samedi 9 avril 2016

Top 10 : Classiques d'animation Disney

Depuis un an, je suis en train d'acheter tous les classiques Disney en DVD, histoire de me remémorer à quel point c'était bien d'être enfant dans les années 1990. En effet, si j'étais un tantinet trop jeune pour profiter de La Petite Sirène et La Belle et la Bête en salles, j'avais six ans au moment du Roi Lion et sept à la sortie de Pocahontas. Autant dire que chaque année fut l'occasion d'une orgie de Renaissance Disney, festival dûment complété par les VHS de tous les grands classiques antérieurs. Hélas, mon magnétoscope ayant rendu l'âme après vingt ans de bons et loyaux services, il m'était impossible récemment de regarder mes cassettes, d'où l'importance de les convertir en DVD! Si l'on se plaindra du massacre catastrophique des VF sur les nouveaux supports (RIP Blanche-Neige!), ces achats ont tout de même l'avantage d'avoir comblé mes lacunes les plus récentes, puisque j'avais décidé en 2000 que j'étais à présent trop grand pour voir des dessins animés au cinéma et avais honteusement tout snobé depuis les ennuyeux Dinosaures. Alors, après une quinzaine d'années sans Disney, il était temps de rentrer au bercail, et j'ai décidé de fêter ça avec un top 10. On n'y retrouvera peut-être pas les meilleurs opus, mais voici les dix pépites qui me touchent ou me divertissent le plus, avec le recul bienvenu de l'âge adulte:



10 ~ Tangled (2010)

Situé exactement entre les soporifiques et honteusement surestimées grenouilles et reine des neiges, Tangled vient d'acquérir à la surprise générale le statut envié de très agréable découverte, déjà regardée deux fois en moins d'un an, mais aussi de véritable bouffée d'air frais avant que les richissimes studios n'aient rien trouvé de mieux à faire que de jeter leur imagination aux orties afin d'enlaidir leurs vieilles histoires telle Maléfique, voire les balancer depuis la roche Tarpéienne comme la catastrophique Cendrillon de l'année dernière. Par ailleurs, la découverte fut d'autant plus plaisante parce que totale, car aussi étrange que ça puisse paraître, je n'avais jamais lu l'histoire de Raiponce avant de voir le film. J'ai beau avoir tous les livres de contes imaginables depuis l'Océanie jusqu'à la Norvège, Raiponce avait toujours échappé à mon radar, alors merci les studios Disney d'avoir changé la donne. Quoi qu'il en soit, j'aime beaucoup: l'héroïne a beau être l'archétype de l'adolescente contemporaine, elle a assez de personnalité et d'inventivité pour être absolument attachante, elle me fait penser à moi quand elle se roule dans l'herbe en proie aux hésitations les plus vives et, cerise sur le gâteau, elle chante avec les gentils brigands dans la taverne! Ajoutons à cela de très jolies images de lanternes au vent, un cheval qui remet le héros sûr de lui à sa place et une geôlière digne des plus grands rôles de comédies musicales, et le plaisir en augmente d'autant plus. Le bémol: les chansons du film sont hélas très oubliables.



09 ~ Bambi (1942)

Alors, dans Bambi, il ne se passe finalement pas grand chose: c'est l'histoire d'un faon qui vient au monde, qui découvre son environnement, en été, en automne, en hiver, au printemps... Qui grandit, tombe amoureux, apprend à se battre, à se protéger, etc. Une histoire d'apprentissage assez normale, en somme, n'était l'élément perturbateur excessivement choquant que tout le monde connaît, et qui fit entrer le film dans la légende rien que pour cette séquence traumatisante. A cela s'ajoutent de très jolis dessins d'animaux, mais surtout de fabuleux décors forestiers. Or, j'adore les forêts, et il n'est pas un weekend où je n'essaie d'aller à la campagne pour y errer. Dès lors, tous ces décors sont pour moi prodigieusement excitants: les sous-bois sombres à l'aube, les herbes hautes, la neige éclatante, les fleurs chamarrées printanières... C'est magnifique, et ça mérite d'être protégé. D'ailleurs, si le film me plaît autant, c'est que l'homme, invisible, en est le principal antagoniste, et je suis absolument ravi de voir les infâmes chasseurs enfin montrés sous un jour négatif. Il n'y a qu'à lire les réactions enflammées de l'époque pour comprendre que ce point de vue fit un tollé général, les pauvres choux agités de la gâchette, qui aujourd'hui encore n'hésitent pas à tirer sur les sentiers balisés et laisser des bouteilles derrière des souches, s'étant tous sentis insultés. Si ça ne tenait qu'à moi, on interdirait la chasse, on réintroduirait le loup dans nos forêts, et le monde tournerait mieux.

Bambi reste en tous cas un très beau dessin animé avec de charmants personnages: la mère très distinguée à la diction rassurante, Thumper (Panpan) espiègle amateur de fleurs de trèfle, Faline, la jeune compagne dynamique, Monsieur Hibou, râleur au grand cœur, et bien sûr Bambi lui-même, d'abord très timide et qui doit apprendre à s'affirmer au gré d'épreuves assez rudes. Les seuls bémols viennent de Fleur, soporifique de timidité, du Prince de la Forêt, pas franchement occupé par sa progéniture, et de la grosse lapine énamourée qui se prend pour Mae West! Malgré tout, le casting est éminemment sympathique, et si le rythme traîne un peu en longueur dans la première partie, les palpitations s'enchaînent après coup, jusqu'à cette bataille finale et cet incendie géant plus que jamais inquiétants. Relevons encore la très jolie partition de Frank Churchill, qui atteint des sommets lors d'un ballet de cerfs au galop.



8 ~ Alice in Wonderland (1951)

Les chœurs ouvrant le film, typiques des années 1950, sont malheureusement affreux, mais ça n'est pas un empêchement au plaisir, dieu merci! Les puristes regretteront pour leur part les infidélités de ton faites à l’œuvre d'origine, mais ça ne me pose personnellement aucun problème: on nage dans un imaginaire délirant qui se réinvente à chaque instant, et chaque séquence est l'occasion de découvrir de nouveaux personnages fous à lier dans des décors enchanteurs: la course ridicule du dodo autour d'un feu, le lapin en retard qui voit sa maison s'agrandir à son insu, les fleurs intolérantes, la chenille snob aux vapeurs colorées, l'oiseau crispant qui hurle au "serpeeeeeent!", l'arrivée martiale des cartes, la chanson des roses rouges, mais surtout le lièvre et le chapelier qui festoient au milieu de théières multicolores, le chat de Cheshire et la reine de cœur qui fait bander ses flamants roses, voilà qui reste tout à fait croustillant! On ne s'ennuie donc jamais avec Alice, qui n'a même pas le défaut d'agacer dans ses déconvenues, et les péripéties dans le labyrinthe sont toutes plus exquises les unes que les autres. A vrai dire, même la grande sœur est beaucoup plus cool que ses manières austères le laisseraient croire de prime abord.



7 ~ Sleeping Beauty (1959)

En revoyant enfin le film en DVD, je fus agréablement surpris de redécouvrir les sublimes décors médiévaux d'Eyvind Earle, car là où la VHS m'avait laissé un souvenir décevant avec des fées miniatures ayant juste des points noirs en guise d'yeux, le nouveau support m'a rappelé à quel point chaque image, jusqu'à la plus infime pomme de pin, reste travaillée avec un soin extraordinaire, ce dont témoignent les jolies couleurs de vitraux d'église. Vraiment, je viens de nommer le film dans la catégorie meilleurs décors, et ça pourrait battre Ben-Hur sans honte aucune, tant le travail est titanesque et d'une beauté sans égal. En revanche, je continue de faire des reproches à la musique, les chœurs fifties massacrant allègrement Tchaïkovski, dont le génie perce heureusement sous l'adaptation afin de renforcer l'émotion. Ce défaut excepté, l'atout suprême qui vaut à La Belle au bois dormant de figurer en septième position dans cette liste reste évidemment la méchante la plus classe de tous les temps, la divine Maléfique, incomparablement incarnée par Eleanor Audley et qui se moque si superbement des rois et des fées que l'on voudrait une comédie spécialement centrée sur elle! A noter que l'histoire, évidemment très sexiste, est également caduque: les fées sont supposées ne rien pouvoir faire contre leur ennemie et voilà qu'au bout de seize ans, il leur suffit d'ensorceler une épée pour résoudre l'intrigue. Tout ça pour ça? On aurait tellement préféré que Maléfique les endorme à tout jamais tant elles sont agaçantes, sauf la bleue, assez rigolote pour mériter de continuer à déverser son fiel à la cour! Dans tous les cas, c'est beau et plaisant, et Maléfique parvient si bien à nous immerger dans l'histoire qu'on lui pardonne totalement la passivité aberrante de l'héroïne.



6 ~ Pocahontas (1995)

Comme précisé plus haut, j'avais sept ans au moment de sa sortie en salles, et j'avais déjà une grande passion pour les forêts d'Amérique. Alors autant dire qu'on ne pouvait rêver meilleur timing! Les ciels roses et l'onde bleue sont ainsi encore plus enchanteurs que les décors de princesses, si bien qu'on oublie volontiers les ratés au niveau de la morphologie des personnages. De toute façon, le dynamisme et le courage de l'héroïne ont largement de quoi la rendre attachante, et sa force de caractère m'a toujours poussé à lui donner ma préférence sur toutes les autres égéries Disney des années 1990, même si l'on comprend pourquoi l'initiative de la faire tomber amoureuse du capitaine, alors que la véritable Pocahontas avait seulement une dizaine d'années, ait été descendue en flèche. Sans parler de cette vision très Indes galantes des habitants d'Amérique... On pardonnera là encore au film, car la réussite musicale est au rendez-vous afin de donner de multiples couleurs à cette histoire assez simpliste, qui a tout de même le bon goût de finir sur une note moins habituelle, et j'aime autant les airs martiaux de la Virginia Company que les grands accents romantiques de la conclusion. Dommage, en revanche, que les paroles sur nos amis la loutre et le héron soient du niveau de Chantal Goya, mais les mélodies d'Alan Menken sont si jolies qu'on pardonne tout, encore une fois, entre le dynamique Just Around the Riverbend et le sirupeux mais toujours merveilleux Colors of the Wind. Enfin, on ne saurait parler en bien de Pocahontas sans évoquer les animaux de compagnie les plus charmants de l'univers Disney, entre le chien grincheux, le colibri vivace et le raton-laveur coolissime qui n'en est pas à une bêtise près! Bref, Meeko est mon idole, à tel point que j'utilise toujours mes gants de toilette et serviettes de table Meeko au quotidien! Sauf lorsque je donne une réception...



5 ~ Fantasia (1940)

Nous entrons à présent dans le top 5, et si je ne classe Fantasia qu'à la dernière place en raison de son caractère de spectacle à tiroirs, je le tiens tout de même pour un gigantesque chef-d’œuvre où chaque décor est à mourir de ravissement. Ah! Les lignes célestes de la Toccata, les chardons russes et les flocons de neige de Casse-Noisette, les balais de l'Apprenti Sorcier, la lave incandescente et la terreur extrême du tyrannosaure du Sacre du Printemps, les vibrations chamarrées de la Piste sonore, les pégases, cascades et arcs-en-ciel de la Symphonie pastorale, le ballet des autruches de la Danse des heures, l'imagerie médiévale du macabre de la Nuit sur le Mont Chauve, et le bonus ultime d'un superbe bayou au Clair de Lune, voilà une avalanche de merveilles qui associent à la perfection d'élégants dessins à de vénérables adaptions musicales, en une véritable symphonie où l'image traduit à la perfection les airs des grands compositeurs. Fantasia est l'un des films qui m'ont le plus marqué enfant, et sa beauté à couper le souffle ne se dément jamais. A vrai dire, même la photographie de James Wong Howe quant aux musiciens de l'orchestre contient mille traits de génie. Si chacun de ces actes avait donné lieu à un long-métrage aux enjeux dramatiques, c'eût été d'une perfection absolue!



4 ~ Snow White and the Seven Dwarfs (1937)

Si la Belle et la Bête est généralement considéré comme le chef-d’œuvre de la période "renaissance", Blanche-Neige est objectivement le grand chef-d’œuvre de la période "classique", et peut se targuer d'avoir régné sur la franchise pendant une bonne cinquantaine d'années. Evidemment, les dessins sont très novateurs comparés aux affreux courts-métrages du début de la décennie, le style et les couleurs sont une révolution emblématique, et chaque décor est à se damner d'enchantement: le miroir magique, les treillis de la cour du château, la forêt aux doigts crochus, la chaumière sous les sapins, la mine de diamants, le cabinet des poisons... Tout l'imaginaire de contes de fées est là. Quelles merveilles! Mais Blanche-Neige est un film d'autant plus jouissif que ça reste avant tout un grand duel entre deux divas du Golden Age, l'héroïne ayant été calquée sur Janet Gaynor, d'où sa niaiserie palpable, et la royale antagoniste ayant les traits de nulle autre que la déesse Joan Crawford, ce qui explique qu'elle transpire de charisme et de méchanceté! Dommage qu'elle change radicalement de personnalité lors de sa métamorphose, car on image mal Crawford ricaner comme une mégère en allant vendre des pommes (mais bravo Lucille La Verne qui assure les deux voix!), sans compter qu'elle est un peu trop froide dans la première partie, alors que tout le monde sait très bien qu'une Crawford digne de ce nom aurait giflé sa bru avec un cintre en métal, au lieu de se contenter de la regarder méchamment! Et Maléfique est beaucoup plus cool par comparaison. Autrement, l'effort pour varier la personnalité des nains est payant, mais c'est également le plus gros défaut du film (outre son héroïne stupide), car les scènes comiques avec les habitants de la chaumière deviennent trop vite rébarbatives: entre les sacs à patates et les bulles de savon, on s'ennuie ferme et l'on attend vivement que la femme de ménage se fasse empoisonner! Mais les décors sont si beaux qu'on pardonne tout. Cerise sur le gâteau: la musique de Frank Churchill, si prodigieuse et dont chaque chanson est à juste titre devenue mythique.



3 ~ The Great Mouse Detective (1986)

Le plus méconnu des classiques Disney reste pourtant l'un des meilleurs. Et comme pour Blanche-Neige, il est particulièrement orgasmique d'imaginer que sous leurs dehors de rongeurs, les protagonistes qui se lancent dans un duel enflammé sont en fait Basil Rathbone et Vincent Price, celui-ci ayant même prêté sa voix au méchant professeur! Mais le meilleur dans tout ça, c'est que le sous-texte gay transpire à chaque seconde. Car s'il est impossible de mettre en doute l'homosexualité de Ratigan, qui danse comme un dieu, qui joue de la harpe telle une jeune fille de bonne famille, et qui surtout ne perd pas un instant pour caresser amoureusement les moustaches de son rival, il faut aussi être honnête et reconnaître que Basil n'est pas des plus hétéros lui non plus. Après tout, il garde sur sa cheminée le portrait de son grand ennemi qui lui fait les yeux doux, il ne regarde jamais aucune femme, ni la chanteuse de cabaret ni sa cliente éplorée de l'épilogue, et à force de vouloir se détruire mutuellement, les antagonistes laissent à penser qu'ils eurent une relation enflammée jadis, d'où leur obsession à tous deux. La chanson Goodbye, So Soon, non contente de ressembler à une danse en amoureux, est même franchement explicite: "You followed me, I followed you, we were like each other's shadows for a while"... Parce que c'était lui; parce que c'était moi.

Bref, tout cela m'émoustille au plus haut point, mais ce n'est pas tout. En effet, la musique d'Henry Mancini met dans de très bonnes dispositions dès l'ouverture; le ton plus sombre que d'habitude fait sortir des sentiers battus à travers la chauve-souris perverse et l'ivrogne sacrifié; le gros chien est adorable, le magasin de jouets très inventif, la parodie de Victoria hilarante; la séquence du bouge a un je-ne-sais-quoi de Dorian Gray et le suspense final sur les rouages et les aiguilles de Big Ben n'a rien à envier à Hitchcock. Basil contient donc tout ce qu'il faut d'action, d'humour et de romance ambiguë pour faire passer le plus exquis des moments, d'où une troisième place bien méritée, puisqu'il ne manque au film qu'un soupçon de prestige pour se hisser plus haut. Mais félicitons-le encore tout de même: c'est grâce au succès de l’œuvre que les studios se décidèrent à entrer dans leur phase "renaissance", et tant mieux. A noter enfin que le gros chat monstrueux s'appelle... Felicia. Etant donné le contexte actuel, je ris à m'en briser les côtes!



2 ~ Beauty and the Beast (1991)

Incontestablement le chef-d’œuvre moderne des studios, je gage que ce ne sera jamais égalé et que ça fera date pour encore longtemps. Il faut dire que tout est parfait, sauf encore une fois la soumission de l'héroïne, mais Belle est tout de même attachante; et de toute façon, le seul prologue et ses accords sombres et magiques sur une forêt profonde faisant place à d'effrayants vitraux indique qu'on se trouve devant un très grand dessin animé. La musique d'Alan Menken n'y est pas pour rien: La Belle et la Bête est aussi une grande comédie musicale où "Little Town" traduit bien l'ambiance villageoise, où "Be Our Guest" nous plonge en plein sous les projecteurs de Broadway aux multiples couleurs, et où la chanson-titre est traduite en images par une salle de bal où les ors le disputent au bleu profond d'un ciel étoilé: ça fait rêver! Mais le rêve cache également beaucoup d'obscurité, une obscurité effrayante pour qui a découvert le film à quatre ans, entre la forêt au crépuscule et l'apparition satanique de la Bête, dans l'ombre d'un château hanté. A vrai dire, on a beau connaître le dénouement par cœur, l'angoisse me saisit toujours à près de trente ans lorsque j'en reviens au début du film. Son principal défaut: ça manque de seconds rôles attachants. En effet, si Belle et la Bête ont assez de personnalité contrastée pour séduire malgré la situation misogyne, les objets du château sont quelque peu agaçants, quoique Angela Lansbury en personne soit là pour relever le niveau! Par contre, on jettera un voile pudique sur les habitants du village... Quoi qu'il en soit, le dénouement n'aurait jamais dû rendre ses traits humains au prince: on aurait voulu que Belle l'épouse malgré son abondante pilosité au lieu de le voir se changer en blanc-bec insipide! Dieu merci, comme ça n'arrive que dans les trois dernières minutes, on a le temps de ne pas trop s'en soucier, et les images de contes de fées sont si poignantes tout au long du film que le bonheur reste intact.



1 ~ The Hunchback of Notre-Dame (1996)

Eh bien voilà, contre toute attente, mon Disney préféré est celui que j'aimais le moins il y a vingt ans, en raison de son aspect sombre et de sa narration plus historique que féerique. Mais c'est tout l'inverse à présent, et je fais une fixation inquiétante dessus depuis que j'ai acheté le DVD. Evidemment, on est en droit de détester l'adaptation du texte, et l'on peut légitimement s'agacer de voir des personnages antipathiques se transformer en parangon d'amitié sur fond de romances sorties de n'importe où, mais je passe outre ces questions et confesse sans rougir la très forte séduction qu'exerce le film sur moi. Ça tient principalement aux graphismes: j'ai une inexplicable passion pour l'architecture médiévale, et l'on nage en plein fantasme ici: les maisons à colombages du Paris médiéval, les statues et vitraux de la cathédrale, les tours imposantes du palais de justice, les couleurs de la fête des fous, les flammes du désir, les catacombes et la cour des miracles... Voilà autant de choses qui m'excitent à un point inimaginable, bien qu'il faille reconnaître que cette adaptation n'invente rien: la fête des fous de 1939 était déjà une pure merveille même sans la couleur.

Autrement, le message de tolérance est plaisant et ferait bien d'être écouté par les ignares qui nous gouvernent et qui sont la honte de l'Europe, l'érotisme latent qui torture le juge donne une tonalité plus adulte à l'ensemble, et j'apprécie encore de retrouver les sympathiques Tom Hulce et Kevin Kline aux commandes, bien que ce soit Tony Jay qui domine la distribution avec le flamboyant "Hellfire", tandis que Demi Moore révèle qu'elle peut être bonne actrice... quand on ne la voit pas. Bref, on peut reprocher bien des choses à cette adaptation, mais pour un film visant un public essentiellement enfantin, ça me semble beaucoup plus intéressant que ces traditionnels contes de princesses passives, tous jolis soient-ils. L'anecdote amusante: lorsque Le Bossu est sorti en salles il y a vingt ans, les cinémas diffusaient Microcosmos au même moment, et juste derrière nous une vieille grand-mère hautaine expliquait à son petit-fils que c'était pour son bien si elle l'emmenait voir des histoires d'insectes, et non ces "dessins animés" qu'elle qualifiait d'adjectifs méprisants. S'inquiétant d'en être toujours aux bandes-annonces alors que Microcosmos était censé avoir commencé depuis un bon quart d'heure, la dame finit par demander l'heure de la séance à sa voisine, qui lui répondit: "Mais ici, c'est Le Bossu de Notre-Dame!" La vieille bique sortit en grommelant à mon grand amusement.


Voilà mon top 10. Pour le moment, on dit Notre-Dame en première place, mais ça n'a rien d'inamovible étant donné que La Belle et la Bête, Basil et Fantasia peuvent vraiment prendre la tête en fonction des humeurs. Pour finir, quelques remarques sur les classiques aimés et non retenus dans ma liste. On évoquera ainsi... Pinocchio (1940), sans doute le film le plus traumatisant de l'univers Disney, avec des antagonistes tellement pervers que la baleine Monstro passe à côté pour une bonne copine chez qui aller prendre le thé en toute sympathie. Mais les images du village, les jeux d'horloges, les fonds océaniques colorés et les amours du chat et du poisson rouge sont des plaisirs non feints qui me donnent quand même envie de revoir le film à l'occasion. The Sword in the Stone (1963), une histoire atrocement rébarbative sauvée par les fous rires d'Archimède, les métamorphoses de l'hilarante Madame Mim et le crétinisme du loup glouton. The Jungle Book (1967), où les dessins sont terriblement datés mais où les images de la jungle, la chanson "My Own Home" et la voix caverneuse du divin George Sanders en tigre aristocratique assurent à l'ensemble un précieux capital sympathie. The Aristocats (1970), qu'on résumera en ces mots cotillardesques: "C'est moi! C'est ma vie!", tant je me reconnais dans le personnage de Berlioz répétant son solfège! En outre, nous avons le 45 tours à la maison, et je ne compte plus le nombre de soupers où j'ai demandé à ma mère de passer la narration pour égayer le repas. Un seul regret: ne pas avoir de frères et sœurs à qui tirer la queue... Toujours dans les classiques anciens, citons encore Robin Hood (1973), où là encore les dessins ont très mal vieilli bien que le film comporte assez de jolis moments pour que j'en garde un bon souvenir, de la partie de badminton à l'évasion des sacs d'or.

Parmi les plus récents, je conserve également beaucoup d'affection pour... The Little Mermaid (1989), une histoire lente à se mettre en place et qui manque cruellement de personnages attachants, mais qui a l'insigne avantage de comporter plein de jolis calypsos aux paroles cependant douteuses, et une merveilleuse introduction qui donne envie de rentrer dans le film. Un effet pervers en revanche: j'étais inconsciemment amoureux du prince jadis, et j'étais alors persuadé qu'il existait réellement de jolis garçons qui soient également prévenants et distingués dans la vraie vie. L'apprentissage de la réalité fut rude... The Rescuers Down Under (1990), un très beau film avec de magnifiques images de l'Australie et un joli message antispéciste. Dommage que Bianca soit si irritante, mais Bernard qui agit malgré sa réserve est l'un de mes personnages favoris. Le Prince et le Pauvre (1990), un court-métrage intensément frais avec de belles images de neige et de palais, et un duel Mickey-Donald qui m'a beaucoup inspiré dans ma scolarité... The Lion King (1994), ou la Reine des neiges de ma génération: tout le monde ne jurait que par Le Roi Lion et c'était encore largement évoqué sept ans plus tard dans toutes les cours de collèges, avant que les épouvantables Pokémon, Harry Potter et Seigneur des anneaux ne prennent le relais, à mon grand désespoir. Quoi qu'il en soit, si les images de la savane restent fort colorées et si le héros reste vraiment attachant avant de grandir, cette parodie d'Hamlet sans personnage féminin consistant a tendance à m'ennuyer désormais, sans compter que les chansons du film sont des sommets d'abomination composés par cet horrible enfant gâté atrocement vulgaire dont le seul exploit aura été de faire passer Madonna pour une duchesse des plus distinguées. Autrement, j'aime aussi... Hercules (1997), où les personnages sont hideux mais où les couleurs de l'Olympe et l'alliance de gospel et de jardins antiques font passer un très agréable moment. Et enfin Fantasia 2000 (1999), une sélection très inégale où les baleines aériennes, le soldat de plomb et l'arche de Noé ont néanmoins de quoi faire largement rêver.

En enlevant Le Prince et le Pauvre à cause de sa durée, voilà mon top 20. Enfant, j'adorais Rox et Rouky mais j'ai été très déçu en le redécouvrant, La Belle et le Clochard et Cendrillon ont quant à eux un aspect fifties trop prononcé malgré des qualités, Les 101 Dalmatiens ont un graphisme atroce et l'on aurait préféré que Betty Lou Gerson ait de meilleurs graves pour mieux imiter Tallulah, tandis que Mulan a considérablement décru dans mon estime, même si j'y reste attaché dans une certaine mesure. Ah, et si vous m'aviez connu à quatre ans, je vous aurais dit que le plus grand film de l'histoire du cinéma était non pas La Passion de Jeanne d'Arc ou l'Impératrice rouge, mais... La Bande à Picsou: Le Trésor de la lampe perdue. Je rougis à peine... Et je sais que ce n'est pas un vrai classique, mais Picsou demandant à sa secrétaire de vendre son repas ou essayant d'attraper son chapeau mobile me faisait hurler de rire! Dommage que le film s'avère aussi raciste quand on le regarde avec des yeux d'adultes... Pour le reste, je n'aime vraiment pas, la palme revenant à Aladdin, un galimatias complètement raté qui ressemble davantage à un épisode de Disney Channel qu'à un film sorti sur grand écran.

Et vous, quels sont vos favoris?

2 commentaires:

  1. Ah, ah .. je pense que tu n'as pas vu La Source de feu d'Irving Pichel !

    Où est le rapport ? Et bien, avec Crawford et Katharine Hepburn, la méconnue Helen Gahagan est une des candidates sérieuses au rôle de modèle de la méchante reine de Blanche-Neige. Quand on voit le film, outre le physique de l'actrice, les tenues annoncent tellement celles de la reine que ça paraît très raisonnable.

    Mon Disney préféré ... Winnie l'ourson ! J'adore tout, le livre qui s'anime, les chansons, toute la poésie sur la fin de l'enfance ... il faut dire que je considère le roman comme un des chefs d’œuvres de la littérature enfantine. Ensuite, j'aime beaucoup La Belle au bois dormant, pour les décors essentiellement et certaines séquences (le gâteau d'anniversaire ...) et puis Bambi qui est une merveille d'animation. Enfin, les deux Fantasia, dont je ne me lasse pas et sans doute aussi le Noël de Mickey.

    Ce que je regarde le plus régulièrement, ce sont les courts métrages en fait.

    L'AACF

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    1. Si! J'ai vu La Source de feu après t'avoir vu l'évoquer sur l'inventaire 1935. J'avais complètement oublié l'existence même de ce film en postant cet article, mais il est vrai que la froideur et le maintien d'Helen Gahagan et ses costumes pour le moins serrés annoncent très clairement la méchante reine, bien que ça m'amuse davantage de l'imaginer sous les traits de Crawford. Apparemment, une statue de la cathédrale de Naumbourg aurait aussi participé à l'élaboration du personnage.

      J'adorais Winnie l'ourson, j'étais même abonné à un magazine dont il était le héros. Hélas, je ne l'ai pas revu depuis la maternelle...

      Dans La Belle au bois dormant, je n'aime pas trop la séquence du gâteau d'anniversaire, ou pour être plus exact, c'est une scène qui m'amuse pour l'usage de magie et les disputes entre la fée rouge et la fée bleue, mais c'est malheureusement la verte qui se charge du gâteau. Or, je ne supporte pas la fée verte, pour moi la véritable force maléfique de l'histoire à force de l'entendre parler d'amour et d'eau fraîche! Gnnnn! Rendez-nous Maléfique!

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