mercredi 16 septembre 2015

Oscar de la meilleure actrice: mes choix.



Les Années 1930


Ceci est un petit inventaire pour savoir où j'en suis à présent dans mes visionnages des "meilleures actrices" selon les Oscar. Ayant évidemment tendance à changer d'avis, bien du mouvement a eu lieu depuis la première esquisse en 2015, et m'étant surtout rendu compte que l'article était trop long, je prends cinq ans plus tard la décision de le diviser par décennies.


Voici donc la liste officielle, par ordre chronologique, où les actrices sont classées de haut en bas de la meilleure performance à la moins bonne, ma gagnante étant celle que je préfère dans l'absolu, sans qu'il soit question de redistribution où d'avantager mes stars favorites. On verra alors que se focaliser sur la liste des Oscar présente bien des limites, avec des actrices de moindre talent finissant parfois numéro 1 par défaut, alors que rien pour certains génies comme Carole Lombard, mais dans l'immédiat, jouer à se mettre dans la peau d'un électeur obligé de choisir parmi une sélection imposée m'excite totalement. En jaune, les performances qu'il me reste à voir.


1927/1928
Gloria Swanson (Sadie Thompson)
Janet Gaynor (Seventh Heaven, Street Angel, Sunrise)
Louise Dresser (A Ship Comes In)

Mon choix : Sans aucune hésitation, Gloria Swanson dans Sadie Thompson, pour une très belle performance émouvante et dynamique à souhait, peut-être sa meilleure, malgré l'abondance d'expressivité propre au muet. J'ai la flemme de revoir les Janet Gaynor pour reclasser les performances, même si de mémoire Street Angel avait ma préférence, et Louise Dresser finit sans surprise bonne dernière à cause de son rôle à clichés trop mince pour qu'elle puisse l'enrichir de quelque façon.

Dans l'absolu : Mary Pickford pour My Best Girl, en restant le cœur brisé pour Eleanor Boardman (The Crowd), Evelyn Brent (The Last Command), Marion Davies (The Patsy), Pola Negri (Barbed Wire) et Gloria Swanson (Sadie Thompson), qui auraient toutes permis de faire démarrer ce jeu sous les meilleurs auspices.


1928/1929
Jeanne Eagels (The Letter)
Corinne Griffith (The Divine Lady)
Bessie Love (The Broadway Melody)
Mary Pickford (Coquette)
Ruth Chatterton (Madame X)
Betty Compson (The Barker)

Mon choix : Comme on s'en doute, je n'ai pas vu Betty Compson, trouvable uniquement en Californie, mais aimant l'actrice par ailleurs, j'ai toute confiance en elle. Dans l'immédiat, difficile de choisir une autre que Jeanne Eagels, pour sa performance intense et ses accents lyriques lors du procès, ce qui lui permet de finir loin devant ses consœurs. Autrement, je garde toujours beaucoup de sympathie pour Corinne Griffith chantant Loch Lomond au clair de Lune, bien qu'elle ne fasse rien d'assez spectaculaire pour vraiment mériter sa nomination, tandis que Bessie Love a le mérite d'être dynamique, mais pas forcément convaincante dans une performance laborieuse typique des débuts du parlant. Quant aux autres, on rappellera que Mary Pickford se lançait un nouveau défi, et qu'elle a au moins le mérite d'avoir essayé même si c'est raté, alors que je n'ai pas revu Ruth Chatterton depuis des lustres, quoique l'ayant trouvée soporifique et très datée lors du seul essai.

Dans l'absolu : Lillian Gish pour The Wind, l'une des plus grandes interprétations du cinéma muet, malgré une compétition brillante en face avec Betty Compson (The Docks of New York), Joan Crawford (Our Dancing Daughters)Jeanne Eagels (The Letter), Greta Garbo (A Woman of Affairs), Olga Tchekhova (Moulin Rouge) et Anna May Wong dans le grand rôle de sa vie, Piccadilly.


1929/1930
Nancy Carroll (The Devil's Holiday)
Norma Shearer (The Divorcee)
Greta Garbo (Romance)
Norma Shearer (Their Own Desire)
Greta Garbo (Anna Christie)
Gloria Swanson (The Trespasser)
Ruth Chatterton (Sarah and Son)

Mon choix : Franchement, il m'est impossible de classer ces candidates, n'arrivant vraiment pas à déterminer mes préférences entre les doubles nommées de l'année, et si je serais tenté de voter pour la délicieuse Norma Shearer pour ses mondaines épanouies qui firent les beaux jours de l'ère pré-Code, je confesse tout de même préférer ce parangon de charisme qu'est Nancy Carroll, pour une performance dynamique crevant l'écran et qui parvient presque toujours à éviter les pièges du scénario. Gloria Swanson me plaît beaucoup dans l'ouverture amusante d'un film un peu suranné, tandis que la Divine est un peu trop diva en fille des bas-fonds pour totalement convaincre dans Anna Christie, d'où ma nette préférence pour sa cantatrice pétillante de Romance, malgré un phrasé trop appuyé. Reconnaissons enfin que Ruth Chatterton ne se repose pas sur ses lauriers, bien que sa performance laisse franchement à désirer.

Dans l'absolu : Barbara Stanwyck, dévastatrice dès son premier Capra (Ladies of Leisure), malgré, une fois de plus, de brillantes alternatives telles Nancy Carroll (The Devil's Holiday), l'intense Mary Duncan (City Girl), la magnifique Janet Gaynor pour son plus beau rôle (Lucky Star), la divine Jeanette MacDonald (The Love Parade), la touchante Helen Morgan (Applause), et la corrosive Norma Shearer (The Divorcee).


1930/1931
Ann Harding (Holiday)
Marlene Dietrich (Morocco)
Norma Shearer (A Free Soul)
Marie Dressler (Min and Bill)
Irene Dunne (Cimarron)

Mon choix : Techniquement, Ann Harding donne la meilleure interprétation des cinq, au sens où elle compose réellement un personnage, mais ses envolées lyriques sont tout de même très datées, alors qu'à l'inverse, Marlene Dietrich a beau ne prendre aucun risque, elle semble néanmoins d'une plus grande fraîcheur qui me divertit beaucoup plus, même si je reconnais ses évidentes limites. Mais tout de même, quel charisme! Et si l'on est totalement sous le charme de sa personnalité cinématographique, la victoire est tentante. Quant aux autres, Norma Shearer a beau pétiller dans le registre léger de son film, elle en devient notoirement mauvaise dans la partie dramatique; Marie Dressler a dégringolé dans mon estime tant et si bien que je n'adhère plus du tout ni à sa personnalité, ni à ses grimaces, malgré un très beau sourire lumineux dans Min and Bill; tandis qu'Irene Dunne est coincée dans le plus mauvais film du lot, où elle n'a pas grand chose à faire, ce qui m'oblige à la classer dernière: qui l'eût cru?

Dans l'absolu : Je ne sais pas. Il faut choisir entre la délicieuse Ina Claire (The Royal Family of Broadway), la génialement minimaliste Marlene Dietrich (Morocco et Dishonored), la théâtrale Ann Harding (Holiday), l'amusante Kay Johnson (Madam Satan), l'exquise Jeanette MacDonald sauvant à elle seule Monte Carlo du naufrage, l'inattendue Sylvia Sidney (City Streets), et la toujours fabuleuse Barbara Stanwyck (The Miracle Woman).


1931/1932
Lynn Fontanne (The Guardsman)
Marie Dressler (Emma)
Helen Hayes (The Sin of Madelon Claudet)

Mon choix : C'est réglé, Lynn Fontanne fait la course très largement en tête grâce à une performance délicieuse et constamment drôle, un véritable petit bijou comique qui réjouit au plus haut point, surtout au regard de la sélection hautement paresseuse en face. Il faut dire que Marie Dressler refait son numéro habituel mais en moins bien, et qu'Helen Hayes est beaucoup trop théâtrale, dans un film très daté qui plus est, pour me séduire.

Dans l'absolu : Joan Crawford, volcanique et s'emparant de Grand Hôtel au nez et à la barbe de tous ses partenaires de prestige, malgré une forte concurrence de la part de Mae Clarke, sublime dans Waterloo BridgeClaudette Colbert et Miriam Hopkins dans deux des performances comiques du siècle (The Smiling Lieutenant), Marlene Dietrich, pour sa souffrance contenue et son charisme au-delà des mots (Shanghai Express), Lynn Fontanne (The Guardsman), Jeanette MacDonald, une nouvelle fois à hurler de rire dans l'exquis One Hour with You, mais encore Norma Shearer pour sa plus grande interprétation comique (Private Lives).


1932/1933
May Robson (Lady for a Day)
Katharine Hepburn (Morning Glory)
Diana Wynyard (Cavalcade)

Mon choix : Dans cette sélection maigre et peu inspirante, May Robson s'impose comme le seul choix possible par défaut. Elle livre une composition touchante, quitte à forcer dans le pathos, et reste parfaitement mémorable bien qu'elle n'ait rien à se mettre sous la dent à partir du deuxième acte. Malgré tout, sa performance reste la plus fraîche et divertissante de la sélection, tant il est impossible de se connecter aux excès de Katharine Hepburn, et encore moins à la hauteur insupportable de Diana Wynyard, une grande actrice qui aurait mérité d'être nommée pour d'autres films dans sa carrière, bien que Gaslight fût inéligible en son temps.

Dans l'absolu : Miriam Hopkins pour le sommet absolu de sa carrière dans The Stranger's Return, où contrairement à tout ce qu'on a pu dire d'elle, elle fait montre d'une subtilité et d'une retenue exemplaires. Avec, cerise sur le gâteau, Trouble in Paradise, Temple Drake et Design for Living la même saison! Qui dit mieux? Heureusement, l'année n'en reste pas moins riche avec l'inimitable Tallulah Bankhead (Faithless), la magnifique Ruth Chatterton (Frisco Jenny), la courageuse Laura Hope Crews (The Silver Cord), l'envoûtante Kay Francis (Trouble in Paradise), l'audacieuse Ann Harding (Double Harness), l'une fois n'est pas coutume cinématographique Helen Hayes (A Farewell to Arms), l'immense Mary Pickford en son chant du cygne (Secrets), l'émouvante May Robson (Lady for a Day), une Barbara Stanwyck sulfureuse à souhait dans le risqué Baby Face, et formidablement nuancée dans le savoureux Bitter Tea of the General Yen, mais encore Loretta Young pour sa grande année de cinéma avec Man's Castle et Midnight Mary.


1934
Claudette Colbert (It Happened One Night)
Bette Davis (Of Human Bondage)
Norma Shearer (The Barretts of Wimpole Street)
Grace Moore (One Night of Love)

Mon choix : J'ai du mal à me décider, étant donné la minceur de la sélection, mais je suppose que Claudette Colbert reste en tête avec It Happened One Night, de loin la performance la plus fraîche de la liste, même si elle manque du pétillant qui fait tout son charme dans d'autres rôles bien plus juteux. De fait, elle se contente d'assurer le service minimum, alors que Bette Davis prend à l'inverse un risque énorme, en composant un personnage honni par excellence, auquel elle apporte une énergie dévastatrice. Hélas, le résultat reste en demi-teinte, car autant son approche sans compromis est courageuse, autant sa démesure survoltée a plutôt mal vieilli, et apporte beaucoup de pesanteur à un film surtout sauvé par Kay Johnson. Néanmoins, elle ose sortir des sentiers battus, ce qui me donne souvent l'idée de la faire passer devant Colbert. A leurs côtés, Norma Shearer se classe troisième pour tous ses moments très bien joués dès qu'elle arrête d'agiter les bras dans tous les sens, au rythme de trémolos très datés; tandis que Grace Moore doit fermer la marche, pour une performance sympathique qui manque tout de même de relief dans le comique. Sachant que Myrna Loy était assurément cinquième grâce aux votes par écrit cette année-là, je regrette qu'elle n'ait jamais été listée ici car elle eût aisément triomphé sur mon bulletin.

Dans l'absolu : Claudette Colbert, mais pour sa Cléopâtre pétillante et royalement tragique; avec jute derrière Greta Garbo dans le rôle de sa vie, Queen Christina, et d'une modernité de jeu tout à fait exemplaire sous le couvert du Voile des illusions; Myrna Loy, sensationnelle dans la plus grande année de sa carrière, notamment louée pur son alchimie comique avec William Powell dans The Thin Man, mais plus encore remarquable dans une version tragique du couple légendaire avec Evelyn Prentice; Carole Lombard pour son premier grand rôle (Twentieth Century), Jeanette MacDonald, une fois de plus très à l'aise dans le grand rôle musical de l'année (The Merry Widow); et Margaret Sullavan, superbe de délicatesse dans le très beau Little Man, What Now?


1935
Miriam Hopkins (Becky Sharp)
Katharine Hepburn (Alice Adams)
Merle Oberon (The Dark Angel)
Bette Davis (Dangerous)
Claudette Colbert (Private Worlds)
Elisabeth Bergner (Escape Me Never)

Mon choix : Bon. Fermons les yeux et tentons d'être objectif cinq minutes. Qui préféré-je réellement? Eh bien en toute honnêteté, j'en reviens à Miriam Hopkins dans Becky Sharp, et pas parce que c'est sa seule nomination: je la trouve sincèrement délicieuse, constamment drôle dans ses excès assumés, et toujours tellement charismatique que cette performance me rappelle pourquoi j'ai aimé l'actrice instantanément. Par ailleurs, pour avoir rendu récemment visite à Alice Adams, j'avoue avoir été légèrement moins séduit cette fois-ci, Katharine Hepburn me paraissant encore trop affectée à ce moment de sa carrière, avant sa métamorphose de 1938. De son côté, Merle Oberon me charme de plus en plus dans un film sublime que j'adore, malgré deux ou trois défauts minimes qui m'ont empêché d'adorer sa performance du premier coup; tandis que Bette Davis m'a toujours fait meilleure impression pour Dangerous que dans son rôle précédent, même si ce n'est pas un très grand exploit non plus. Néanmoins, elle reste plus mémorable que Claudette Colbert dans un rôle trop consciencieusement sérieux, en dépit de quelques choix de jeu dignes d'intérêt, et qu'Elisabeth Bergner, dont la démesure ne me convainc pas, tout du moins pas dans le contexte d'un tel film.

Dans l'absolu : une année si riche qu'il conviendrait de la rendre sphérique, à savoir la diviser en drame et comédie à la manière des Golden Globes. Côté drame, on retrouverait Bette Davis pour ses deux rôles auto-destructeurs dans Bordertown et Dangerous Greta Garbo, magique Anna Karénine de cinéma ; Ann Harding, merveilleuse de retenue dans l'envoûtant Peter Ibbetson Katharine Hepburn pour les raisons évoquées avec Alice Adams ; et Merle Oberon pour le magnifique Dark Angel. Côté comédie, Miriam Hopkins y côtoierait, avec son immortelle Becky Sharp, une Marlene Dietrich non moins immorale (The Devil Is a Woman), une Jeanette MacDonald hilarante pour la dernière fois de sa carrière avec la coquine Naughty Marietta; une Anna Neagle démentielle de drôlerie dans le rôle de la favorite Nell Gwyn, et, histoire d'ouvrir enfin cette cérémonie aux interprètes non anglophones, une Lioubov Orlova tout à fait rigolote chez Les Joyeux Garçons russes. Malgré tout, je crois bien que mon choix de l'année, comique et dans l'absolu, sera Carole Lombard dans Hands Across the Table, un subtil mélange de drôlerie et de gravité qui reste sûrement son interprétation la plus nuancée.


1936
Irene Dunne (Theodora Goes Wild)
Carole Lombard (My Man Godfrey)
Gladys George (Valiant Is the Word for Carrie)
Norma Shearer (Romeo and Juliet)
Luise Rainer (The Great Ziegfeld)

Mon choix : En 1936, le meilleur de l'année fut une fois n'est pas coutume incarné par la comédie, registre où il m'est sincèrement difficile de trancher entre deux approches fort différentes, Irene Dunne ayant une transformation à opérer, ce dont elle s'acquitte divinement bien, et Carole Lombard faisant quant à elle le choix délibéré d'une idiotie exubérante qui me fait hurler de rire même après de multiples visionnages. Tout n'est vraiment qu'affaire de subjectivité dans ce cas précis. Côté drame, Gladys George sauve les meubles grâce à une performance touchante et captivante dans un film obscur, tandis que Norma Shearer a pour sa part de bons moments submergés par une approche vraiment pas convaincante d'un rôle iconique dont elle n'avait clairement plus l'âge. Enfin, la dernière fois que j'ai dit du mal de Luise Rainer, la pauvre a préféré s'en aller dans un autre monde, alors ne remuons pas le couteau dans la plaie par pitié!

Dans l'absolu : Ma revisite de Jeux de mains me permettant de voter pour Carole Lombard sans états d'âme l'année précédente, Irene Dunne conforte sereinement sa place ici pour Theodora Goes Wild désormais. Cependant, 1936 est encore une excellente année à rendre sphérique avec, côté drame, Ruth Chatterton dans un grand rôle risqué, Dodsworth Bette Davis, impressionnante avec trois fois rien dans les plaines arides de La Forêt pétrifiée Miriam Hopkins et Merle Oberon dans un grand duo élégant, These Three ; et Rosalind Russell, exceptionnelle dans la peau d'un personnage antipathique, Craig's Wife. Côté comédie, ce sont aussi les grandes heures de Jean Arthur, absolument sublime dans ce qui reste sans doute son plus beau rôle, Mr. Deeds Goes to Town ; de Marlene Dietrich, menant son monde par le bout du nez dans Desire ; de Carole Lombard dans l'une des imitations du siècle avec The Princess Comes Across ; de Myrna Loy dans une interprétation exquise et élégante, Libeled Lady ; et, à condition que le film ait été montré à Los Angeles, de la délicieuse Françoise Rosay, ahurissante en maîtresse femme capable de sauver sa ville à grand renfort de diplomatie dans La Kermesse héroïque.


1937
Greta Garbo (Camille)
Barbara Stanwyck (Stella Dallas)
Irene Dunne (The Awful Truth)
Janet Gaynor (A Star Is Born)
Luise Rainer (The Good Earth)

Mon choix : La première sélection réellement satisfaisante par ordre chronologique, où l'on retrouve avec grand plaisir trois des plus grandes actrices du monde, et une interprète habituellement peu inspirante dans son plus beau rôle. Évidemment, c'est la cinquième qui a gagné, mais je n'en dirai pas plus et me contenterai de chanter à nouveau les louanges des heureuses élues, notamment Irene Dunne et Barbara Stanwyck, sincèrement éblouissantes, respectivement dans le comique et dans le tragique, et dont le seul défaut est que leurs performances tombent l'année où la Divine a décidé de donner le meilleur d'elle-même dans un rôle ultime et indépassable. Impossible, dès lors, de ne pas voter pour Greta Garbo, mais dieu sait s'il m'est pénible de trancher!

Dans l'absolu : Greta Garbo est imbattable dans l'un des rôles du siècle, mais outre ses concurrentes exceptionnelles justement sélectionnées, Irene DunneJanet Gaynor et Barbara Stanwyck, citons encore Constance Bennett, pour son interprétation comique la plus célèbre, Topper ; Bette Davis, s'emparant d'un grand rôle de la décennie précédente, That Certain Woman, pour le remettre avec brio au goût du jour ; Olivia de Havilland, démentielle de drôlerie dans It's Love I'm After Miriam Hopkins, absolument remarquable dans Men Are Not Gods Carole Lombard, toujours très drôle dans Nothing Sacred Anna Neagle, royale de légèreté contenue dans le rôle de Victoria the Great Ginger Rogers, incroyable de charisme et de modernité dans Stage Door ; et pour une fois qu'un film japonais a été montré aux États-Unis à l'époque, l'excellente Sachiko Chiba dans Sois comme une rose.


1938
Norma Shearer (Marie Antoinette)
Bette Davis (Jezebel)
Margaret Sullavan (Three Comrades)
Fay Bainter (White Banners)
Wendy Hiller (Pygmalion)

Mon choix : Après plusieurs années d'hésitation, le choix s'impose de lui-même, tant Norma Shearer trouve le rôle de sa vie avec sa somptueuse Marie-Antoinette, une souveraine à la fois pétillante et tragique, qui n'a pour seul bémol que d'accentuer l'insouciance de la très jeune fille dans les premières séquences. Bette Davis me ravit néanmoins dans son premier très grand rôle, mais elle s'est tellement surpassée par la suite que Jezebel pâlit un peu avec le recul, malgré cette scène extraordinaire mêlant surprise et dépit en robe immaculée. Pour les trois autres, le classement est plus difficile, mais aux dernières nouvelles, je suis finalement plus séduit par la sensibilité charismatique de Margaret Sullavan, et par l'extrême consistance de l'excellente Fay Bainter, dont le seul défaut est de figurer dans un film oubliable, que par la technique pourtant redoutablement aguerrie de Wendy Hiller, qui fut un temps ma numéro 3.

Dans l'absolu : Katharine Hepburn, dantesque dans un rôle hilarant, Bringing Up Baby, et merveilleusement nuancée dans le plus beau rôle de sa carrière, Holiday. Mais la concurrence est rude, encore et toujours, avec, outre Norma Shearer et Bette Davis, toutes deux royales dans deux grands rôles à la mesure de leur talent, Claudette Colbert, très à son aise chez Lubitsch pour Bluebeard's Eighth Wife Deanna Durbin, irrésistiblement drôle et très en voix dans Mad About Music ; Myrna Loy pour son entrée en scène exceptionnelle de charisme dans Test Pilot ; et Ginger Rogers, pour sa grande année comique avec Carefree et Vivacious Lady.


1939
Vivien Leigh (Gone with the Wind)
Bette Davis (Dark Victory)
Irene Dunne (Love Affair)
Greta Garbo (Ninotchka)
Greer Garson (Goodbye, Mr. Chips)

Mon choix : Vivien Leigh dans Autant en emporte le vent, la question ne devrait pas se poser… sauf que ses concurrentes sont sublimes. En effet, l'indépassable Irene Dunne a trouvé cette année-là l'un de ses plus beaux rôles, où elle est aussi parfaite dans le registre amusant que dans un registre plus sérieux, tandis que Bette Davis est absolument exceptionnelle dans un mélodrame très à mon goût, où elle évite tout pathos avec une fougue et une vivacité extraordinaire. Vraiment, Dark Victory est de loin le plus grand rôle de son premier âge d'or, même avec les Wyler en comparaison. Autrement, la sélection reste excellente, avec une surprise irrésistible de la part de Garbo, et une révélation très charismatique de la part de Garson, hélas dans un rôle plutôt secondaire.

Alternatives : Vivien Leigh est indépassable et Bette DavisIrene Dunne et Greta Garbo ont été justement nommées, sachant que j'aurais décalé Greer Garson dans l'autre catégorie. Manquaient à l'appel Claudette Colbert, absolument magnifique dans son pic absolu (Midnight) ; Deanna Durbin, à nouveau hilarante dans son dernier grand rôle avant l'âge adulte (Three Smart Girls Grow Up) ; Merle Oberon, iconique sur la lande des Hauts de Hurlevent Rosalind Russell, démentielle dans l'interprétation comique la plus drôle du monde (The Women) ; et Norma Shearer, iconoclaste avec son accent russe dans Idiot's Delight, et non moins parfaite, quoique légèrement éclipsée par sa collègue, dans The Women, lors de sa dernière grande année de cinéma.


Pour résumer la décennie, quelques statistiques que je crois bon de partager :

Lauréates officielles : Leigh (39) > Davis (38) > Shearer (30) > Davis (35) >> Colbert (34) >>> Dressler (31) > Gaynor (28) > Hepburn (33) > Hayes (32) > Rainer (37) > Pickford (29) > Rainer (36).

Lauréates personnelles : Garbo (37) > Leigh (39) > Dunne (36) > Shearer (38) > Hopkins (35) > Swanson (28) > Fontanne (32) > Carroll (30) > Eagels (29) > Harding (31) >> Colbert (34) > Robson (33).

Lauréates dans l'absolu : Garbo (37) > Leigh (39) > Gish (29) > Dunne (36) > Stanwyck (30) > Hepburn (38) > Hopkins (33) > Crawford (32) > Pickford (28) > Colbert (34) > Lombard (35) > MacDonald (31).

Sélections: 1939 > 1937 > 1938 > 1935 > 1934 > 1930 > 1936 > 1928 > 1931 > 1932 > 1929 > 1933.


Les Années 1930     Les Années 1940 → 

14 commentaires:

  1. Oh quelle excellente idée pour faire patienter jusqu'aux années 50 qu'on espère bien voir finir, par principe (les années 60 ce serait bien aussi mais bon hein ...). D'ailleurs, si tu as quelques heures devant toi les supporting ce serait bien aussi !

    Il y aura des choses à dire dès que je serai rentré de week-end mais je le lis ça :

    "Autrement, j'ai le regret d'annoncer que Marion Cotillard délivre la pire performance à avoir non seulement remporté un Oscar, mais peut-être même à avoir été nommée dans cette catégorie, la faute à un film épouvantable, à des grimaces et un maquillage outranciers, et à un portrait pas du tout convaincant, qui tend moins vers l'image d'une chanteuse populaire que vers des abysses de ridicule où le personnage passe son temps à s'égosiller: "Marceeeel!" "Mômoneuuuh!" ou encore "Et moi yaime pô tô tête!" Beurk, c'est affreux et très pénible, et seule la séquence au restaurant parvient à émerger dans cet océan de nullité"

    Et là, je peux le dire : j'aime Orfeo !

    A noter que je ne me roule pas par terre devant Julianne Moore mais dans quelle mesure, dans mon cas, est-ce par esprit de contrariété (du genre "tout le monde l'adore, elle n'a pas besoin de moi").

    Sinon, pour l'ensemble, plusieurs désaccords plus ou moins grands, ce qui est logique, mais, aussi, généralement, une ligne directrice à peu près identique; Ça me fait m'interroger sur le profil "français passionné par les actrices et les oscars" parce que ça donne un résultat assez différent des listes américaines par exemple.

    L'AACF

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  2. PS : dans ce que tu n'as pas vu; Being Julia se trouvait en DVD à 2 euros à un moment et je pense que tu pourrais vraiment aimer à la fois le film et la performance. C'est très, très "gretallulah".

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    1. Merci pour le compliment! Being Julia me fait de plus en plus envie en tout cas. Les années soixante ne sont pas ma décennie préférée mais j'envisage de les compléter petit à petit, même si ça risque de prendre quelques années... Pour les seconds rôles, la priorité sera sans doute donnée au Golden Age.

      Hâte de connaître tes désaccords autrement! La comparaison à partir du pays d'origine est très intéressante en tout cas: je sais que sur les différents blogs que j'ai lu, dont la plupart sont européens tout de même, les auteurs raffolent de La Môme, ce qui n'est manifestement pas notre cas. Dans mon cas très particulier, pour moi qui vit clairement dans le passé, il y a peut-être également un décalage "générationnel": beaucoup de mes amis adorent les performances très démonstratives (dont La Môme), et sont insensibles aux actrices s'il n'y a pas de grandes scènes de larmes ou de gros moment dramatique. Et 99% d'entre eux rient aux éclats devant les performances de Garbo et consort, qu'ils trouvent datées et mélodramatiques... :'( :'( :'(

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    2. PS: je pense que tout le monde va m'attendre au tournant sur le duel Huffman/Witherspoon en 2005. J'assume!

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  3. Se limiter strictement aux actrices nommées par l'Académie peut s'avérer vraiment frustrant, certaines années. Le pire : le début des années 1930. Quel gâchis ! Mais les listes officielles sont bien utiles pour commencer à débroussailler les années inconnues... (sauf si "Gretallulah" est déjà passé par là, bien sûr !)

    En tout cas, cet article est bien la confirmation que tu as beaucoup, beaucoup, beaucoup d'avance sur moi ! Et c'est très intéressant d'avoir tes avis sur des films plus récents, à titre de comparaison. Je suppose que tu ambitionnes de parcourir le plus d'années possibles sur le blog.

    Ainsi donc, des bouleversements devraient avoir lieu sous peu... Curieux de découvrir ça ! C'est toujours amusant de voir des préférences évoluer au fil du temps.

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    1. Oui, le début des années 1930... Entre ces films et interprétations souvent très datés et le nombre très très maigre de candidates certaines années (3 seulement pour 1932/1933 sur une période de 18 mois!), ça oblige à choisir des lauréates vraiment par défaut. Heureusement, même en me limitant à la liste officielle, j'arrive à peu près à récompenser la majorité de mes actrices préférées. Mais c'est beaucoup plus fun d'aller fouiner dans les films snobés pour râler ensuite sur telle ou telle interprétation même pas nommée (Jeanette et Myrna en tête)!

      Pour l'avance, ce n'est qu'une question d'années je suppose. Pour voir toutes les candidates désormais en bleu, ça m'a pris cinq ans de visionnages intensifs à chaque moment de temps libre, sachant que je ne compte pas les découvertes adolescentes d'Autant en emporte le vent et cie, que je n'avais pas regardé dans une optique "oscars".

      Sinon, hâte d'avoir tes propres avis sur la question, si tu as le temps de traiter de nouvelles années après 1940. Pour ma part, j'aimerais bien couvrir toutes les sélections dans l'absolu, au moins aller jusqu'aux années 2000, mais j'ai peur d'être un peu utopiste... D'autant que certaines années modernes ne m'inspirent pas du tout, pas même dans ce que j'ai vu en dehors des listes à oscars (1990, 1998, 2003, entre autres).

      PS: Moi aussi, ça m'amuse de voir mes préférences évoluer au film du temps. Entre Marie Dressler sur la pente savonneuse et Ingrid Bergman en pleine ascension du mont Everest, je suis le premier surpris!

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    2. Alors, pour être efficace, voilà une synthèse.
      Je note l'intérêt des années à mes yeux entre 0 et ***
      Quand il y a une grosse différence, je la mentionne mais il n'y a pas photos : ce sont toutes les héroïnes geignardes, en costume généralement, que tu ne supportes pas !!!!
      A propos de 2005, même si je donne le prix à Huffmann, en ce qui me concerne, je lis de plus en plus souvent que finalement Witherspoon était la seule méritante de l'année.

      A partir des années 70, il m'en manque pas mal (c'est pour ça aussi que j'ai stoppé cette activité sur mon propre blog).

      L'AACF

      1928 : Janet Gaynor Street Angel (pas vu : Dresser)0
      1929 : Jeanne Eagels (pas vu : Compson)*
      1930 : Swanson (pas vu : Carroll)*
      1931 : Harding*
      1932 : Fontanne*
      Attention : 1933 : Wynyard*
      1934 : Shearer*
      1935 : Hepburn (pas vu : Colbert)**
      1936 : Dunne**
      1937 : Garbo*
      1938 : Shearer**
      1939 : Leigh*
      1940 : Fontaine*
      1941 : Havilland*
      1942 : Garson**
      1943 : Arthur*
      Attention : 1944 : Bergman*
      1945 : Crawford*
      1946 : Havilland**
      1947 : Young**
      1948 : Dunne***
      1949 : Havilland***
      1950 : Davis*
      1951 : Leigh**
      1952 : Booth***
      Attention : 1953 : Caron0
      1954 : Kelly*
      1955 : Hayward***
      1956 : Baker***
      1957 : Kerr***
      1958 : Russell*
      1959 : Signoret*
      Attention : 1960 : Garson**
      Attention : 1961 : Page*
      1962 : Bancroft*
      1963 : Caron***
      1964 : Stanley***
      1965 : Andrews0
      1966 : Taylor0
      1967 : Evans*
      1968 : Hepburn**
      1969 : Smith***
      1970 : Miles**
      1971 : Jackson***
      1972 : Ross (pas vu : Ullmann)**
      1973 : Woodward (pas vu : Mason)
      1974 : je n’en ai vu que deux
      1975 : Adjani (pas vu : Kane)*
      1976 : Ullmann (pas vu : Shire)
      1977 : Fonda*
      1978 : Bergman*
      1979 : je n’en ai vu que deux
      1980 : je n’en ai vu que trois
      1981 : idem
      1982 : Streep (pas vu : Winger)0
      1983 : je n’en ai vu que trois
      1984 : Davis (pas vu : Lange)***
      1985 : Page (pas vu : Lange)**
      1986 : Spacek**
      1987 : Kirkland*
      1988 : Close0
      1989 : Adjani (pas vu : Collins)0
      Attention : 1990 : Woodward*
      1991 : Sarandon (pas vu : Foster)*
      1992 : Sarandon (pas vu : McDonnel)**
      1993 : Thompson (pas vu : Channing)**
      1994 : Lange***
      1995 : Stone**
      1996 : McDormand (pas vu : Watson)*
      1997 : Dench**
      1998 : Paltrow**
      1999 : Swank (pas vu : McTeer)**
      2000 : Linney*
      2001 : Zellweger***
      2002 : Lane***
      2003 : Keaton (pas vu : Castle Hugues*)
      2004 : Bening0
      Attention : 2005 : Huffmann (de toute manière, la meilleure interprétation de l’année c’est Gwynie dans Proof)0
      2006 : Dench***
      2007 : Christie (pas vu : Linney)0
      2008 : Winslet0
      Attention : 2009 : Bullock**
      2010 : Kidman (pas vu : Williams)*
      Attention : 2011 : Close**
      2012 : Riva (pas vu : Wallis)***
      2013 : Blanchett**
      2014 : Je n’en ai vu que trois

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    3. Merci!

      Alors, pour reprendre chronologiquement:

      1928, A Ship Comes In est sur Youtube si tu veux compléter ta liste.1933, je pourrais admettre à la réflexion que la composition de Wynyard est loin d'être mauvaise. Entre Robson qui force dans le pathos et Hepburn qui en fait des casses, son interprétation est peut-être mieux comprise et plus consistante. Mais le personnage m'a vraiment agacé. Je n'aime pas assez le film pour avoir envie d'une revisite dans l'immédiat, ceci dit.

      1944, Bergman a gagné des points la dernière fois. Mais elle geint! 1954, je suis intéressé pour revoir Kelly, sachant que j'ai revu Garland récemment et que je n'en suis décidément pas fan du tout.

      1970: tu as troqué Faye contre Sarah Miles! Ce qui n'est pas un reproche ceci dit, j'ai la même hésitation. 1982, tu mets 0 à l'année, qui ne doit donc pas t'intéresser. Personnellement, Streep et Andrews me passionnent totalement et me donnent une bonne impression générale.

      Pour le attention 1990, je n'ai rien contre Woodward dans l'absolu, c'est juste qu'elle m'a peu intéressé. 1991, je peux très fortement considérer une victoire pour Sarandon. La dernière fois que j'ai vu Foster, j'étais même parti en ce sens, avant de me raviser pour cet article. 1993, Emma Thompson! \o/ 1996, je ne vois vraiment pas le truc avec McDormand, mais ça doit venir de moi vu que je suis seul à ce propos.

      2000, je pense que Linney est une meilleure actrice que Roberts. Pour le moment, je marche dans le sens du charisme, mais après avoir vu Linney, j'étais tout de même très très tenté de changer mon vote. 2005, je n'ai pas vu Gwynie dans Proof mais je prends note, et puis ça change des 99% de mentions de Joan Allen, pour une performance que je respecte mais qui ne m'a pas vraiment touché. A priori, je partais sur Laura Linney dans The Squid and the Whale, mais je ne me souviens plus de son temps d'écran, il paraît qu'elle est supporting.

      Merci pour ta liste en tout cas, c'est super sympa de comparer.

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    4. PS: Oups! J'oublie toujours que Faye n'a pas été nommée en 70, je retire ce que j'ai dit. Sinon, je me demandais à tout hasard: aimes-tu Kathleen Turner?

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  4. Je calcule l'intérêt d'une année au plaisir que j'aurais à revoir les films en fait (ce qui est un peu biaisé vu ce qui nous intéresse mais bon ...) Le Choix de Sophie est vraiment trop triste pour moi et les autres films ne m'intéressent pas des masses (Frances est carrément lugubre, même si j'adore Kim Stanley) .... sauf Victor Victoria, que j'adore, comme tout le monde mais comme j'ai du mal à évaluer la performance de Julie Andrews (devrait-elle être plus androgyne ? Est-ce que ça de l'importance ? bref ...) l'année ne m'inspire pas, non, en effet.

    Un temps, Laura Liney figura au rang de mes actrices préférées modernes. Je l'ai un peu oubliée et je n'ai pas vu ses grands rôles récents. Mais j'avais bien aimé, intrinsèquement et sans avoir vu le film, sa nomination surprise pour The Savages.

    Pour 1970, il faut noter qu'à la base Miles n'était même pas dans ma sélection, mais finalement, je l'aime trop intrinsèquement, du coup exit Snodgress, même si je trouvais "cool" de la nommer, voire de la faire gagner. Mais enfin, '"l'oubli" de Faye par l'Académie cette année est ridicule.

    Les grands rôles de Gwynie sont ses rôles de dépressives (même si je vénère son Emma) : Sylvia (2003 - très mauvaise réputation, biopic, mais elle est formidable dedans et il y a un beau score. Plus, je suis fasciné par Sylvia Plath. Un ami à moi, spécialiste de la poétesse, disait que finalement c'était plutôt respectueux et convaincant) et Proof (2005. Anthony Hopkins a dit qu'elle était la meilleure actrice avec laquelle il avait travaillé pendant qu'il tournait ce film. C'est faux, mais ça fait plaisir).

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  5. J'ai vu successivement Promises in the Dark et Only When I Laugh. Autant dans le premier Marsha Mason m'a semblé peu l'aise, incapable d'être naturelle ou lyrique (une scène où elle s'effondre n'est pas du tout émouvante) autant, en effet, elle est assez formidable dans le second, manifestement écrit pour elle. Le côté très posé et composé, très travaillé du scénario et du personnage, va très bien à sa technique de jeu et elle est même brillante. Vraiment une partition écrite sur mesure.
    James Coco en meilleur ami gay et Joan Hackett en meilleure amie hétéro sont également excellents.

    Une bonne surprise que ce film, même si j'ai un sympathie instinctive malgré sa médiocrité pour le cinéma si américain adapté de Neil Simon.

    L'AACF

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    1. Je n'avais jamais entendu parler de Promises in the Dark. Mais j'ai toujours entendu dire soit beaucoup de bien de Only When I Laugh, soit beaucoup de mal (je ne prends pas au sérieux les citations aux Razzies, connus pour leur homo et transphobie notoires). Je suis instinctivement persuadé que je vais apprécier Marsha dans celui-là: pour le moment, je l'ai trouvée intéressante dans Cinderella mais n'ai pas du tout accroché à son jeu dans The Goodbye Girl. Donc balle au centre, et j'attends la suite, même si ton commentaire sur l'écriture "sur mesure" du rôle m'intrigue: son mérite est-il diminué?

      Par contre, comment as-tu fait pour voir le film? Je ne l'ai jamais trouvé en DVD, et quand je cherche sur Youtube, j'ai droit à tous les épisodes d'une série éponyme de la même époque...

      Pour ce qui est de Neil Simon, je n'avais jamais fait le rapprochement encore, mais je te rejoins sur la médiocrité des adaptations ciné: mon préféré reste de loin Barefoot in the Park (merci Mildred Natwick en mère divinement excentrique) mais c'est loin d'être un grand film en soi, The Heartbreak Kid, The Out-of-Towners et The Goodbye Girl transpirent eux aussi la laideur visuelle des 70's, et California Suite est... Brrrr.

      Sinon, tant qu'on parle des 70's, j'ai également suivi ta recommandation avec The Incredible Sarah. Surprise, c'est un film de 1976: c'est assez pauvre visuellement et ni les décors ni les costumes ne m'ont assez impressionné pour justifier une nomination. Glenda est évidemment très charismatique (sans blague!) mais c'est un rôle qu'elle aurait pu jouer dans son sommeil. Je me suis généralement ennuyé mais j'ai apprécié le début, lorsqu'elle refait deux fois son entrée pour faire une scène à sa mère qui n'est pas dupe!

      PS: ma gagnante de 1981 est Sissy Spacek dans Raggedy Man. J'attends de découvrir Marsha évidemment, mais plus j'avance dans l'année, plus Sissy parvient à résister contre vents et marées!

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  6. Ah la la ..., pour les cas d'urgence, j'ai gardé à la maison un magnétoscope et du coup j'ai acheté une VHS du film (pour 4 euros, je crois). C'est comme ça que je vais pouvoir voir la semaine prochaine la Grande Caravane avec Vera Ralston et Joan Leslie(film qui est cité dans une de mes bibles : High Camp I et II de Paul Roen - http://www.amazon.com/High-Camp-Guide-Cult-Films/dp/0943595541). Mon rêve serait d'écrire la version française de ces livres ... bref ...

    Neil Simon est un des grands noms du théâtre américain des années 70-80. Je ne vois pas trop à qui le comparer en France ... c'est une espèce de comique de boulevard, mais plus ambitieux, je pense. Je crois qu'il est toujours très populaire là-bas avec des compagnies jouant régulièrement ses grands succès. Marsha Mason était sa femme (The Goodbye Girl, Chapter Two et Only When I Laugh sont des adaptations ou des scénarios originaux de Simon) et j'ai l'impression que le rôle dont nous parlons est parfait pour elle, avec quelque chose de quand même très maniéré, très "mis en scène", très théâtral dans son jeu, mais qui va bien à la fois avec le style des dialogues et avec le personnage (comme tu le sais, une actrice de Broadway qui revient d'une cure de désintox'). Alors oui, je pense que son mérite est moindre, parce qu'elle n'était vraiment pas éblouissante dans Promise in the dark, qui était écrit dans un registre totalement différent, mais c'est le résultat qui compte (et en plus il est difficile d'être sûr de soi quand on parle de ça, ça n'est peut-être qu'une impression).

    J'ai vu trop peu de choses de 1981 (et pas Spacek encore) mais je suis curieux de voir Four Seasons, qui a bonne presse et Pennies for Heaven a également bonne réputation. Je ne sais pas si tu les as vus.) : je crois que Mason donne l'interprétation que j'ai préférée pour l'instant.

    Pour Sarah, je me suis ennuyé aussi, mais je sais que les conditions de visionnage ne me vont pas, j'ai tendance à papillonner, à rêvasser, quand je regarde un film sur youtube. En tout cas, je sais que j'ai apprécié certaines scènes (celle que tu mentionnes mais aussi les grosses crises de colère qui m'ont bien fait rire et puis, à titre de curiosité, les scènes théâtrales m'ont intéressé également, celle où elle joue Phèdre ou bien celle où elle répète Tartuffe). Je pense qu'on reste loin d'Isadora, qui me semble être une espèce de maître étalon du genre (mais je ne sais plus ce que tu penses du film).

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    1. Merci pour toutes ces précisions et hâte de te lire sur une version française d'High Camp!

      Pour 1981 je n'avais à vrai dire jamais entendu parler de Four Seasons... Pennies from Heaven ne m'a pas impressionné, Bernadette Peters non plus, mais ce sera à revoir à l'occasion.

      Enfin, j'ai toujours beaucoup aimé Isadora, mais soyons honnêtes: plus pour Vanessa Redgrave que pour le film en lui-même, qui est néanmoins très coloré et d'un esprit vraiment cinématographique (comparé à bien des choses de 1968...), en particulier dans les scènes de danse, ou dans la partie de croquet devant la gloriette. Bref, j'aime ce film, effectivement, à l'exception peut-être du scénario: je n'aime pas suivre un parcours dans son intégralité, j'aime mieux quand on choisit un moment-clef et qu'on essaie d'en faire quelque chose de novateur. Mais Reisz ne démérite évidemment pas, Vanessa encore moins! J'hésite encore entre elle et Joanne Woodward pour le prix.

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