin, mais il n'avait pas l'air d'avoir volé son Oscar sur le moment.
Nominations possibles: Heflin.


Ladies in Retirement: de Charles Vidor, produit par Lester Cowan et Gilbert Miller (Columbia), avec Ida Lupino et Elsa Lanchester. Scénario de Garrett Fort et Reginald Denham d'après une pièce de Reginald Denham et Edward Percy.
Remarques: une œuvre meilleure qu'il n'y paraît de prime abord, dont on retiendra surtout les seconds rôles féminins, notamment Isobel Elsom en patronne bourgeoise et surtout Elsa Lanchester en sœur à moitié folle et embarrassante à plus d'un égard. La musique et les décors pourraient s'ajouter à la liste à l'occasion.
Nominations possibles: Lanchester, décors, musique.


The Lady Eve: écrit et réalisé par Preston Sturges, produit par Paul Jones et Buddy DeSylva (Paramount), avec Barbara Stanwyck et Henry Fonda. D'après Two Bad Hats de Monckton Hoffe.
Remarques: un film que j'aime énormément, et dont l'aspect léger et pétillant n'est nullement un défaut pour le nommer dans la catégorie la plus prestigieuse. Sturges a le mérite de faire preuve d'une mise en scène enlevée mais c'est surtout pour le scénario qu'il mérite nomination; tandis que Barbara Stanwyck est tellement exceptionnelle en jouant sur les deux tableaux que c'est bien pour ce film qu'elle mérite distinction. Suivent encore les décors, la musique adaptée, et plus certainement les costumes, dont un divin bonnet grec et un éventail de dix kilomètres de diamètre; le montage pour les réactions très drôles de certains personnages, et les superbes coiffures de l'héroïne, qui embellissent une Barbara Stanwyck au faîte de sa séduction. Je suis également très fan d'Eugene Pallette en gros bébé qui réclame son petit-déjeuner, et oui, il me fait tellement rire qu'une nomination est fortement possible!
Nominations possibles: film, Stanwyck, Pallette, scénario, montage, costumes, coiffures.


The Little Foxes: réalisé par William Wyler, produit par Samuel Goldwyn, avec Bette Davis. Scénario de Lillian Hellman d'après sa propre pièce.
Remarques: un gigantesque chef-d’œuvre qui mérite à mon sens tout autant l'Oscar que Citizen Kane, malgré son caractère plus conventionnel, et qu'on retrouvera également comme meilleur réalisateur pour la mise en scène subtile de Wyler et ces jeux sur les escaliers; comme meilleure actrice pour Bette Davis, dans un numéro extraordinaire; comme meilleur second rôle masculin pour Herbert Marshall (à moins qu'il ne soit lead?) pour un rôle assez touchant et une sagesse d'esprit qui permet de souffler cinq minutes; comme meilleur second rôle féminin pour la performance magnifique de Patricia Collinge; comme meilleur scénario; comme meilleurs montage, photographie, décors, costumes et maquillage pour l'ambiance Vieux Sud reconstituée; et comme meilleure musique adaptée. Teresa Wright est vraiment captivante mais c'est hélas bondé dans sa catégorie.
Nominations possibles: film, Wyler, Davis, Marshall, Collinge, Wright, scénario, montage, photographie, décors, costumes, maquillage.


Lydia: réalisé par Julien Duvivier, produit par Alexander Korda, avec Merle Oberon. Scénario de Ben Hecht et Samuel Hoffenstein d'après Un Carnet de bal, de Julien Duvivier et Leslie Bush-Fekete.
Remarques: la revisite confirme l'impression initiale: c'est un petit chef-d’œuvre, un film plaisant qui brille par ses décors, ses costumes, son maquillage, sa photographie (certains plans très bien travaillés traduisent en images le destin de Lydia) et sa musique, l'héroïne servant de muse à un pianiste qui lui compose un concerto en son honneur. Le scénario est quant à lui excellent entre les différents points de vue, les retours en arrière, et le balancement entre idéalisation et réalité du passé (le bal onirique). Enfin, la mise en scène est légère, Merle Oberon trouve le rôle de sa vie, sans aucune fausse note, tandis que certains seconds rôles colorent joliment le tout, notamment Edna May Oliver en grand-mère croustillante et Hans Jaray en musicien délicat.
Nominations possibles: film, Duvivier, Oberon, Jaray, scénario, photographie, décors, costumes, maquillage, musique.


Major Barbara: produit et réalisé par Gabriel Pascal, co-réalisé avec Harold French et David Lean, avec Wendy Hiller et Rex Harrison. Scénario de George Bernard Shaw d'après sa propre pièce.
Remarques: un film auquel je ne suis pas très sensible, mais j'ai aimé l'histoire et la performance de Wendy Hiller.
Nominations possibles: Hiller, scénario.


The Maltese Falcon: écrit et réalisé par John Huston, produit par la Warner, avec Humphrey Bogart et Mary Astor. Scénario d'après un roman de Dashiell Hammett.
Remarques: techniquement c'est un chef-d’œuvre, mais je n'aime vraiment pas et n'y prends aucun plaisir. Je sais néanmoins être objectif et reconnaître que John Huston mérite absolument d'être de la partie comme meilleur réalisateur pour sa mise en scène très inspirée, et ce dès son premier film; que Mary Astor fascine à chaque apparition même si la catégorie meilleure actrice est déjà surchargée; et que le montage, la photographie, les décors et les costumes sont brillants. J'admets en revanche n'avoir jamais cherché à comprendre quelque chose au scénario étant donné que tous les personnages passent leur temps à mentir, malgré certains dialogues crépitants. Du côté des seconds rôles, Gladys George est nerveuse à souhait mais éclipsée par une éblouissante Lee Patrick, qui apparaît malheureusement trop peu, tandis que Peter Lorre et Sydney Greenstreet jouent essentiellement sur des clichés, et ne m'intéressent dès lors nullement.
Nominations possibles: Huston, Astor, Patrick, montage, photographie, décors, costumes.


Man Hunt: de Fritz Lang, produit par la Fox, avec Joan Bennett, Walter Pidgeon et George Sanders. Ecrit par Dudley Nichols d'après Rogue Male de Geoffrey Household.
Remarques: un film très bien mis en scène mais qui ne me touche aucunement, qu'il me faudrait revoir pour mieux rejuger du scénario et des performances d'acteurs. La photographie devrait être citée sans problèmes, de son côté.
Nominations possibles: photographie.


Meet John Doe: produit et réalisé par Frank Capra, écrit et coproduit par Robert Riskin, avec Gary Cooper et Barbara Stanwyck. Histoire originale de Richard Connell et Robert Presnell Sr.
Remarques: un Capra assez ennuyeux, qu'il me faudrait revoir à l'occasion.
Nominations possibles: /


Mr. and Mrs. Smith: réalisé apr Alfred Hitchcock, produit par la RKO, avec Carole Lombard et Robert Montgomery. Scénario original de Norman Krasna.
Remarques: un film raté, ou plus exactement très médiocre, qui échoue totalement à faire rire malgré la bonne volonté de ses interprètes.
Nominations possibles: /


Penny Serenade: de produit et réalisé par George Stevens (Columbia), avec Irene Dunne et Cary Grant. Scénario de Morrie Ryskind d'après une nouvelle de Martha Cheavens.
Remarques: j'adore, mais ça risque de ne pas être assez solide pour se hisser dans les catégories les plus importantes. Par contre, Irene Dunne est une fois de plus brillante sans jamais verser dans le mélodrame, et Cary Grant surprend agréablement dans un contre-emploi. J'aime également l'histoire et les apparitions très distinguées de Beulah Bondi, qui suggère beaucoup plus en quelques regards que ce que le seul scénario disait de son personnage.
Nominations possibles: film, Stevens, Grant, Dunne, Bondi.


Sergeant York: produit et réalisé par Howard Hawks, coproduit par Hal Wallis et Jesse Lasky (Warner), avec Gary Cooper. Scénario original d'Abem Finkel, Harry Chandlee, Howard Koch et John Huston.
Remarques: si je vous dis que j'ai vu ce film deux fois et que je suis incapable de me rappeler quoi que ce soit, vous me croyez? La seule chose qui me revient à l'esprit c'est Walter Brennan en pasteur et Margaret Wycherly chantant "In the Sweet By and By" à l'église... Gary Cooper ne m'a quant à lui nullement marqué dans ce rôle, mais peut-être que certaines catégories techniques seraient à revoir à la hausse si je me décide à la lui redonner une chance.
Nominations possibles: /


The Shanghai Gesture: écrit et réalisé par Josef von Sternberg, produit par Arnold Pressburger, avec Ona Munson, Walter Huston et Gene Tierney. D'après une pièce de John Colton.
Remarques: ce n'est pas un aussi grand Sternberg que ceux des années 1930, mais la mise en scène est une fois de plus captivante à bien des égards. Ona Munson brille quant à elle de charisme, tandis que les décors, costumes, coiffures (!!!) et maquillage; ou encore la photographie et les effets sonores restent fortement envisageables pour une citation.
Nominations possibles: Sternberg, Munson, photographie, décors, costumes, coiffures, effets.


The Shepherd of the Hills: d'Henry Hathaway, produit par Jack Moss (Paramount), avec John Wayne et Beulah Bondi. Scénario de Grover Jones et Stuart Anthony d'après un roman d'Harold Bell Wright.
Nominations possibles: ça se laisse regarder, mais je ne vois vraiment rien d'essentiel à distinguer.


Skylark: produit et réalisé par Mark Sandrich (Paramount), avec Claudette Colbert, Ray Milland et Brian Aherne. Scénario d'Allan Scott et Zion Myers d'après une pièce de Samson Raphaelson.
Remarques: une comédie qu'il me faudra revoir à cause de son casting excessivement alléchant, même si le premier visionnage m'a laissé un souvenir assez sinistre.
Nominations possibles: /


The Strawberry Blonde: de Raoul Walsh, produit par la Warner, avec James Cagney, Olivia de Havilland et Rita Hayworth. Scénario de Julius et Philip Epstein d'après une pièce de James Hagan.
Nominations possibles: idem, à revoir au plus vite, car je n'avais pas trouvé ça drôle du tout.


Sullivan's Travels: écrit, produit et réalisé par Preston Sturges (Paramount), avec Veronica Lake et Joel McCrea.
Remarques: c'est pour beaucoup un chef-d’œuvre, mon sentiment est néanmoins plus mitigé, mais la nomination est fortement recommandée pour le scénario. Joel McCrea était de mémoire assez bon, mais ce n'est pas l'acteur qui m'a le plus marqué cette année et, si Veronica Lake trouve quant à elle le rôle de sa vie, ça ne veut hélas pas dire grand chose dans son cas.
Nominations possibles: McCrea, scénario.


Sun Valley Serenade: réalisé par Bruce Humberstone, produit par Milton Sperling (Fox), avec John Payne, Glenn Miller et Sonja Henie. Ecrit par Helen Logan et Robert Ellis sur une histoire originale d'Art Arthur et Robert Harari.
Remarques: un film aussi charmant qu'oubliable mais qui ne déparerait nullement comme meilleure photographie, meilleurs décors, meilleure chanson pour "Chattanooga Choo Choo", et meilleures chorégraphies pour le patinage tout en reflets lors du dernier numéro.
Nominations possibles: chanson.


Sunny: produit et réalisé par Herbert Wilcox, avec Anna Neagle et Ray Bolger. Scénario de Sig Herzig d'après une pièce d'Otto Harbach et Oscar Hammerstein II.
Nominations possibles: éventuellement meilleurs costumes mais ce n'est vraiment pas une priorité.


Suspicion: réalisé par Alfred Hitchcock, produit par Harry Edington (RKO), avec Joan Fontaine et Cary Grant. Scénario d'Alma Reville, Joan Harrison et Samson Raphaelson d'après Before the Fact d'Anthony Berkeley.
Remarques: contrairement à beaucoup j'aime le film, le scénario et les performances d'acteurs, même si je reconnais que ce n'est un pic pour personne. Je pourrais néanmoins nommer l'histoire s'il reste des places puisque ça me captive sincèrement malgré une fin en demi-teinte; et ajouter des citations pour la photographie lors de la montée du verre de lait; pour les décors et ces grandes chaises d'ébène; et peut-être pour les costumes ou effets spéciaux.
Nominations possibles: photographie, décors, costumes, effets.


Tanks a Million: de Fred Guiol, produit par Hal Roach, avec James Gleason et Noah Tracy. Ecrit par Edward Seabrook, Paul Girard Smith et Warren Wilson.
Nominations possibles: vraiment aucune.


That Hamilton Woman: produit et réalisé par Alexander Korda, avec Vivien Leigh et Laurence Olivier. Scénario original de Walter Reisch et Robert Sherriff.
Remarques: un film un brin décevant par rapport à mes attentes, mais qui mérite absolument des nominations pour Laurence Olivier, pour une fois plus cinématographique que théâtral et par conséquent bien plus décontracté; pour Vivien Leigh et sa performance une fois encore d'un très haut niveau; et bien entendu pour la photographie, les décors, les costumes (!), les coiffures et la musique originale. Peut-être y aura-t-il quelque chose pour le scénario à la fin, mais j'ai toujours préféré la version de 1929... Allez-y, lapidez-moi!
Nominations possibles: Leigh, Olivier, photographie, décors, costumes, coiffures, musique.


That Night in Rio: d'Irving Cummings, produit par la Fox, avec Alice Faye, Don Ameche et Carmen Miranda. Scénario de George Seaton, Jessie Ernst, Hal Long et Bess Meredyth, d'après une pièce de Hans Adler et Rudolph Lothar.
Nominations possibles: éventuellement une citation pour l'une des chansons, si j'arrive à passer outre mes énormes réserves sur le film dans son ensemble.


That Uncertain Feeling: produit et réalisé par Ernst Lubitsch, coproduit par Sol Lesser, avec Melvyn Douglas et Merle Oberon. Scénario de Walter Reisch et Donald Ogden Stewart d'après une pièce d'Émile de Najac et Victorien Sardou.
Nominations possibles: le duo d'acteurs est éminemment sympathique, mais impossible de faire de la place... A revoir pour tenter de citer le film au moins une fois dans une catégorie mineure.


They Died with Their Boots On: réalisé par Raoul Walsh, produit par la Warner, avec Errol Flynn et Olivia de Havilland. Scénario original de Wally Kline et Æneas MacKenzie.
Remarques: le scénario m'a convaincu dans ses grandes lignes même si ça restera très polémique pour les historiens, et la technique regorge de nombreuses qualités, en particulier du côté du montage, de la photographie, des costumes et décors, du son et du maquillage. Errol Flynn et Hattie McDaniel rivalisent quant à eux de charisme, mais tout le monde s'efface dès qu'apparaît Olivia de Havilland dans sa performance comique la plus brillante, une réussite tellement hilarante que je suis à deux doigts de faire un doublon en la citant à la fois comme premier rôle pour Dawn et comme second rôle ici.
Nominations possibles: Havilland, montage, photographie, décors, costumes, maquillage, son.


They Met in Bombay: de Clarence Brown, produit par Hunt Stromberg (MGM), avec Clark Gable et Rosalind Russell. Scénario d'Edwin Justus Mayer, Anita Loos et Leon Gordon sur une histoire de John Kafka.
Remarques: une histoire comique qui se transforme inexplicablement en film de guerre, mais des acteurs sympathiques et des costumes de rêves.
Nominations possibles: costumes.


This Woman Is Mine: produit et réalisé par Frank Lloyd, avec Franchot Tone et Walter Brennan. Scénario de Frederick Jackson et Seton Miller sur une histoire originale de Gilbert Gabriel.
Nominations possibles: éventuellement musique, décors ou costumes, mais rien de prioritaire, vraiment.


Two-Faced Woman: de George Cukor, produit par Gottfried Reinhardt (MGM), avec Greta Garbo et Melvyn Douglas. Scénario de Samuel Behrman, Salka Viertel et George Oppenheimer, suggéré par une pièce de Ludwig Fulda.
Remarques: Garbo est à mourir de rire dans un grand numéro comique allant encore plus loin que Ninotchka, mais le découpage du film par la censure en a malheureusement altéré l'effet. J'aimerais néanmoins avoir le film quelque part dans une catégorie mineure, alors à méditer.
Nominations possibles: Garbo.


Unfinished Business: produit et réalisé par Gregory La Cava (Universal), avec Irene Dunne et Robert Montgomery. Scénario original d'Eugene Thackrey.
Nominations possibles: visiblement pas l'Irene Dunne qui m'a le plus marqué. A revoir.


When Ladies Meet: produit et réalisé par Robert Leonard, coproduit par Orville Dull (MGM), avec Joan Crawford, Greer Garson et Robert Taylor. Scénario d'Anita Loos et Samuel Lauren d'après une pièce de Rachel Crothers.
Remarques: un film décevant malgré le duo d'actrices attendu, lesquelles tirent heureusement leur épingle du jeu, l'avantage à Greer Garson. Peut-être les costumes peuvent-ils espérer décrocher une citation.
Nominations possibles: costumes.


A Woman's Face: réalisé par George Cukor, produit par Victor Saville (MGM), avec Joan Crawford et Melvyn Douglas. Scénario d'Elliot Paul et Donald Ogden Stewart d'après Il était une fois de Francis de Croisset.
Remarques: un chef-d’œuvre méconnu à nommer impérativement comme meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario pour une histoire excitante et complexe aux multiples rebondissements, meilleure actrice pour une performance sensationnelle de Joan Crawford, meilleurs montage, photographie (les bois, les fleurs en ville, la neige suédoise), décors (le château et l'usine), costumes (la fête traditionnelle), et meilleur maquillage (forcément). J'ai également une grande affection pour les seconds rôles masculins, en particulier Albert Bassermann en vieux grand-père vraiment sympa, et à la surprise générale, Richard Nichols en garçonnet étonnamment attachant. Et puis il y a Osa Massen dans le rôle de sa vie...
Nominations possibles: film, Cukor, Crawford, Bassermann, Nichols, scénario, montage, photographie, décors, costumes, maquillage.


You Belong to Me: produit et réalisé par Wesley Ruggles (Columbia), avec Barbara Stanwyck et Henry Fonda. Scénario de Claude Binyon sur une histoire originale de Donald Trumbo.
Nominations possibles: une comédie qui m'avait déçu et dont j'ai déjà tout oublié. A revoir.


Ziegfeld Girl: de Robert Leonard et Busby Berkeley, produit par Pandro Berman (MGM), avec Lana Turner, Hedy Lamarr et Judy Garland. Scénario de Sonya Levien et Marguerite Roberts sur une histoire originale de William Anthony McGuire.
Remarques: côté technique, c'est du tout bon avec la photographie, les décors, les costumes, les coiffures, la musique et les chorégraphies, mais la lumière du film reste une éblouissante Lana Turner dans son plus beau rôle, ce qui corse grandement la compétition. J'admettrais enfin que Judy Garland me plaît mieux ici que dans ses films les plus connus.
Nominations possibles: Turner, photographie, décors, costumes, coiffures, son.


Résumé

sont sûrs d'être nommés: Ball of Fire, Citizen Kane, Dr. Jekyll and Mr. Hyde, Dumbo, The Great Lie, Hold Back the Dawn, How Green Was My Valley, It Started with Eve, Ladies in Retirement, The Lady Eve, The Little Foxes, Lydia, The Maltese Falcon, The Shanghai Gesture, That Hamilton Woman, A Woman's Face.

j'espère pouvoir les citer: The Devil and Miss Jones, The Flame of New Orleans, Major Barbara, Penny Serenade, Sullivan's Travels, Suspicion, That Uncertain Feeling, They Died with Their Boots On, Ziegfeld Girl.

ont encore une chance: Back Street, Blossoms in the Dust, Here Comes Mr. Jordan, High Sierra, Johnny Eager, Man Hunt, Sun Valley Serenade.

plus de places, hélas: They Met in Bombay, Two-Faced Woman, When Ladies Meet.