dimanche 22 janvier 2017

De nouveaux horizons.

Pour essayer de penser à autre chose, voici un petit tour d'horizon de ce que j'ai découvert récemment au cinéma.


Au royaume d'Edwige Feuillère

J'en rêvais, voilà qui est fait: j'ai enfin pu voir un bon nombre de titres qui me faisaient tous très envie et sur lesquels je n'aurais jamais pensé mettre la main de sitôt. Après son exceptionnel portrait de directrice lesbienne dans Olivia, qui lui vaut le précieux Orfeoscar de la meilleure actrice 1951 devant Vivien Leigh, la divine Edwige m'aura donc séduit dans trois nouveaux rôles, tous en costumes du XIXe siècle qui plus est. La Duchesse de Langeais (1942) est à mon avis sa deuxième meilleure performance après Olivia: elle y est légère et dynamique dans la première partie, dans un amusant jeu de séduction avec un marquis un peu raide, avant de révéler avec un savant mélange de jeu subtil et de diction parfaite comment l'héroïne se retrouve prise au piège de sa propre intrigue, le tout pour finir sur une note imposante et quasi mystique. Cette œuvre de Jacques de Baroncelli n'est qu'un bon film, sans plus, mais je suis ravi de la découverte. Dommage qu'Edwige manque de peu le top 5 de l'année avec cette performance... Dans L'Idiot (1946), un film de Georges Lampin parfois légèrement pesant mais aéré par de jolis costumes et décors extérieurs, la comédienne s'avère extrêmement charismatique dans le rôle de la scandaleuse Nastassia, en particulier pour son mordant envers la bonne société pétersbourgeoise qui la méprise ouvertement, sans que je sois ébloui par sa prestation autant que par son jeu précis d'Olivia ou de la Duchesse. Enfin, le sublime Aigle à deux têtes (1948) de Jean Cocteau lui offre encore un grand rôle où triompher, entre charisme impérieux, jeu intrigant sur une folie assumée, et sentiments tragiques envers l'ennemi à abattre, malgré une performance peut-être un peu trop théâtrale dans le détail. Le film brille également par ses décors, ses costumes et son ambiance austro-hongroise raffinée, mais on est quand même loin des hauteurs de la Belle et la Bête.

Au programme cette semaine: De Mayerling à Sarajevo, que j'ai enfin sur mes étagères!



Parmi les autres films français découverts récemment, Les Visiteurs du soir (1942) de Marcel Carné est un incontournable à la hauteur de sa réputation. Pour moi qui n'avais pas trop aimé Les Enfants du paradis, je suis franchement conquis cette fois: les décors et costumes sont à se rouler par terre, la photographie nous envoie dans un monde féerique et médiéval particulièrement excitant, et le scénario regorge de rebondissements tous plus créatifs les uns que les autres. Je regrette simplement que le jeu sur l’ambiguïté de Dominique ne soit pas davantage prolongé, alors qu'il aurait été divin de détailler le trouble des hommes à son égard avant qu'elle ne révèle sa véritable nature, mais quoi qu'il en soit, le film n'en reste pas moins un chef-d’œuvre. Il y a peut-être quelques longueurs ça et là, mais chaque séquence reste hypnotique, et je suis encore très agréablement surpris par Arletty, dans un rôle qui lui demande surtout de rester sur la même note, mais où elle se révèle d'une présence foudroyante même en ne faisant rien, et où elle étonne en émissaire distinguée à des lustres de ses personnages gouailleurs plus habituels. Les autres comédiens sont nettement moins marquants, à l'exception de Jules Berry qui en fait néanmoins beaucoup trop dans le rôle du Diable. Mon dernier regret sera finalement la disparition de Louison, la servante supposément laide rendue belle par magie, et dont on ne connaîtra jamais les démêlés sentimentaux alors que le soupçon d'estime qui aurait pu se nouer entre elle et le montreur de nains aurait pu donner lieu à un grand second rôle. Dans tous les cas, quelle que soit la lecture que l'on souhaite faire du film (certains y voient une parabole sur la situation politique de l'époque malgré le démenti du réalisateur, mais la stricte histoire fantastique se tient très bien en elle-même à mon goût), il y a beaucoup à admirer. Même la musique est parfaite, avec la sublime ballade médiévale Démons et Merveilles, que je ne connaissais pas! L'un de mes collègues avait jadis chanté La Complainte de Gilles, mais je n'avais jamais entendu parler des autres airs. Qui l'eût cru?

Par ailleurs, j'ai également vu La Nuit fantastique (1942) de Marcel L'Herbier, une irrésistible comédie où se mêlent de savoureux décors (les dés gigantesques, les cheminées du toit!), des personnages croustillants (Saturnin Fabre en tête), une intrigue dynamique, une bonne performance de Fernand Gravey, et une très jolie Micheline Presle dans l'un de ses premiers rôles. Je ne crie pas au chef-d’œuvre, mais c'est hautement recommandé.



L'empire du soleil levant

Je me suis également consolé ce mois-ci en ajoutant trois nouvelles découvertes japonaises au compteur. Nous citerons d'abord Pauvres Humains et ballons de papier (1937), un film de Sadao Yamanaka situé au XVIIIe siècle, et montrant le quotidien de petites gens dans un quartier pauvre, dont un samouraï au chômage. Culturellement, c'est passionnant, car le scénario démythifie le trope du vaillant samouraï, et ce dans un contexte politique sous haute tension alors que le Japon s'apprêtait à envahir l'Asie. Mécontentes, les autorités gouvernementales ont voulu punir Sadao Yamanaka de son manque de patriotisme en l'envoyant au front en Chine, transfert qui lui fut hélas fatal. Son film est heureusement passé à la postérité. J'aurais simplement voulu aimer davantage, mais c'est excellent en l'état même si ça me touche peu. Les deux autres films de cette rétrospective sont du célébrissime Yasujirō Ozu. Par ordre chronologique, nous trouverons Une Auberge à Tōkyō (1935), dont la réputation de précurseur du néo-réalisme italien me faisait un peu peur, mais qui se révèle effectivement très bon, mais surtout vraiment émouvant. On y suit le parcours de chômeurs laissant naître des sentiments entre eux, tandis que leurs enfants se lient d'amitié tout en courant après des chiens errants afin de gagner de quoi dormir sous un toit. La photographie, la musique et l'interprétation sont hors de tout reproche, et je pense même avoir enfin trouvé ma lauréate pour le prix du second rôle de l'année*: la passionnante Yoshiko Okada, que j'avais déjà appréciée dans Une Femme de Tōkyō et qui met la barre encore plus haut ici en incarnant la pauvreté avec une grâce miraculeuse, avant de briser les cœurs dans une grande scène de confessions. Pour finir, Une Poule dans le vent (1948) est étonnamment similaire à l'Auberge par son portrait de la misère économique, par son thème de la prostitution visant à sauver sa progéniture, et par ses décors de friches industrielles comme seule ligne d'horizon. L'immense Kinuyo Tanaka est extrêmement bien distribuée dans ce rôle de mère-courage, et marque d'autant plus les esprits parce qu'elle bénéficie d'un premier rôle malgré un personnage peu innovant, mais ce n'est pas la performance que je préfère dans sa carrière, toute parfaite soit-elle. Shūji Sano est également très bon dans le rôle du soldat sur le retour, de même que la voisine pas née de la dernière pluie, mais malgré tous ces bons aspects à son actif, ce film est loin d'être le fleuron de la filmographie du maître. 

A venir: L'élégie d'Osaka et Les Sœurs de Gion, deux films de 1936 du brillant Kenji Mizoguchi, avec Isuzu Yamada en premier rôle. L'occasion de découvrir l'actrice autrement que par sa fascinante Lady Macbeth du Château de l'araignée.



L'union des caméras soviétiques

Parfois, je ne suis pas loin de penser que le cinéma soviétique a donné au monde ses plus grands chefs-d’œuvres, entre La Terre de Dovjenko, Ivan le Terrible d'Eisenstein, Quand passent les cigognes de Kalatozov, Andreï Roublev de Tarkovski, Sayat Nova de Paradjanov et d'autres grands films comme Le Cuirassé Potemkine, Alexandre Nevski, Le Sel de Géorgie ou encore La Lettre inachevée. Et pourtant, l'on n'est jamais au bout de ses surprises avec ces pays-là, comme en témoignent les trois découvertes extraordinaires que je viens de faire cette semaine. Prenons L'Homme à la caméra (1929) de Dziga Vertov, un documentaire tellement novateur que rien ne devrait m'arrêter de le couronner comme meilleure œuvre de l'année, tant font mouche son découpage moderne, sa photographie inventive, et ses scènes de vie quotidienne foisonnantes de ce monde méconnu. Trente ans plus tard, voici Le Destin d'un homme (1959), mis en scène et interprété par Sergueï Bondartchouk, un grand film de guerre aux images saisissantes des champs de bataille et des camps de concentration, avec notamment ce plan terrifiant de cheminée voyant converger des lignes de foule en son centre. C'est souvent très dur même si je n'arrive pas à crier totalement au chef-d’œuvre absolu. En vérité, mon plus gros coup de cœur du mois, c'est L'Ascension (1977) de Larissa Chepitko, preuve que ce sera finalement bien une dame qui aura su réaliser le film de guerre le plus parfait qui soit. Car tout est parfait ici: le noir et blanc isolant les protagonistes dans la forêt, les notions de bien et de mal dissimulées chez tous les personnages malgré leurs parcours très différents, la dimension religieuse de la fameuse ascension donnant son nom au titre, l'angoisse oppressante qui ne retombe jamais, et le génie certain dans l'art de distribuer les rôles, entre le visage christien de Boris Plotnikov, le contre-emploi d'Anatoli Solonitsyne en collaborateur nazi, et la beauté tragique des deux femmes emprisonnées par erreur. M. Plotnikov me fascine à chaque plan, se fendant en outre d'une bonne voire très bonne performance, et ce pour un premier rôle, mais Vladimir Gostioukhine livre également une prestation admirable bien que j'y sois moins sensible. L'usage de la neige est également parfait: je n'ai vraiment rien, absolument rien, à reprocher à un chef-d’œuvre aussi précis et émouvant.

A suivre: La Ballade du soldat et La Dame au petit chien, avec dans le meilleur des cas enchaînement sur l'intégralité des films de Tarkovski. Va y avoir du boulot!



Pour rester dans le monde soviétique, je me suis également lancé dans la découverte des courts métrages de Iouri Norstein. Si La Renarde et le Lièvre (1973) se révèle enfantin quoique merveilleux avec son animation digne des plus grandes broderies slaves, et si La Cigogne et le Héron (1974) finit par devenir trop répétitif en seulement dix minutes, Le Hérisson dans le brouillard (1975) est en revanche à la hauteur de sa réputation avec son héros touchant et ses images angoissantes, tandis que Le Conte des Contes (1979) est une merveille d'histoire et d'émotions comme on n'en a rarement vu, avec ces détails de la vie russe au XXe siècle observés par un louveteau captivant.



La république des courts métrages

Dans la foulée, j'ai également commencé à déblayer la terra incognita des courts métrages, avec au moins trois chef-d’œuvres venant s'agréger aux Conte et Hérisson de Iouri Norstein, dont Ménilmontant (1926) de Dimitri Kirsanoff, dont je ne sais pas trop comment parler bien que ce soit tout simplement extraordinaire dans la grâce et le sordide; A propos de Nice (1930), de Boris Kaufman et Jean Vigo, bien meilleur à mon goût que l'Atalante, et captivant avec ses danseuses et sa vacancière nue privilégiées; et Meshes of the Afternoon (1946) d'Alexander Hammid et Maya Deren, un film si moderne et complexe qu'on dirait du Lynch avec quarante ans d'avance. De ces mêmes auteurs, j'ai également vu The Private Life of a Cat (1944), un documentaire émouvant avec des bébés chats, de quoi contraster grandement avec la silhouette sans visage et les obsessions morbides de Maya Deren deux ans plus tard! Au programme également, le célébrissime Neighbours (1952) de Norman McLaren, une critique osée des conflits et de la société et un montage très moderne pour l'époque, même si je n'irai pas crier à la perfection. Dommage que la scène la plus novatrice du film, celle incluant femmes et enfants, ait été coupée pour les spectateurs d'alors. Il me reste encore une dizaine de courts métrages à évoquer, mais je suis à court d'inspiration et m'arrête là. Bonne soirée!

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* Françoise Rosay est vraiment trop importante dans La Kermesse héroïque malgré la dimension quasi chorale du film, et je ne suis plus assez à l'aise avec l'idée d'honorer Miriam Hopkins pour quelque chose d'aussi over the top que Becky Sharp, même si c'est délicieusement bien joué dans ce registre.

Destruction.

Je n'ai plus la motivation d'écrire ces temps-ci. La raison est simple: comme chaque année, je me suis forcé à rendre visite à ce qu'il faut bien appeler mon père, et comme chaque année, j'en ressors anéanti.

Je n'aime pas me plaindre, et l'on m'a toujours appris à garder sa douleur pour soi, mais je suis dans un tel état d'angoisse à l'idée de retourner le voir sous peu (parce que je ne sais pas dire non), que j'ai besoin d'écrire pour tempérer ma peur, quitte à supprimer ces mots dans quelques heures.

Dans les grandes lignes, mon père est un homme violent, doublé d'un pervers narcissique, et comme si ça ne suffisait pas, il est bien entendu raciste, misogyne, obsédé sexuel, intéressé par son seul profit, méprisant envers les pauvres et plus encore envers les handicapés. A plusieurs reprises dans mon enfance, il m'a attrapé par le col pour me lancer contre des meubles, et malgré le traumatisme, je crois que la douleur physique fut la moindre des souffrances qu'il m'a infligées: il faut également compter le déluge d'humiliations publiques ou privées qui avaient réussi à transformer le garçon souriant et spontané que j'étais en adolescent complexé, ou encore l'absence totale de sentiment d'être aimé, ou ne serait-ce que soutenu, puisqu'il a toujours refusé de partager les frais avec ma mère, qui m'a élevé seule. Quitte à redoubler de cris et de violence contre nous pour nous empêcher de déposer une plainte que nous n'aurions de toute façon jamais pu nous résoudre à porter, puisque nous ne savons pas nous battre pour nos droits.

Et même quand il était d'à peu près bonne humeur avec moi, il m'a fallu endurer de le voir reporter sa violence physique et verbale contre d'autres personnes en ma présence, de quoi rendre infernaux les deux weekends de chaque mois où j'étais tenu d'y aller. J'ai notamment dû supporter de le voir jeter une encyclopédie à la tête de sa sœur, avant de lui donner un coup de poing au sommet du crâne, sachant que ce coup-là était à l'origine réservé à ma grand-mère et que ma tante s'était interposée in extremis pour le prendre à sa place.

Bien sûr, il est difficile de comprendre pourquoi je me sens encore obligé d'aller le voir une fois par an alors que je suis majeur depuis déjà dix années (et dieu sait si j'attendais mes 18 ans avec impatience dans l'idée de couper tout contact avec lui). Mais c'est en fait plus facile à dire qu'à faire. Car à chaque fois que j'ai tenté de couper les ponts, il m'a harcelé, harcelé jusqu'au point de non retour, allant jusqu'à me suivre dans des lieux où il n'aurait jamais dû se rendre, et s'ingéniant à réveiller ma mère ou mes grands-parents maternels en pleine nuit jusqu'à ce que je finisse par céder. Finalement, il était plus tranquille pour tout le monde que j'accepte de le voir un minimum plutôt que subir ce harcèlement.

Ce qui nous mène en ce début d'année 2017. Après avoir enlevé mes chaussures, j'ai marché sur de petits objets désagréables. Il s'agissait de petits éclats de bouteille de verre qu'il avait lancé la veille sur sa femme. La bouteille lui est passée à deux centimètres du visage pour venir se briser contre un mur, se vaporisant en mille morceaux qui n'avaient pas tous disparu bien qu'il ait forcé son épouse à faire le ménage avant mon arrivée. Plus tard, après l'avoir battue à coups de chiffons pour la forcer à nettoyer, il l'a poursuivie dans la rue en lui criant injures racistes et obscénités. Nul dans le quartier n'est intervenu, si bien qu'elle a dû dormir dans sa voiture car elle n'avait pas d'endroit où aller sur place, et parce que mon géniteur a refusé de lui ouvrir avant le matin. Une fois calmé, il s'est excusé de s'être "énervé" et considère que "l'incident" est clos.

En novembre 2015, j'avais réussi à le gifler violemment pour lui reprocher d'avoir passé sa vie à tenter de me détruire. Il était resté glacial et m'avait dit que j'exagérais ses torts avec le recul, concluant qu'il ne se souvenait même pas m'avoir jeté contre des meubles jadis et que ce ne devait donc pas être grave. Comme bien des pervers narcissiques, il avait en fait réussi à retourner la conversation à son avantage, m'obligeant à me sentir coupable moi-même de lui faire ces reproches. En repartant, j'avais pensé à plusieurs reprises jeter ma voiture contre un obstacle tellement je me sentais mal.

Il faut se rendre à l'évidence: ma mère ne s'est jamais remise de son mariage et tremble encore dès qu'elle entend sonner à la porte ou au téléphone (notons d'ailleurs que mes grands-parents paternels ont témoigné en faveur de ma mère lors du divorce). Mon grand-père était tellement sidéré par le comportement de son fils qu'il étouffait de plus en plus, ce qui a fini par l'expédier dans la tombe seulement six mois après avoir pris sa retraite. Ma tante n'a pu commencer à s'épanouir qu'à cinquante ans tant les angoisses causées par son frère l'ont étouffée elle aussi. Au bureau, trois de ses secrétaires ont démissionné après avoir sombré dans la dépression, et la plus résistante fait régulièrement des crises d'eczéma. Et là, je ne parle vraiment que des grandes lignes: je vous laisse imaginer jusqu'où ça peut aller dans le détail.

Alors voilà, pour éviter de nouvelles crises, ou de nouveaux esclandres, j'ai accepté de retourner le voir sous peu, mais même l'idée de la visite la plus furtive du monde m'est insupportable. D'où mon besoin d'en parler aujourd'hui. Je n'aime pas parler de moi, mais j'atteins un état de stress tel qu'il m'est impossible de rester silencieux cet après-midi.

Le plus frustrant: il y a six ans, au moment où je m'y attendais le moins, un médecin m'a appelé juste avant que j'entre dans une salle de cinéma avec ma meilleure amie. Il m'a dit que mon père venait de faire un AVC et qu'il me fallait aller d'urgence à l'hôpital pour le voir, car il y avait de fortes chances pour que ce soit la dernière fois. J'étais sincèrement heureux bien que troublé. Mais voilà: je suis allé à l'hôpital, je l'ai vu parfaitement conscient avant d'entrer en salle d'opération, j'ai vu les médecins me dire de ne pas m'inquiéter car il était entre de bonnes mains, et j'ai parfaitement senti à ce moment-là que rien ne serait fini. J'ai pourtant pleuré de le voir très diminué après coup, car l'image reste terrible même si l'on n'a pas d'estime pour la personne. Mais au bout d'une semaine, il avait déjà retrouvé l'usage de ses bras... pour mieux lancer au visage de ma grand-mère les cadeaux que celle-ci venait de lui apporter. En attendant, deux anciens camarades de classe ont perdu leurs pères cette année: deux hommes très gentils. Le mot injustice ne m'avait jamais autant fait mal que maintenant.