samedi 28 novembre 2015

Inventaire 2014


Le mois dernier, je me suis enfin décidé à compléter mes lacunes les plus récentes parmi les films de 2014 manqués au cinéma. L'occasion pour moi d'établir un début d'inventaire avant d'oublier la moitié des titres lorsque viendra le temps de me pencher sur les remises de prix de l'année... dans dix ans! Pour info, je listerai les films selon leur date de sortie originelle, même si j'en compterai certains pour les remises de prix de 2015, à l'image de Little Chaos, sorti hors festivals un an après. Par contre, je m'excuse d'avance, mais j'ai vu énormément de navets pour cette année, mea culpa. Enfin, les paragraphes ornés d'une photo désignent les films qui constituent mon top 10.
[Mise à jour: 33 films vus en septembre 2017.]


Allemagne

Phoenix: écrit et réalisé par Christian Petzold, produit par Florian Koerner von Gustorf et Michael Weber, avec Nina Hoss, Nina Kuzendorf et Ronald Zehrfeld. Coécrit par Harun Farocki, d'après Le Retour des cendres d'Hubert Monteilhet.
Remarques: Je suis légèrement mitigé sur celui-là. J'ai indéniablement suivi l'histoire avec intérêt, mais je ne suis pas sûr d'avoir vu un grand film à la fin, malgré une conclusion en apothéose, excellente de tensions et de mise en scène inspirée. Nina Hoss est très bien à mesure qu'on apprend à connaître son personnage, mais celui-ci accepte si facilement les choses qu'elle se fait tout de même voler la vedette par Nina Kuzendorf et Ronald Zehrfeld dans une large partie du film. La fin, et ses talents de chanteuse, en font tout de même une candidate de choix pour une nomination, mais elle ne se démarque pas tout à fait de la masse des performances potentiellement nommables non plus.
Distinctions possibles: Nina Hoss.


Australie

The Babadook: écrit et réalisé par Jennifer Kent, produit par Kristina Ceyton et Kristian Moliere, avec Essie Davis.
Remarques: C'est très bien fait, mais je suis las de ces films d'horreur où l'on va crescendo dans la possession et où l'on est censé avoir peur, hélas sans succès. Essie Davis livre cependant une bonne performance, qui me touche peu mais qui révèle bien les travers d'un personnage pas franchement sympathique au fond.
Distinctions possibles: Essie Davis.


Belgique

Deux jours, une nuit: écrit et réalisé par Luc et Jean-Pierre Dardenne, coproduit par Denis Freyd, avec Marion Cotillard.
Remarques: Comme on pouvait s'y attendre, un film ultra réaliste mais contrairement à ses cousins français listés plus bas, je suis totalement captivé. Vraiment. Le scénario ne tourne jamais en rond bien que ce soit peu ou prou la même histoire d'une séquence à l'autre: Sandra réussira-t-elle à convaincre ses collègues? Chaque personnage a ses motifs propres, le suspense est à son comble à chaque porte, et l'on ne s'ennuie absolument jamais. Marion Cotillard est excellente, sans aucun effet, et chacun de ses regards en dit toujours très long: c'est un remarquable travail d'actrice qui apporte énormément à l'histoire. Dès lors, la nomination est assurée comme meilleure actrice, et je me demande honnêtement si dans l'état actuel des choses je n'irais pas jusqu'à nommer le film dans la catégorie la plus prestigieuse.
Distinctions possibles: film, frères Dardenne, Marion Cotillard, scénario.


Chine

Le Retour (歸來) (Guīlái): réalisé par Zhang Yimou, scénario de Zou Jingzhi d'après un roman de Gelin Yan, avec Gong Li, Chen Daoming et Zhang Huiwen.
Remarques: Un grand retour en forme de la part du maître chinois et de sa muse. D'aucuns reprochent pourtant au film sa relative fadeur politique au profit d'une histoire intime, mais les choix opérés me semblent au contraire judicieux: en se recentrant sur les conséquences de la dictature sur une simple famille, le tout en devient absolument bouleversant, en évitant chaque piège du mélodrame tout en faisant bel et bien sentir la portée politique du message, de façon discrète, à travers les détails du quotidien. L'histoire est ainsi captivante, la mise en scène inspirée, le montage éblouissant lors de la séquence de la gare, et le clou du spectacle, c'est bien entendu l'interprétation, notamment Gong Li, très convaincante et délicatement touchante en amnésique, et peut-être plus encore exceptionnelle dans les séquences précédant sa maladie: rien que son tout premier regard est extraordinaire à observer.
Distinctions possibles: film, Zhang Yimou, Gong Li, montage, musique.


Etats-Unis

Before I Go to Sleep: écrit et réalisé par Rowan Joffe, produit par Mark Gill, Avi Lerner, Liza Marshall et Matthew O'Toole, avec Nicole Kidman, Mark Strong et Colin Firth. D'après un roman de S.J. Watson.
Remarques: Aussitôt vu, aussitôt oublié, encore que ça se suive avec intérêt sur le moment. On sent en tout cas que c'est ultra mineur et l'on comprend pourquoi le film est passé totalement inaperçu, mais Nicole Kidman n'est pas mal en amnésique qui doit repartir à zéro à chaque réveil alors qu'elle mène une enquête.
Distinctions possibles: /


Big Eyes: réalisé par Tim Burton, écrit par Scott Alexander et Larry Karaszewski, avec Amy Adams et Christoph Waltz.
Remarques: Un film qui ne me faisait pas du tout envie, mais que j'ai réussi à voir par télévision. C'est comme prévu extrêmement médiocre mais cependant pas catastrophique, en grande partie grâce à Amy Adams, une actrice qui m'inspire généralement peu mais qui livre une honnête performance suscitant une certaine dose d'empathie pour l'héroïne, à laquelle on souhaite un dénouement positif. En revanche, Christoph Waltz cabotine tellement que c'en devient gênant. Quoi qu'il en soit, ce n'est pas recommandable, mais c'est moins pire que ce que la bande-annonce ou la filmographie récente du réalisateur auraient pu laisser croire.
Distinctions possibles: /


Birdman (or The Unexpected Virtue of Ignorance): écrit, produit et réalisé par Alejandro González Iñárritu, coproduit par John Lesher , Arnon Milchan et James W. Skotchdopole; avec Michael Keaton, Emma Stone, Edward Norton et Naomi Watts. Coécrit par Nicolás Giacobone, Alexander Dinelaris et Armando Bo, d'après une pièce de Raymond Carver.
Remarques: Je suis de ceux pour qui l'Oscar du meilleur film est plutôt mérité, en particulier pour cette mise en scène virtuose toute de plans-séquences, ce qui étonne de la part d'un réalisateur capable de pondre des choses comme Babel. Ceci dit, je ne me roule pas non plus par terre pour revoir le film avant longtemps, mais je peux absolument considérer des nominations pour Iñárritu, pour Michael Keaton pour qui la notion de "rôle de sa vie" semble avoir été inventée, et pour plusieurs seconds rôles: au moins Edward Norton pour sûr avec son portrait d'acteur imbuvable et autocentré, et peut-être pour Emma Stone et Naomi Watts, en fonction des places disponibles. J'ai également adoré le caméo de Lindsay Duncan en critique dépressive, mais elle a trop peu de temps d'écran!
Distinctions possibles: film, Alejandro Iñárritu, Michael Keaton, Edward Norton, scénario.


Boyhood: écrit, produit et réalisé par Richard Linklater, coproduit par Jonathan Sehring, John Sloss et Cathleen Sutherland, avec Ethan Hawke et Patricia Arquette.
Remarques: J'ai mis du temps avant de me décider à tenter l'expérience, n'étant pas du tout sûr au départ de pouvoir tenir près de trois heures devant des gens dont la seule préoccupation est de manger des frites et de s'habiller en t-shirt an quotidien. Pourtant, la surprise fut plutôt bonne, en grande partie grâce à la conception très originale du projet. Le seul défaut: une énorme erreur de casting pour le héros, puisqu'on part d'un gamin insipide pour aboutir à un jeune homme amorphe et inexpressif. Les parents sont en revanche très bien, et c'est très intéressant pour moi de découvrir ce que sont des parents considérés comme "normaux" par la société. Après, je sais que l'Oscar de Patricia Arquette reste controversé, certains arguant qu'elle ne fait rien de spécial, mais elle donne beaucoup de chaleur au film, et son dernier monologue où elle tente de pousser sa progéniture hors du nid révèle qu'elle est bien un personnage à part entière, et pas juste une mère aimante de soutien. Bref, un projet rare que je suis content d'avoir découvert même si les protagonistes ne me parlent pas du tout. J'aurais au moins nommé Richard Linklater comme réalisateur pour sa prouesse d'avoir créé un film très cohérent sur douze ans, et peut-être aurais-je également cité les parents comme seconds rôles. Vu le concept de départ, le montage reste aussi une catégorie non négligeable.
Distinctions possibles: Richard Linklater, montage.


Gone Girl: réalisé par David Fincher, produit par Ceán Chaffin, Joshua Donen, Arnon Milchan et Reese Witherspoon; avec Ben Affleck, Rosamund Pike, Carrie Coon et Kim Dickens. Scénario de Gillian Flynn d'après son propre roman.
Remarques: Ok, ça se suit avec un plaisir relatif, mais ça reste l'archétype du polar tout juste bon à faire frémir le lecteur du dimanche sur la plage abandonnée, ce qui ne me donne pas particulièrement envie de le revoir. Autrement, Rosamund Pike est captivante mais elle rate quelque peu son troisième acte, à cause d'une scène où elle parle de ses aventures devant sa maison, avec un geste de la main qui sonne archi faux. Certains rôles secondaires sont quant à eux assez croustillants, en particulier du côté de Carrie Coon en sœur émotive et concernée et de Kim Dickens en détective qui voit l'affaire lui échapper de plus en plus. Éventuellement des nominations pour Rosamund Pike et Carrie Coon mais j'ai finalement découvert bien plus intéressant depuis, même si le suspense reste assez bien mis en scène pour rendre le film au moins digne d'intérêt.
Distinctions possibles: Rosamund Pike, Carrie Coon.


Grace of Monaco: réalisé par maestrrrrro Olivier Dahan, écrit et produit par on s'en fiche, avec Nicole Kidman et Tim Roth.
Remarques: Ahem. J'ai vu ça à la télévision cet été, juste pour vérifier si c'était vraiment aussi apocalyptique qu'on le dit. Honnêtement, c'est tout juste bon à provoquer des choses pas propres sous la ceinture de Stéphane Bern, mais notons qu'à la différence de La Môme, le scénario se tient au moins à un laps de temps assez court, sans avoir à maquiller son actrice principale en momie pour ses vieux jours (le sujet ne s'y prêtait pas, certes). Mais ça n'a aucun intérêt: c'est bidon, l'on s'ennuie ferme, le récit est totalement linéaire avec pour seul but de faire défiler tous les grands noms de l'époque histoire d'amuser la galerie, et même Nicole Kidman échoue à dynamiser l'ensemble. La seule piste qui aurait pu m'intéresser, c'est celle avec la méchante belle-sœur qui complote dans le dos du prince, et encore.
Distinctions possibles: /


The Grand Budapest Hotel: écrit, produit et réalisé par Wes Anderson, coproduit par Jeremy Dawson, Steven Rales et Scott Rudin, coécrit par Hugo Guinness, avec Ralph Fiennes, Tony Revolori et plein de beau monde.
Remarques: je ne suis pas le plus grand fan de Wes Anderson, dont les univers décalés, qui devraient me parler très fort, m'ont tout de même toujours un peu déçu hormis pour les Tenenbaum, encore que celui-là reste un bon cru. A vrai dire, rien que les mots du titre me faisaient très envie, et même si l'histoire ou les personnages peinent à me captiver, les décors sont tellement merveilleux que l'éblouissement visuel est au rendez-vous: entre les tons pastels des chambres et le rose léger des boîtes à pâtisseries, chaque image ressemble à un gâteau qui met l'eau à la bouche. Dès lors, plein de citations sont à prévoir dans les catégories techniques, surtout pour les décors et la musique d'Alexandre Desplat, mais peut-être également pour les costumes, le maquillage, le montage et la photographie; tandis que le film reste un candidat de choix dans les catégories prestigieuses, au moins pour la mise en scène de Wes Anderson, parce que j'aime cette atmosphère d'Europe centrale, et pour l'interprétation de Ralph Fiennes, que j'ai très légèrement moins aimée la seconde fois malgré une réussite comique inégalable.
Distinctions possibles: Wes Anderson, Ralph Fiennes, photographie, décors, costumes, maquillage, musique.


The Homesman: écrit, interprété et réalisé par Tommy Lee Jones, produit par Luc Besson, Peter Brant et Brian Kennedy, avec Hilary Swank. Coécrit par Kieran Fitzgerald  et Wesley Oliver d'après un roman de Glendon Swarthout.
Remarques: Un western qui se tire une balle dans le pied à mi-parcours, en faisant disparaître l'un des deux protagonistes comme si de rien n'était, si bien qu'on a l'impression d'avoir deux films différents avant et après ce revirement inattendu. Mais la photographie reste bien travaillée, tandis qu'Hilary Swank donne probablement la meilleure performance de sa carrière, puisqu'elle parvient tout à fait à nous faire croire qu'elle est une future vieille fille pas attirante. Par contre, que vient faire Meryl Streep dans un caméo qui n'apporte rien à l'histoire? Le point fort: la musique de Marco Beltrami, qui présente peu de variations mais renforce parfaitement l'état d'esprit tragique des personnages.
Distinctions possibles: Hilary Swank, musique.


The Hundred-Foot Journey: réalisé par Lasse Hallström, produit par Juliet Blake, Steven Spielberg et Oprah Winfrey, avec Helen Mirren et Manish Dayal. Scénario de Steven Knight d'après un livre de Richard Morais.
Remarques: Argh. Je n'avais plus que deux jours pour convertir mes points de fidélité UGC, j'accompagnais un proche à un congrès, j'ai pris le premier truc venu en me disant: "tiens, Helen Mirren dans le Quercy, ça peut être sympa", et... je me suis fait avoir en beauté. Après coup, j'ai regardé les autres "œuvres" du réalisateur, tout ça pour réaliser que le type était l'auteur du nullissime Chocolat et de l'apocalyptique vidéographie d'ABBA. Bref, ça m'apprendra à aller voir un film juste pour l'actrice sur l'affiche, et ça me convainc surtout qu'Helen Mirren est une grosse arnaque depuis bientôt dix ans: adieu la composition, Helen Mirren se pointe dans un film pour manger une omelette et... c'est tout.
Distinctions possibles: /


Into the Woods: produit et réalisé par Rob Marshall, coproduit par John DeLuca, Marc Platt et Callum McDougall, avec Emily Blunt, Meryl Streep et compagnie. Scénario de James Lapine d'après sa comédie musicale de 1986.
Remarques: Un discours de départ plutôt alléchant, mais l'enchevêtrement des contes de fées choisis n'est hélas pas des plus heureux, avec certains personnages totalement sacrifiés qui n'ont même pas le mérite de servir de prétextes (Raiponce et son prince par exemple), tandis que ceux dont on se soucie le plus disparaissent au fur et à mesure sans laisser de traces, précisément au moment où l'on attend un dénouement à leur sujet, si bien que ne reste à la fin qu'une poignée de personnes totalement quelconques qui intéressent peu. Quoi qu'il en soit, Emily Blunt et Meryl Streep dominent la distribution mais leur intérêt décroît dangereusement au second essai, idem pour James Corden et Lilla Crawford qui restent corrects mais sans plus, tandis qu'Anna Kendrick a beau savoir très bien chanter, elle n'en reste pas moins absolument lisse et impersonnelle. Chris Pine me laisse quant à lui indifférent, et Johnny Depp est à nouveau une gigantesque catastrophe. Si le film se découvrait avec un plaisir relatif grâce à ses décors et aux deux airs attendus qui passent malgré tout très bien sur grand écran, Agony et Stay with Me, ça ne soutient hélas pas un second visionnage. C'est creux et décevant, sans rien de réellement fameux à célébrer.
Distinctions possibles: /


Magic in the Moonlight: écrit et réalisé par Woody Allen, produit par Letty Aronson, Edward Walson et Stephen Tenenbaum, avec Emma Stone et Colin Firth.
Remarques: Comme toujours depuis bientôt vingt ans, un nouveau Woody Allen, un nouveau fiasco. D'ailleurs, je n'avais même pas prévu d'aller le voir, mais pour ne pas faire le rabat-joie en soirée, j'ai finalement cédé. Evidemment, ça ne raconte rien, on devine le dénouement au bout de cinq minutes, Colin Firth télégraphie son texte sans lui donner de consistance particulière, Emma Stone en transe est ridicule, Marcia Gay Harden et Jacki Weaver frôlent la bêtise dans de minuscules caméos, et le seul point positif dans tout ça, c'est l'ambiance "Riviera des années 1920", somme toute agréable avec ces jolies villas en bord de mer.
Distinctions possibles: /


Maleficent: réalisé par Robert Stromberg, produit par Joe Roth, avec Angelina Jolie et Elle Fanning. Scénario adapté par Linda Woolverton, d'après Disney et Charles Perrault.
Remarques: Bon, je l'avoue, j'ai bien aimé Angelina Jolie dedans, malgré ses cent cinquante mille regards en coin pour bien signifier que "oulala, je suis censée te faire peur, mais au fond je suis gentille, attention!" Autrement, le film est d'une laideur sans nom, les effets spéciaux rendent les images translucides, les gnomes sortent de n'importe où parce que plus personne à Hollywood ne semble capable de faire un film fantastique sans caser des trolls tous les cinq mètres, les fées sont totalement crétines, Elle Fanning est insipide à pleurer, et le scénario, relativement séduisant dans sa lutte contre le patriarcat, manque cruellement de subtilité, sans compter que la bataille finale avec les pantalons en latex est un sommet de ridicule embarrassant. Bref, Angelina Jolie rend le tout à peu près regardable, mais autrement...
Distinctions possibles: Angelina Jolie.


A Most Violent Year: écrit, produit et réalisé par J.C. Chandor, coproduit par Anna Gerb et Neal Dodson, avec Oscar Isaac et Jessica Chastain.
Remarques: C'est un bon film, mais ce n'est pas franchement ma tasse de thé, de telle sorte que je n'ai pas grand chose à dire: l'histoire me parle peu, Oscar Isaac et Jessica Chastain sont corrects mais je ne décèle aucun génie particulier dans leurs performances, et la photographie était de mémoire réussie. Je suis vraiment navré, ça mériterait davantage de louanges, mais ce n'est pas un film pour moi, je ne sais qu'ajouter...
Distinctions possibles: à revoir.


Nightcrawler: écrit et réalisé par Dan Gilroy, produit par plein de monde, avec Jake Gyllenhaal et Rene Russo.
Remarques: Absolument pas mon style, mais c'est captivant. Une surprise très agréable qui tient constamment en haleine (jusqu'où ira le protagoniste?) et parodie excellemment le problème des chaînes d'info en continu. Jake Gyllenhaal livre un très bon exercice de composition, sans jamais rien appuyer hormis dans l'épisode du miroir, et il réussit parfaitement l'exploit de nous intéresser à un sociopathe n'ayant aucun problème avec son travail. Rene Russo est également très intéressante en femme sûre d'elle dont les fêlures sont très vite démasquées, et l'on regrettera seulement que dès qu'il s'agit de s'énerver dans l'école d'interprétation actuelle aux Etats-Unis, tout le monde se sente obligé de ponctuer ses phrases par des "goddam" et "fucking", ce qui colle toutefois bien au monde assez vulgaire de ces personnages. Mais vraiment, l'ensemble est contre toute attente passionnant.
Distinctions possibles: Jake Gyllenhaal, Rene Russo, scénario.


Selma: réalisé par Ava DuVernay, produit par Christian Colson, Dede Gardner, Jeremy Kleiner et Oprah Winfrey, avec David Oyelowo. Scénario original de Paul Webb.
Remarques: Désolé, mais je ne pense jamais retenter l'expérience, et je n'avais pas du tout aimé à l'époque. J'avais trouvé ça bâclé et bourré de clichés, et j'ai toujours pensé que le film aurait gagné à être peaufiné plutôt que de sortir en catastrophe dans le but de récolter des Oscars. Et vraiment, le montage lors des scènes de violence m'avait semblé très confus, tandis que les multiples ralentis sur les visages m'avait paru bien lourds, comme si la réalisatrice tentait de se chercher un style. A sa décharge, j'étais de mauvaise humeur ce soir-là, alors comment évaluer la part de mauvaise foi dont j'étais prêt à user à ce moment?
Distinctions possibles: /


Still Alice: écrit et réalisé par Richard Glatzer et Wash Westmoreland , produit par James Brown, Pamela Koffler et Lex Lutzus, avec Julianne Moore, Alec Baldwin et Kristen Stewart.
Remarques: Un film sur une déchéance physique qui peine à captiver, qui n'a nullement la force cinématographique d'un Amour ou la grâce d'un Away from Her, et dont le scénario écarte en partie la problématique la plus importante, en créant un personnage de mari pas franchement concerné. Julianne Moore est très bien au début lorsqu'elle lutte tout en étant encore lucide, mais après coup, ça devient une performance ultra technique peu inspirante, malgré un tout dernier plan frappant de justesse. Mais vraiment, Julie Christie en disait nettement plus avec moins de temps d'écran en 2007.
Distinctions possibles: /


The Two Faces of January: écrit et réalisé par Hossein Amini, produit par Tim Bevan, Eric Fellner, Robyn Slovo et Tom Sternberg, avec Viggo Mortensen, Kirsten Dunst et Oscar Isaac.
Remarques: Et bam! Encore un film où l'un des protagonistes disparaît sans laisser de traces à mi-parcours. Mais franchement, comment voulez-vous qu'on se passionne pour une histoire où dès que les personnages commencent à prendre de l'épaisseur, il faille passer à autre chose sans autre forme de procès? En outre, il y avait déjà assez de tensions dans la première partie pour développer un second acte très correct, sans avoir besoin de se priver d'un des membres du trio. La photographie donne en tout cas envie de voyager, et les costumes rétro sont distingués.
Distinctions possibles: costumes.


Wild: réalisé par Jean-Marc Vallée, produit par Bruna Papandrea et Bill Pohlad, coproduit et interprété par Reese Witherspoon. Avec Laura Dern. Scénario de Nick Hornby d'après Wild: From Lost to Found on the Pacific Crest Trail de Cheryl Strayed.
Remarques: Pour clore cet inventaire, encore un film que je ne regrette pas d'avoir vu, mais vers lequel j'ai peu de chances de revenir. Le point fort: Reese Witherspoon dans sa performance la plus réussie, où elle met bien en lumière les conflits qui se bousculent dans la tête du personnage. Comme je la trouve généralement sympathique et que je n'ai jamais de place pour elle dans ma liste, j'ai envie de mettre cette année à profit pour la nommer au moins une fois. Par contre, clairement déçu pour Laura Dern, pas à cause de son interprétation, à laquelle je n'ai rien à reprocher, mais à cause de son temps d'écran réduit au strict minimum. Dommage, car après sa nomination aux Oscars, j'avais imaginé que le rôle était plus conséquent.
Distinctions possibles: Reese Witherspoon.


France

Astérix: Le Domaine des dieux: écrit et réalisé par Louis Clichy et Alexandre Astier, produit par Philippe Bony et Thomas Valentin, avec la voix de Roger Carel. D'après René Goscinny et Albert Uderzo.
Remarques: Hum. Ça commence mal pour le cinéma français. Je n'ai tenu que vingt minutes: le rythme s'étend en longueur, les voix ne collent pas du tout aux personnages et je n'ai jamais beaucoup aimé l'univers d'Astérix en outre, encore moins l'album de départ qui nous occupe.
Distinctions possibles: /


Bande de filles: écrit et réalisé par Céline Sciamma, produit par Bénédicte Couvreur, avec Karidja Touré et Assa Sylla.
Remarques: L'intention de Céline Sciamma est toujours louable, en l'occurrence donner la parole à ceux qu'on ne voit jamais au cinéma, mais son approche à la limite du documentaire m'empêche systématiquement de rentrer dans ses films. Ici, j'ai l'impression d'être allé me promener une heure en banlieue, mais lorsque je vais au cinéma, j'ai besoin de m'évader, sans quoi je suis incapable d'apprécier une œuvre, quoique Deux jours, une nuit reste une divine exception. Néanmoins, le film a beau ne pas me toucher, ça reste très intéressant à décortiquer, ne serait-ce que pour donner enfin la parole à celles que l'on ne voit jamais au cinéma. Assa Sylla est quant à elle très prometteuse, tandis que la séquence "Diamonds" reste à juste titre un grand moment de mise en scène.
Distinctions possibles: Céline Sciamma.


Clouds of Sils Maria: écrit et réalisé par Olivier Assayas, produit par Charles Gillibert, avec Juliette Binoche et Kristen Stewart.
Remarques: Je suis très partagé sur celui-là. D'un côté, c'est captivant, de l'autre, j'ai constamment l'impression que le réalisateur ne sait pas trop où il veut en venir, à grand renfort d'effets se partageant entre usage abondant de musique baroque, de regards intenses et de nuages mystérieux. Mais à la fin, où arrive-t-on? Le sujet, honnêtement vu et revu, s'essouffle dès la première partie, et le twist final n'apporte rien à l'affaire. Autrement, Juliette Binoche est comme souvent au minimum intéressante, et Kristen Stewart signe un retour en grâce plutôt prometteur. Finalement, je ne suis pas mécontent d'avoir découvert ce film, mais je ne suis pas assez convaincu par une histoire beaucoup trop floue pour croire que l'ensemble soit réellement maîtrisé.
Distinctions possibles: /


Les Combattants: écrit et réalisé par Thomas Cailley, produit par Pierre Guyard, avec Adèle Haenel. Coécrit par Claude Le Pape.
Remarques: L'archétype du film français naturaliste jusqu'à l'extrême dans lequel je suis incapable de rentrer, même en faisant tous les efforts du monde. Dommage, car je soutiens Adèle Haenel depuis Naissance des pieuvres, et je suis sincèrement content qu'elle ait percé.
Distinctions possibles: /


Israël

L'Institutrice (הגננת) (Haganenet): écrit et réalisé par Nadav Lapid, avec Sarit Larry.
Remarques: Ç'avait l'air alléchant sur le papier, mais le résultat est franchement inconsistant, voire un peu glauque dans la mesure où l'on n'arrive jamais à se prendre de sympathique pour cette institutrice par trop déterminée. Je n'ai découvert ce film que récemment, mais il m'est difficile d'expliciter plus avant mon ressenti.
Distinctions possibles: /


Le Procès de Viviane Amsalem (גט - המשפט של ויויאן אמסלם) (Gett): écrit et réalisé par Ronit et Shlomi Elkabetz, interprété par Ronit Elkabetz et Simon Abkarian.
Remarques: Un peu déçu par ce film dont j'attendais beaucoup. Ça reste tout de même de qualité, en particulier grâce à un scénario brossant des portraits complexes sur fond d'extrémisme religieux, le tout à huis clos. Les deux acteurs sont également bons, quoiqu'un peu trop sur la même note à mon goût.
Distinctions possibles: scénario.


Mauritanie

Timbuktu: écrit et réalisé par Abderrahmane Sissako, produit par Etienne Comar et Sylvie Pialat, avec Abel Jafri. Coécrit par Kessen Tall.
Remarques: L'aspect documentaire est peut-être un peu trop prononcé pour me séduire, mais c'est très intéressant dans le détail, le film faisant bien sentir le poids des extrémismes sur une société paisible qui n'avait rien demandé. Les images des enfants jouant avec un ballon imaginaire sont attendues mais fonctionnent très bien en ce contexte, et l'on craint vraiment pour les personnages, notamment la dame aux vêtements multicolores que rien ne semble pouvoir affecter. Bref, j'aimerais nommer le film quelque part, mais je ne sais pas encore où.
Distinctions possibles: Abderrahmane Sissako.


Royaume-Uni

A Little Chaos: écrit, interprété et réalisé par Alan Rickman, coécrit par Jeremy Brock et Alison Deegan, avec Kate Winslet et Matthias Schoenaerts.
Remarques: Encore une douloureuse déception, celle-ci étant d'autant plus cruelle que ce chaos me faisait très envie sur le papier, entre jardins à la française, héroïne dépressive et cour flamboyante du Roi-Soleil. Hélas, le scénario ne conduit nulle part, s'égarant entre romance convenue, leçon d'histoire prémâchée avec les grands personnages du royaume défilant à la suite sans rien apporter à la trame principale, anachronismes pesants (le lever du roi filmé comme une pub Ricoré!) et soap opera de la pire espèce, avec rivale jalouse qui ouvre les vannes au sens propre comme au figuré. Peine supplémentaire, Kate Winslet n'a pas le centième du mordant qui fit sa renommée vingt ans plus tôt, et, affront suprême, Alan Rickman nous prive du plaisir de voir la brillante Jennifer Ehle en Montespan, en la reléguant à un glorieux caméo totalement improbable. Par bonheur, le film reste agréable à observer, mais surtout à écouter, la superbe partition de Peter Gregson me donnant de furieuses envies érotiques dans une orangerie printanière sous un ciel gris.
Distinctions possibles: musique.


Mr. Turner: écrit et réalisé par Mike Leigh, produit par Georgina Lowe, avec Timothy Spall, Dorothy Atkinson et Marion Bailey.
Remarques: J'ai apprécié les premières minutes grâce à l'éblouissement visuel et auditif créé par une superbe photographie qui pour le coup sert absolument le propos, de ravissants costumes et décors et une musique très agréable. Mais après ça, et quelle déception! Une fois l'effet de découverte passée, on se rend compte que ça ne raconte pas grand chose, et l'on s'ennuie ferme. En outre, c'est vraiment trop long. Timothy Spall et Marion Bailey ont pour leur part de bons échanges et mériteraient considération.
Distinctions possibles: photographie, décors, costumes.


Pride: réalisé par Matthew Warchus, produit par David Livingstone, avec Ben Schnetzer, Bill Nighy et Imelda Staunton. Scénario original de Stephen Beresford.
Remarques: Pour le moment, mon film préféré de l'année, cette rencontre improbable entre un syndicat de mineurs et une association LGBT étant l'une des choses les plus divertissantes que j'ai vues ces derniers temps. C'est à la fois drôle et touchant, l'histoire prend également bien soin de ne se focaliser sur personne afin de couvrir le plus de problématiques possibles à travers ces parcours très différents, et l'on comprend vraiment l'importance de faire entendre sa voix dans un système défavorable. En tout cas, je nommerais volontiers cette très agréable découverte comme meilleur film et comme meilleur scénario, mais je regrette que ce ne soit pas vraiment un film d'acteurs, bien qu'Imelda Staunton soit très cool, que Ben Schnetzer, Jessica Gunning et Faye Marsay soient des révélations prometteuses qu'il serait de bon ton de retrouver par la suite, et que Bill Nighy bénéficie de la plus jolie scène du film. Bref, le seul défaut dans tout ça, c'est que la bande-son m'a mis en tête cette horrible chanson disco qu'on entend à mi-parcours, ce qui est fort peu pratique pour s'endormir alors que ce refrain entêtant vous bourdonne dans le crâne...
Distinctions possibles: film, scénario.


The Theory of Everything: réalisé par James Marsh, produit par Eric Fellner, Tim Bevan et Lisa Bruce, avec Eddie Redmayne et Felicity Jones. Ecrit et coproduit par Anthony McCarten, d'après Travelling to Infinity: My Life with Stephen de Jane Hawking.
Remarques: D'accord, c'est moins pire que je ne l'imaginais et ça reste beau et soigné, avec plein de jolies images qui donnent envie d'en voir plus. Certes. Malheureusement, l'histoire n'a aucun intérêt: on raconte la vie de Stephen Hawking de A à V sans jamais prévenir quand on change d'époque (on est censé le deviner avec les nouveaux appareils, mais les personnages ne vieillissent pas), et finalement, c'est davantage un film sur le handicap qu'un film sur un esprit scientifique brillant. En effet, la science est à peine effleurée, sauf pour dire que la relativité est une patate et la physique quantique un petit pois (merci bien), de telle sorte qu'on tombe bel et bien dans le film ultra démonstratif et touchant calibré pour les Oscars. Ça ne veut pas dire que c'est mauvais, et ça se suit réellement sans déplaisir (les scènes avec Maxine Peake), mais à la fin ça n'est ni ambitieux, ni très intéressant. Eddie Redmayne se repose exclusivement sur le mimétisme mais a au moins le mérite d'ajouter un brin de malice dans ses regards, et c'est de toute façon le parcours de son épouse qui intéresse (vivra-t-elle enfin sa vie?), bien qu'on tombe dans l'un des thèmes les plus éculés de l'interprétation féminine destinée à finir aux Oscars. Felicity Jones n'est donc pas mal en soi, mais ça reste un rôle à clichés qui ne sort pas assez de l'ordinaire pour mériter distinction. Autrement, il est effrayant de réaliser qu'en une quinzaine d'années, Emily Watson est passée d'actrice de premier plan à figurante avec à peine plus de deux répliques par film...
Distinctions possibles: /


C'est tout pour le moment. Mais vraiment, 2014 m'inspire très peu. J'espère que les films majeurs de 2015 relèveront le niveau, quand on y aura enfin accès dans cinquante ans (sérieusement, pourquoi n'y a-t-il qu'en France qu'il faille attendre aussi longtemps pour voir les films américains? Brooklyn n'a toujours pas de date prévue ici à ce jour)... J'attends avec impatience Carol, Brooklyn et 45 Years en priorité, et j'aimerais également voir The Dressmaker, qui semble mal parti pour être distribué en Europe... Je me demande seulement si mon désamour pour le cinéma contemporain vient de moi ou s'il y a une vraie baisse de qualité. Mais il est vrai que j'ai de plus en plus de mal à me laisser emporter par un film de nos jours. Peut-être que j'aime trop les années 1930 et que la modernité m'intéresse moins.

Bonne soirée!

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